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  • Geronimo, le poids de l’Histoire par Walter Hill

    Geronimo, le poids de l’Histoire par Walter Hill

    Le projet GERONIMO a longtemps traîné à Hollywood. Walter Hill en prend les commandes dès 1989 avec un script écrit par John Milius, le réalisateur de CONAN LE BARBARE. Mais de nombreux rebondissements auront raison du projet pendant quelques années.

    Le renouveau du western

    Le chef indien Geronimo est une véritable « légende américaine ». Son histoire fut autrefois racontée dans GERONIMO LE PEAU ROUGE réalisé en 1939 par Paul H.Sloane ou encore dans GERONIMO d’Arnold Laven en 1962. Une époque où le western prospérait avec ses archétypes, son manichéisme et ses gentils cow-boys. Trente ans plus tard, les choses ont changé. Le méga carton de DANSE AVEC LES LOUPS passe par là et modifie le paysage hollywoodien. Le chef-d’oeuvre de Clint Eastwood, IMPITOYABLE, en rajoute une couche. Le western est désormais crépusculaire et plus réfléchi, s’attachant notamment à être plus nuancé et humain.

    L’impressionnant Wes Studi

    D’un seul coup, ce genre désuet revient à la mode (TOMBSTONE, MORT OU VIF, MAVERICK), mais le succès n’est pas toujours au rendez-vous. Walter Hill, lui, ne lâche pas GERONIMO. Après ses différends sur la production de THE SHADOW qu’il devait réaliser (il sera remplacé par Russell Mulcahy), le cinéaste revient définitivement sur GERONIMO pour lequel son ambition est grande. Peu de temps après le début de la pré-production, Wes Studi est choisi pour incarner le rôle titre, un choix mûrement réfléchi par Hill comme il l’expliquait en 1993 lors de la sortie du film. « Il y avait quelque chose de plus en lui… Wes avait déjà tourné des films avant, mais n’avait jamais tenu un rôle de cette ampleur. J’aurais pu prendre quelqu’un de plus ressemblant au véritable Geronimo, mais lui transcendé réellement le personnage. Même dans mon imagination la plus folle, je n’aurais pas pensé qu’il serait aussi bon. ». La prestation de Studi est en effet magnifique, incarnant un homme écrasé par l’Histoire qui s’est mise en marche. À ses côtés, on retrouve un casting de poids, avec Gene Hackman, Robert Duvall et même un tout jeune Matt Damon.

    Un échec critique et public

    Dans son ensemble, le cinéma de Hill est plus pertinent qu’on ne le pense. Sous ses apparats de cinéma « viril », il y a souvent eu beaucoup de réflexion derrière ses oeuvres. GERONIMO expose les faits réels sans rien enjoliver. Il y a ici une tentative d’être précis par rapport à l’Histoire et l’ensemble fonctionne globalement bien même si quelques trous d’air narratifs noircissent parfois le tableau, mais on rend ici un visage humain aux Indiens. Ou quand le western, ce genre américain par excellence, veut rééquilibrer les rapports historiques.

    D’ailleurs, en terme de comparaison, on peut rapprocher le récent HOSTILES de Scott Cooper avec ce GERONIMO. Les remises en question des soldats américains, la place primordiale des Indiens, l’émotion aussi… En 1993, Walter Hill désarçonne les critiques qui le jugent mal tandis que le public le boude (18 millions rapportés pour 50 millions de budget). Le cinéaste sera marqué par cet échec, mais poursuivra sa carrière avec une autre figure de l’Ouest : Wild Bill.

  • Critique de CIVIL WAR

    Critique de CIVIL WAR

    Romancier, scénariste et réalisateur, Alex Garland est un homme à tout faire qui a souvent écrit des oeuvres percutantes qui font naître le débat. CIVIL WAR est de celles-là, comme l’étaient ses trois précédents longs-métrages.

