Un monde parfait, Kevin Costner dans l’univers d’Eastwood

Quand sort dans les salles françaises UN MONDE PARFAIT le 15 décembre 1993, Clint Eastwood est dans l’une des plus grandes phases de sa carrière. Trois ans auparavant, il met en scène le sublime CHASSEUR BLANC, COEUR NOIR, puis l’un de ses chefs-d’oeuvre IMPITOYABLE en 1992. Et ce n’est pas tout puisqu’il va enchaîner avec SUR LA ROUTE DE MADISON en 1995 !

Changement de réalisateur

Une période exceptionnelle dont ce MONDE PARFAIT fait partie. Une histoire de cavale entre un dangereux voleur récidiviste et son otage, un jeune témoin de Jehovah, qui vont finalement devenir amis. Simple, classique, mais potentiel vecteur d’une émotion poignante. C’est d’abord Steven Spielberg qui devait réaliser ce projet, mais il l’a abandonné pour se pencher sur JURASSIC PARK et LA LISTE DE SCHINDLER. Ça se comprend.

Clint Eastwood prend alors en mains le projet. Denzel Washington est le favori pour jouer le voleur Butch Haynes, avant que Kevin Costner ne soit finalement choisi. Ce sera d’ailleurs ce dernier qui va convaincre le réalisateur de jouer dans le film. Il interprète ici le ranger Red Garnett, lancé à la poursuite du fugitif.

Le pouvoir de la mise en scène

Avec ce scénario, il parvient une nouvelle fois à émouvoir avec peu d’éléments. La puissance de sa mise en scène est son évidente discrétion. Eastwood comprend parfaitement comment il doit servir au mieux cette histoire et le fait avec une maîtrise stupéfiante. De son côté, Kevin Costner n’a pas son pareil pour incarner ce genre d’homme bien ancré dans sa culture. Certes, il

surprend ici en incarnant un bad guy, mais la nature même de son interprétation rend son personnage attachant. L’évolution de la relation entre Butch et Philipp (touchant T.J Lowther) est intelligemment installée pour fatalement se terminer dans les larmes et la mort.

À sa sortie, le film est un carton un peu partout sauf… aux Etats-Unis. En effet, il ne rapporte que 31 millions de dollars là-bas, une somme non équivalente au budget du film (35 millions). Il est considéré comme un échec là-bas, certains analystes arguant le fait que le public fut déstabilisé de voir Kevin Costner incarner un antagoniste, lui qui est habitué aux rôles de « héros ». Le bouche à oreille ne fut d’ailleurs pas très bon, le film chutant rapidement de semaine en semaine. En France, en revanche, il a cartonné en réunissant 3 148 826 spectateurs.

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