Le talentueux Mr.Ripley, Matt Damon dans la peau d’un autre

Quarante ans après PLEIN SOLEIL avec Alain Delon, le réalisateur Anthony Minghella adaptait une nouvelle fois le roman écrit en 1955 par Patricia Highsmith, MONSIEUR RIPLEY. Cette fois, c’est le tout jeune Matt Damon qui incarne le sociopathe Ripley.

Agent double

Italie, fin des années cinquante. Le jeune Dickie Greenleaf mène la dolce vita grâce à la fortune de son père, en compagnie de Marge Sherwood. Plutôt irrité par son comportement irresponsable, Herbert Greenleaf, riche armateur, demande à Tom Ripley de ramener son fils en Amérique. Tom découvre un monde éblouissant, qu’il ne soupconnait pas, et ira jusqu’au meurtre pour conserver cette vie de rêve. Confier un tel rôle à Damon, c’est une grande idée. D’abord parce qu’à l’époque, l’acteur a une tête de jeune premier absolument parfaite pour passer inaperçu, à l’instar du personnage qu’il incarne. Quelconque et terriblement banal, il se confond à merveille avec Ripley face à un Jude Law plus classe que jamais. On le suit durant plus de deux heures, parvenant sans cesse à mener son petit monde en bateau. Evidemment : personne ne soupçonnerait un tel garçon.

Auréolé du carton public et critique de son film LE PATIENT ANGLAIS, le réalisateur Anthony Minghella revient à un projet plus raisonnable dont la mise en scène tranche radicalement avec son épopée historique. À tel point qu’aujourd’hui, LE TALENTUEUX MR.RIPLEY semble vraiment daté à l’écran, se transformant alors en un objet un peu anachronique qu’Hollywood ne produit plus. Oui, c’est devenu un OVNI, le genre de métrage qui atterrirait directement sur une plateforme en 2023. Une Métaphore d’un jeune homme qui n’assume pas ce qu’il est et encore moins son homosexualité, véritable allégorie du film. Ripley cherche un idéal qui n’existe jamais vraiment dans sa tête, jusqu’à un dernier acte qui scelle son incapacité psychologique à aimer et être aimé.

L’importance d’une intro

On dit souvent que la première scène d’un film est sa lettre d’intention. Minghella a retenu la leçon : la supercherie (Ripley affirmant aux parents de Dickie être allé à Princeton), l’opportunisme (il remplace un autre pianiste lors de la réception) et la confiance en soi de Ripley sont parfaitement exposés. On nous

annonce déjà que ce jeune homme peut prendre la place de n’importe qui. Au-delà de ses tendances meurtrières, il tue également par passion, prisonnier de ses propres pulsions concernant son orientation sexuelle. Pour Damon, incarner un tel personnage n’avait rien d’une sinécure et il lui fallait une bonne dose d’insouciance pour parvenir à un tel équilibre. Depuis, il n’a jamais véritablement changé : c’est un acteur-caméléon, capable de glisser dans n’importe quel rôle, jouant aussi bien les espions amnésiques (JASON BOURNE) que les pères de famille lambda (NOUVEAU DEPART) ou les hommes d’action (GREEN ZONE).

Sorti en 2000, LE TALENTUEUX MR.RIPLEY a bien fonctionné au box-office en amassant 125 millions de dollars pour 40 millions de budget. Un succès de plus pour Damon en cette fin de décennie après WILL HUNTING et IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN.

Laisser un commentaire