    En plein tumulte

    Précédemment, Garland a donc mis en scène EX MACHINA qui questionnait l’intelligence artificielle d’une manière singulière. ANNIHILATION était une SF conceptuelle qui a profondément divisé le public et les cinéphiles. Puis, MEN, sorti en 2022, qui mettait en avant un parcours féminin saisissant qui n’a pas obtenu le succès qu’il méritait. Deux ans plus tard, il revient avec une oeuvre qui est forcément conçue pour faire parler. CIVIL WAR nous plonge directement aux Etats-Unis en pleine guerre civile. Aucune délimitation temporelle, aucun contexte. Le cinéaste nous embarque avec une poignée de journalistes en plein chaos, sans que le spectateur sache vraiment où il met les pieds. Qu’importe au final. Comme dira un personnage que rencontrent nos protagonistes dans leur road-trip : quand quelqu’un vous tire dessus, peu importe son camp, il faut se défendre.

    C’est un sacré parti-pris à une époque où le public a l’habitude qu’on lui prenne la main pour bien lui poser les enjeux de ce qu’il va regarder. Pour autant, ce n’est pas parce que c’est risqué que c’est forcément réussi. Les bonnes idées ne font pas forcément de bons films. CIVIL WAR désarçonne par quelques choix narratifs et l’absence de contexte joue parfois contre lui. Comme le point de vue choisi, des journalistes qui tentent de faire ressortir la vérité à travers des clichés de guerre, offrant au passage des ruptures visuelles remarquables. Pour Garland, il n’y pas de besoin d’explications quand on filme le chaos. Ça se discute, mais il tient en tout cas ses promesses : visuellement, le cinéaste ne lésine pas sur les moyens pour littéralement nous plonger dans cet univers survivaliste.

    Une immersion totale

    Dans le fond, c’est de ça qu’il s’agit. Ce monde qu’on nous dépeint est une terre de survie dans laquelle on peut tomber sur un redneck attardé libéré de toute contrainte ou un cinglé déguisé en militaire qui questionne ses otages sur leur véritable identité américaine. On est en pleine apocalypse, un avant-28 JOURS PLUS TARD (que Garland a écrit) sans les morts-vivants. Dépouillé de tout prétexte fantastique, CIVIL WAR fait froid dans le dos. Les balles pleuvent et retentissent violemment, jusqu’à un assaut final saisissant qui vous scotche au fond de votre siège, bien aidé par des effets spéciaux particulièrement réussis à l’instar de ces longs plans aériens où l’où observe des villes partiellement détruites. Voilà un exemple de ce que le cinéma peut procurer comme sensation sans forcément recourir aux sempiternels effets de destruction massive : entendre des missiles atteindre leur cible au loin, tout juste visibles par des rayons de lumière au second plan, procure une sensation d’immersion totale.

    Au-delà de toutes ces bonnes choses, j’admets m’être parfois questionné sur les ruptures de ton constantes du film. Comme ces musiques qui s’enclenchent dans des moments de tension, prenant alors le pas sur ce qui se déroule réellement à l’écran. Quant aux personnages, il est assez difficile de s’attacher à eux, peut-être la faute à l’absence de contexte, certainement à cause d’un manque de réelle empathie envers eux (hormis le vieux Sammy, joué par l’excellent Stephen McKinley Henderson). Le jeu froid et déshumanisé de Kirsten Dunst n’aide pas, tout comme l’écriture de son personnage qui pose question lors de certains passages (que je ne vais pas étendre ici pour éviter de vous spoiler). Des défauts qui ne gâchent toutefois pas l’intérêt de ce film réellement intéressant dans le fond et anxiogène dans la forme.

    AVIS GLOBAL : Un film particulièrement prenant qui nous plonge dans le chaos à l’aide d’une mise en scène implacable. Malgré certains choix narratifs qui desservent l’ensemble, CIVIL WAR est une oeuvre désarmante et souvent scotchante.

    NOTE :

    Note : 3.5 sur 5.

    CIVIL WAR est actuellement disponible dans les salles de cinéma.

  • The Sunchaser, Woody Harrelson chez Michael Cimino

    The Sunchaser, Woody Harrelson chez Michael Cimino

    Dernier film du grand Michael Cimino, THE SUNCHASER est un pur film de commande pour le cinéaste qui n’a plus la force de se battre pour un cinéma plus exigeant après ses nombreuses déconvenues au box-office. Pourtant, cette ultime aventure est loin d’être sans qualités.

    Road trip

    THE SUNCHASER raconte l’histoire d’un brillant cancerologue (Woody Harrelson) proche de la consécration, aux dépens de sa famille, qui est pris en otage par un patient, Brando Blue Monroe (Jon Seda), jeune métis indien, qui se sait condamné par une tumeur incurable. Il veut retrouver le lac enchanté situé dans les montagnes sacrées du Colorado, dont un sorcier navajo lui a chanté les vertus curatives lorsqu’il était enfant. Lors de ce voyage forcé et mouvementé, le médecin découvre progressivement la véritable personnalité de son ravisseur et remet peu a peu en question ses propres valeurs.

    L’étoile montante

    Ce n’est pas le long-métrage le plus apprécié de Cimino, mais c’est pourtant son oeuvre testamentaire, l’ultime échappée d’un homme fatigué qui se sera battu pour ses idées. Il n’a jamais fait de compromis avec son pays, s’évertuant à piocher dans les failles du système pour bousculer et faire réfléchir les spectateurs. THE SUNCHASER reprend les codes d’un genre typiquement américain (le road-trip) pour confronter ses deux personnages, tant au niveau culturel que générationnel. Pour le premier rôle, c’est Woody Harrelson qui est choisi. Lors de la production du film en 1996, il est l’un des comédiens les plus suivis de Hollywood après son rôle dans le très controversé TUEURS-NÉS. Il signera à la fois pour THE SUNCHASER, mais également LARRY FLYNT et KINGPIN. Il joue ici avec l’intensité qui le caractérise face à un jeune Jon Seda très convaincant qui poursuivra sa carrière à la télévision.

    Un film ouvert

    Si l’ultime film de Cimino n’est pas exempt de défauts, il reste ici le message d’un artiste toujours prêt à confronter. Sur une partition étrangement désaccordée de Maurice Jarre, THE SUNCHASER parle des divisions qui nourrissent toutes les cultures, ouvrant la voie à la parole pour comprendre l’autre. On a le droit à une fin de carrière plus lumineuse et optimiste qui n’aidera toujours pas le cinéaste à remporter une victoire au box-office : ce sera un flop monumental aux Etats-Unis avec seulement 21 000 dollars amassés. Histoire de conclure l’histoire difficile entre Cimino et les chiffres…

  • Une date, une histoire : Martin Scorsese sous tension sur le tournage de GANGS OF NEW YORK

    Une date, une histoire : Martin Scorsese sous tension sur le tournage de GANGS OF NEW YORK

    UNE DATE, UNE HISTOIRE est une rubrique qui revient régulièrement sur une date clé du cinéma, se référant à un événement en particulier, une sortie de film, une polémique ou tout autre fait qui a eu lieu dans l’Histoire.

    Nous sommes en 2000 lors de la production de GANGS OF NEW YORK

    La production de GANGS OF NEW YORK ne fut pas de tout repos pour Martin Scorsese. Concernant le casting, ce dernier pense d’abord à Robert de Niro après avoir choisi Leonardo DiCaprio pour le rôle principal. Tel qu’il imagine son film, le cinéaste se dit que les deux acteurs seront parfaitement mis en valeur (de Niro devant incarner le boucher). Malheureusement, des retards seront à déplorer, notamment

    au niveau des décors. De Niro, comprenant que son engagement dépasserait de beaucoup les six mois prévus au départ, fut contraint de se retirer du film. Willem Dafoe est le second choix, mais il renonça également. Scorsese se tourna alors vers l’un des acteurs les plus fabuleux qui soit, Daniel Day-Lewis. Il fallut toute la persuasion du cinéaste pour sortir l’acteur oscarisé de sa retraite. Ce dernier, comme à son habitude, se jeta alors à corps perdu dans ce rôle si difficile. Pour être au niveau, Leo ne se ménage pas et se prépare autant physiquement que psychologiquement à son rôle. Dans le même temps, il s’engage déjà sur son prochain projet, le bien nommé ARRÊTE-MOI SI TU PEUX avec Steven Spielberg à la barre. Ce qui implique donc que l’acteur enchaînera deux énormes tournages l’un à la suite de l’autre. 

    Une production sous tension

    D’autant que les tensions se poursuivent en coulisses. Les délais de tournage s’allongent encore et les coûts de production augmentent de 25 %, pour atteindre la barre des 100 millions de dollars ! Au vu de toute cette somme dépensée, le producteur Harvey Weinstein impose à Scorsese une version plus rentable, moins longue et moins complexe afin de maximiser les recettes futures. Evidemment, le cinéaste s’oppose à cette idée et le fait savoir. C’est alors qu’il s’associa avec son acteur principal pour financer les surcoûts engendrés par le dépassement des délais de tournage. Un geste fort de la part de Leo qui démontre toute sa motivation à aller au bout des projets dans lesquels il s’engage. Mais les ardeurs d’Harvey Weinstein ne seront pas calmés quand il découvrira, bouche bée, une version du film qui durait 3h40 ! Frappé par la complexité du film, il sort alors de ses gonds et se confronte une nouvelle fois à Scorsese. Les deux hommes s’affrontent et ne sont clairement plus sur la même longueur d’ondes. D’autant que les problèmes ne vont pas s’arrêter là…

    Une fois le tournage terminé, il fallut résoudre une nouvelle équation. Le film devait initialement sortir en décembre 2001. Or, certains passages mettaient en scène des pompiers corrompus qui participaient à une émeute, ainsi qu’un officier de police pendu à un réverbère. Des images qui risquaient de heurter les spectateurs après le 11 septembre. MIRAMAX accepte alors de repousser la sortie au mois de juillet 2002 pour laisser le temps à Scorsese d’effectuer les coupes nécessaires. Mais même dans ce conditions, le montage représentait un travail de titan. Le film prend encore du retard et est reporté à Noël 2022. Le (gros) problème ? GANGS OF NEW YORK se retrouve alors en face de… ARRÊTE-MOI SI TU PEUX ! Leo doit donc jongler entre deux promos et deux projets de grandes envergures. Finalement, MIRAMAX décalera le film de cinq jours. Il sort le 20 décembre 2002 et subira des avis mitigés. En revanche, l’interprétation de DiCaprio est saluée, mais pas autant que celle de Daniel Day-Lewis qui est qualifiée de “prodigieuse“. Avec seulement 193,6 millions de dollars de recettes au compteur, GANGS OF NEW YORK n’est pas un grand succès, mais sera largement réhabilité au fil du temps. Aujourd’hui, on peut réellement se demander comment le monde est passé à côté de ce film grandiose, peut-être le plus fou et ambitieux de Scorsese. Rien que ça.​

  • Deadpool & Wolverine, Hugh Jackman fait son retour dans la nouvelle bande-annonce

    Deadpool & Wolverine, Hugh Jackman fait son retour dans la nouvelle bande-annonce

    Sept ans après LOGAN, Hugh Jackman reprend les oripeaux du rôle le plus célèbre de sa carrière dans le dénommé DEADPOOL & WOLVERINE qui promet de réveiller un Marvel Universe ronronnant.

    Le retour de Hugh Jackman

    Alors que Wolverine apparaissait en ombre dans la première bande-annonce du film, il est bien présent dans la deuxième et l’art du teasing cher à Ryan Reynolds a encore frappé. DEADPOOL & WOLVERINE met déjà en place quelques idées truculentes qui feront de ce Blockbuster l’un des plus fun de l’été. Tout en permettant à Marvel de redresser la pente après une année 2023 où l’univers partagé s’est vu fragilisé par des résultats décevants au box-office et une forme de lassitude du public qui n’est plus forcément très impatient de suivre les pérégrinations de tous les super-héros.

    Quant à DEADPOOL, il fait son retour six ans après le deuxième opus. Pour mémoire, le premier volet sorti en 2016 avait récolté 782 millions de dollars dans le monde pour un budget de 58 millions. En France, ce sont 3,763 millions d’entrées qui ont été enregistrées. En 2018, le budget a augmenté pour DEADPOOL 2 (110 millions), mais les recettes aussi : 812 millions récoltés. Dans l’Hexagone, ce fut toutefois moins bien (2,6 millions d’entrées). Avec la venue du très populaire Wolverine, ce troisième opus devrait largement cartonner d’autant que la concurrence cet été s’annonce assez faiblarde côté Blockbuster.

    DEADPOOL & WOLVERINE sortira dans les salles le 24 juillet prochain.

    Découvrez la nouvelle bande-annonce ci-dessous.

  • Critique de IMMACULÉE

    Critique de IMMACULÉE

    Je vais entamer cet article avec une pointe d’honnêteté envers mon lectorat : le genre horrifique ne m’intéresse plus beaucoup et rares sont les oeuvres que je décide de visionner volontairement. Les déceptions s’enchaînent depuis quelques années et on en est arrivé à un point où le ce genre recycle à outrance sans essayer de dire quelque chose. Toutefois, au milieu des productions Blumbhouse interchangeables et d’un CONJURING UNIVERSE qui n’en finit plus, il y a parfois de bonnes surprise. Alors il faut toujours rester curieux.

    Sorti il y a quelques semaines, IMMACULÉE a eu un certain buzz grâce à sa tête d’affiche, la dénommée Sydney Sweeney. La jeune actrice s’est fait connaître grâce à la série EUPHORIA avant d’impressionner son monde avec REALITY. Puis, elle a conquis le coeur du grand public dans le sympathique TOUT SAUF TOI qui fut le carton surprise de ce début d’année au box-office. Sa côte est réelle et le film réalisé par Michael Mohan en a profité. Elle incarne ici Cecilia, une jeune religieuse américaine, qui s’installe dans un couvent isolé de la campagne italienne. L’accueil est chaleureux, mais rapidement Cecilia comprend que sa nouvelle demeure abrite un sinistre secret et que des choses terribles s’y produisent…

    ATTENTION, LA SUITE DE L’ARTICLE VA SPOILER !

    Après une introduction assez tendue, IMMACULÉE reprend les codes narratifs du genre avec ce couvent flippant qui abrite des religieux vraiment pas commodes. Puis, quand Cecilia devient enceinte « miraculeusement », le mécanisme déraille et le film entre dans une nouvelle ambiance, cauchemardesque et froide comme la Mort. Le récit se remplit d’ellipses tandis que l’étau se resserre autour de Cecilia qui doit passer devant trois religieux pour prouver qu’elle n’a pas trahi son voeu de chasteté (pour bien être sûr que leur plan a fonctionné). Tout est étrange dans ce long-métrage, mais Sweeney tient la baraque et nous emmène avec elle dans ce drôle de tourbillon qui nous fait arpenter un laboratoire situé dans le couvent qui sert à faire renaître le divin enfant ! Le divin enfant ou l’antéchrist, c’est selon. C’est tellement farfelu que l’intrigue perd en intensité et en consistance. Il y a bien un message derrière tout cela (le combat d’une femme qui ne veut pas qu’on lui dicte sa vie) et la fin « choc » a eu l’effet escompté (elle a fait parler sur la toile, mais il faut surtout retenir ces cris absolument stupéfiants de l’actrice), mais IMMACULÉE n’est pas vraiment un film mémorable. Et puis, il faut vraiment arrêter ces jump scares inutiles qui sont vraiment la plaie du cinéma d’horreur moderne.

    AVIS GLOBAL : Il y a une ambiance glaçante dans ce film et la prestation de Sydney Sweeney, également productrice, vaut le détour. Mais IMMACULÉE déçoit par ses choix narratifs et son incapacité à réellement surprendre.

    NOTE :

    Note : 2 sur 5.

    IMMACULÉE est actuellement disponible dans les salles de cinéma.

  • Les brèves de grands films : The big Lebowski

    Les brèves de grands films : The big Lebowski

    Cette rubrique s’intéresse, chaque semaine, à un grand film (et pas toujours les plus connus) en résumant en quelques lignes sa petite histoire. En somme, une brève, un texte court et une information concise !

    Le pitch : Jeff Lebowski, prénommé le Duc, est un paresseux qui passe son temps à boire des coups avec son copain Walter et à jouer au bowling, jeu dont il est fanatique. Un jour deux malfrats le passent à tabac. Il semblerait qu’un certain Jackie Treehorn veuille récupérer une somme d’argent que lui doit la femme de Jeff. Seulement Lebowski n’est pas marié. C’est une méprise, le Lebowski recherché est un millionnaire de Pasadena. Le Duc part alors en quête d’un dédommagement auprès de son richissime homonyme…

    Autour du film : Peu apprécié à sa sortie, THE BIG LEBOWSKI a acquis son statut de film-culte au fil du temps. Son destin s’est joué avec les DVD’s où l’oeuvre des frères Coen fut redécouverte et immédiatement montée en graal. Depuis, quelques détails ont eu une influence culturelle comme le fameux cocktail « russe blanc » et, plus surprenant, la naissance du dudeisme, une parodie de religion inventée pour le film, qui revendique plus de 50 000 membres ! 

    La réplique : « Comme dirait quelqu’un de plus avisé que moi : c’est toi qui cogne le bar, mais parfois, c’est lui qui te cogne. »

    Le film : Rempli de répliques cultes et doté d’une bande-son phénoménale, THE BIG LEBOWSKI est l’un des films les plus fous des années 90. Sans oublier le casting qui livre une prestation magistrale (Jeff Bridges tient l’un de ses meilleurs rôles) et un humour noir qui fait mouche à chaque scène. Le sommet des frères Coen ?

    EQUIPE TECHNIQUE 

    Acteurs : Jeff Brdiges – John Goodman – Julianne Moore – Steve Buscemi – John Turturro

    Décors : Rick Heinrichs

    Photographie : Roger Deakins

    Musique : Carter Burwell

    Montage : Tricia Cooke

    Scénario : Joel et Ethan Coen

    Réalisation : Joel et Ethan Coen

    THE BIG LEBOWSKI (1998) – 1h57

  • Les pleins pouvoirs, Eastwood dans la peau d’un cambrioleur

    Les pleins pouvoirs, Eastwood dans la peau d’un cambrioleur

    Lorsque sort LES PLEINS POUVOIRS en 1997, Clint Eastwood vient de mettre en scène trois des plus grands films de sa carrière : IMPITOYABLE, UN MONDE PARFAIT et SUR LA ROUTE DE MADISON. Pour son retour, il revient avec un personnage de cambrioleur qui va marquer les esprits.

    Un Arsène Lupin moderne

    Le film est adapté du roman éponyme écrit par David Baldacci et publié en 1996. L’auteur avait déjà travaillé avec la productrice Karen Spiegel pour tirer un long-métrage de cette histoire qu’il avait en tête. Tout cela finira dans un bouquin dont les droits seront ensuite rachetés pour une adaptation cinématographique. Eastwood s’intéresse fortement à cette histoire, même s’il modifie quelques éléments du roman notamment en ce qui concerne le personnage principal Luter Whitney qu’il décide d’incarner.

    Whitney est un Arsène Lupin moderne, un voleur élégant qui s’en est toujours pris aux riches. Arrivé au terme de sa longue carrière, il entreprend de dévaliser la résidence de Sullivan (E.G Marshall), un des hommes les plus riches de Washington, parti en voyage d’affaires avec sa jeune épouse, Christy (Melora Hardin). Tout se passe pour le mieux. Il s’apprête à repartir lorsqu’il découvre que la cloison de la chambre forte est un miroir sans tain qui donne sur la chambre à coucher. De l’autre côté de ce miroir, Luther assiste à un meurtre impliquant Christy et Richmond, le Président des Etats-Unis (Gene Hackman).

    Eastwood parvient (encore) à se renouveler

    Suspense à couper le souffle, scénario aux nombreux rebondissements, interprétation impeccable, LES PLEINS POUVOIRS est un autre exemple de la versatilité d’Eastwood à la

    réalisation. Ce n’est probablement pas son film le plus connu, mais il fait pourtant preuve ici d’une virtuosité indéniable. Pour incarner le président des Etats-Unis, le cinéaste ne voit qu’un seul homme : Gene Hackman. Après IMPITOYABLE, les deux hommes se retrouvent dans un univers bien différent cette fois.

    À sa sortie, LES PLEINS POUVOIRS ne fait pas l’unanimité et essuie des critiques peu enthousiastes. Ce n’est qu’avec le temps que le film fut réhabilité, aidé par une sortie en VHS fructueuse. Quelques mois plus tard, Eastwood sortira un autre opus, MINUIT DANS LE JARDIN DU BIEN ET DU MAL.

  • James McAvoy en 5 rôles marquants

    James McAvoy en 5 rôles marquants

    James McAvoy est l’un des comédiens les plus talentueux de sa génération. Il a tourné dans de nombreux films depuis vingt ans et n’a cessé de grimper les échelons à Hollywood. Retour sur cinq rôles qui ont fait de lui un acteur reconnu.

    5 – Tolstoï, le dernier automne réalisé par Michael Hoffman (2005)

    McAvoy a marqué le film de Michael Hoffman centré sur les derniers mois de la vie de l’écrivain Léon Tolstoï. McAvoy joue ici le secrétaire du grand écrivain, Valentin Boulgakov. Lorsque les derniers jours de Tolstoï approchent, des factions rivales se disputent le contrôle de la propriété de l’œuvre de sa vie. Tout cela est vu à travers les yeux de Boulgakov qui tente d’agir comme médiateur entre les deux parties. Si le film pêche parfois par son aspect élitiste, le personnage de McAvoy a tendance à éclaircir les choses, en particulier lorsque Boulgakov entretient une liaison avec Masha (Kerry Condon), adepte de Tolstoï. McAvoy, qui est associé à des films à thème contemporain, semble tout à fait à l’aise dans ses oripeaux d’époque et offre une solide performance.

    4 – La saga X-MEN (2011-2019)

    En incarnant Charles-Xavier, succédant ainsi au grand Patrick Stewart, McAvoy prenait un risque. Son incarnation, tout en nuances et subtilités, fut rapidement adoubée par le grand public et les fans. Si tous les films ne se valent pas (APOCALYPSE et DARK PHOENIX sont clairement en-dessous de leurs prédécesseurs), son interprétation, elle, ne sombre jamais dans la redite. Là où Stewart jouait la carte du mental (et du vieux sage fatigué), McAvoy laisse parler les émotions avec une intensité parfois bouleversante.

    3 – Le Dernier Roi d’Ecosse réalisé par Kevin McDonald (2006)

    La vraie première grosse impression laissée par McAvoy. Kevin Mcdonald offre un regard fictif sur le dictateur ougandais Idi Amin (Forest Whitaker, dans une performance qui lui a valu l’Oscar) et le médecin écossais Nicholas Garrigan (McAvoy) qui accepte de devenir le médecin personnel du despote. Tout en admirant au début la force de l’autocrate, Garrigan commence à se rendre compte que son besoin de domination s’étend également à Garrigan, mais lorsque le médecin envisage de quitter l’Ouganda, Amin utilise ses pouvoirs considérables pour l’arrêter. Garrigan de McAvoy affronte l’ouragant Whitaker, en affichant une force et une complexité qui ont valu à McAvoy sa première nomination aux BAFTA. Largement mérité.

    2 – Reviens-moi réalisé par Joe Wright (2007)

    McAvoy a remporté sa première nomination aux Golden Globe et sa deuxième nomination aux BAFTA pour sa performance dans le conte de guerre de Joe Wright. L’acteur joue Robbie Turner, le fils de la gouvernante de la famille Tallis pour qui Briony, 13 ans (Saoirse Ronan) a un sérieux béguin. Quand elle le voit galoper avec sa sœur aînée Cecilia (Keira Knightley), cependant, une Briony dévastée concocte une accusation de viol contre Robbie, qui l’envoie en prison et finalement en première ligne à Dunkerque avec l’armée britannique. McAvoy a régulièrement qualifié ce rôle comme l’un des personnages les plus difficiles à jouer pour lui. C’est en tout cas l’une de ses meilleures prestations.

    1 – Split réalisé par M.Night Shyamalan (2017)

    Avec SPLIT, on peut surtout se demander comment McAvoy est parvenu à jouer autant de facettes d’un personnage sans jamais tomber dans le ridicule. Le film de Shyamalan est un terrain de jeu pour un show d’acteur total dont s’empare le comédien avec une maestria qui laisse pantois. On imagine sans mal la difficulté de trouver la vérité d’un tel personnage qui cumule les personnalités tout en flirtant constamment avec la folie. Beaucoup de monde a trouvé SPLIT génial et McAvoy en est certainement la qualité principale.

  • Freddy contre Jason, le crossover de la Mort

    Freddy contre Jason, le crossover de la Mort

    FREDDY CONTRE JASON, c’est un peu la réunion démente de deux des franchises d’horreur les plus populaires de tous les temps. D’un côté, le tueur des rêves créé par Wes Craven en 1984 a donné naissance une saga composée de sept films qui ont rapporté 339 millions de dollars, et de l’autre le mystérieux Jason Voorhes dans la franchise VENDREDI 13, forte de 10 films avec 373 millions rapportés au compteur.

    Deux franchises imposantes

    L’idée de les réunir est née dès les années 80, au moment où leur popularité était au sommet. En 1984, LES GRIFFES DE NUIT est un énorme carton, produit pour un budget riquiqui (1,8 million de dollars) et rapportant 30 fois sa mise. Craven décroche, mais les studios enchaînent : le deuxième film sort un an plus tard en rapportant encore plus que le précédent, tandis que les troisième et quatrième opus battent des records en 1987 et 1988 en glanant encore plus d’argent ! Freddy est devenu rapidement une figure incontournable de l’horreur à l’instar de Jason, né quatre ans plus tôt avec VENDREDI 13. Un peu « révolutionnaire » à l’époque par son abondance de violence (Cunningham voulait absolument « choquer les spectateurs »), le film a fait un malheur récoltant 59 millions de dollars (l’équivalent de 241 millions en 2024) pour 700 000 dollars de budget. Très vite, comme Freddy, les épisodes s’enchaînent avec sept épisodes qui s’enchaînent en dix ans ! Le terrifiant Jason reviendra encore deux fois, en 1993 pour le chapitre 9 et en 2002 pour l’affreux JASON X.

    Un réalisateur à trouver

    Finalement, la réunion tant attendue ne sera réalisée qu’en 2003 après de multiples remaniements de script et des studios jamais réellement en accord par rapport aux droits. C’est NEW LINE qui prendra les choses en mains pour produire ce crossover qui verra de nombreux scénaristes se creusaient la cervelle pour aboutir à une version plus ou moins cohérente. Le jeune loup James Wan est un temps envisagé pour mettre en scène le film, mais il est déjà en train de confectionner l’oeuvre qui fera de lui une nouvelle vedette du cinéma d’horreur, SAW. Rob Zombie et Paul W.S Anderson sont également approchés, mais c’est finalement Ronny Yu, connu en Chine pour ses nombreux films d’action, moins aux USA où il a tout de même tourné LA FIANCEE DE CHUCKY en 1998.

    Relancer l’intérêt

    L’idée ici est d’en mettre plein la vue avec un budget largement plus gros que les précédentes itérations des deux franchises. 30 millions sont investis tandis que la figure incontournable de Freddy, Robert Englund, décide de reprendre son rôle. Avec un certain enthousiasme comme il le confiera aux médias lors de la sortie du film. « Je suis arrivé sur le projet très tôt, l’idée m’a tout de suite séduit. Dans ce film, Freddy est en difficulté, il a perdu son pouvoir. Il doit pactiser avec un autre démon pour revenir et se venger. C’est non seulement une histoire forte, mais elle ouvre en outre la voie à de nombreuses situations inédites. ». L’époque commence sérieusement à envisager ces croisements de franchises qui battent de l’aile depuis un bout de temps. FREDDY SORT DE LA NUIT, septième opus, a fait un bide en 1994 comme JASON X en 2002. Les confronter, c’est s’assurer une certaine curiosité des aficionados. Quatre ans plus tard, ce sont ALIEN et PREDATOR qui prendront le relai.

    FREDDY CONTRE JASON est un gros délire, le genre de cinéma qui se regarde avec un bon seau de pop-corn un samedi soir après une semaine difficile. Un pur nanar qui fait davantage rire que peur, peut-être parce que le second degrés y est omniprésent. Bon, il faut tout de même supporter une première heure assez nulle qui se concentre sur des personnages inintéressants, mais la deuxième partie vaut son pesant d’or avec les deux tueurs enfin rassemblés. Entre répliques absurdes et quelques morceaux de bravoure bien fichus, on s’éclate réellement. Sans surprise, les critiques ont mal reçu le film, mais le public est venu profiter du spectacle, FREDDY CONTRE JASON récoltant 114 millions de dollars à travers le monde (la France est plutôt restée en retrait avec seulement 343 349 tickets vendus). Une suite fut envisagée à un moment donné, mais n’a par la suite jamais été réalisée.