Les sorcières d’Eastwick, la comédie fantastique délirante de George Miller

Après six années consacrées à sa trilogie MAD MAX (entrecoupée d’un segment du film à sketch LA QUATRIEME DIMENSION), le cinéaste George Miller change d’horizon. Le voilà aux commandes d’une comédie fantastique avec un budget maousse de 22 millions de dollars (soit trois fois plus que MAD MAX 3 qui était à l’époque la plus grosse enveloppe de sa carrière).

Une drôle d’adaptation

À ce tarif, Miller entre dans un autre monde. Il adapte donc ici le roman LES SORCIERES D’EASTWICK, écrit par John Updike en 1984. L’histoire de trois jeunes femmes espiègles et indépendantes qui se morfondent dans la très puritaine petite ville d’Eastwick ou jadis furent brûlées maintes sorcières accusées de commerce avec le Diable. Nos trois belles se réunissent tous les week-ends et babillent gaiement à bâtons rompus de tous et sur tout. Jusqu’au jour où un extravagant personnage, un certain Daryl van Horne, s’installe dans la demeure la plus somptueuse de la ville… Le scénariste Michael Cristofer change de nombreux éléments du roman et les lecteurs de ce dernier diront de l’adaptation qu’elle n’est que partielle. Miller s’appuie sur la version de Cristofer et enclenche la production en alignant quelques noms ronflants.

Nicholson et Miller vs les producteurs

Tout en haut trône un certain Jack Nicholson qui enchaîne les films durant les 80s. C’est l’une des stars d’Hollywood et sa rencontre avec Miller va faire des étincelles. Les deux hommes se comprennent parfaitement et Nicholson aide Miller à s’intégrer dans le monde particulier des producteurs touts puissants. Il va notamment devoir se battre pour conserver de nombreuses scènes et lutter contre l’avarie du duo de producteurs Jon Peters – Peter Gruber. Une sacrée bataille aura même lieu lorsque les deux hommes ont l’idée saugrenue d’intégrer des Aliens dans le film. Inspiré par James Cameron et son ALIENS, Peters est certain que ça fonctionnera et décide alors d’amener un cascadeur déguisé en extra-terrestre pour terroriser son monde ! Devant cette pitrerie, Miller décide de quitter le plateau ainsi que Nicholson. Après discussion, Peters supprimera les Aliens et tout le monde finira le film tant bien que mal, de nombreuses pressions s’accumulant au fil des jours sur les épaules du réalisateur.

Un film fou

L’autre monde, c’est donc les comédiens (Cher, Michelle Pfeiffer, Susan Sarandon), mais aussi un grand compositeur (John Williams) et les studios de la Warner Bros à disposition. Surtout, LES SORCIERES D’EASTWICK démontre tout les talents de satiriste de Miller. Récit d’une triple émancipation féminine, le film ressemble à une fable fantastique dopée aux délires visuelles en tous genres (les effets spéciaux sont ingénieux pour l’époque) devenant presque la quintessence du mauvais goût à l’heure où les Etats-Unis s’amusent à tout faire péter depuis une décennie. Miller, lui, débarque avec ce style si particulier qui a fait la gloire des MAD MAX, n’hésitant pas à pousser les curseurs au maximum. Evidemment, à l’intérieur de ce grand huit étourdissant, Jack Nicholson est aux anges, maniant avec perfection l’art du cabotinage.

Lors de sa sortie en salles, le film sera un joli succès (plus de 63 millions de dollars dans le monde) et Miller aurait pu enchaîner avec d’autres grosses productions. Mais la relation difficile avec les producteurs l’a fatigué et le bonhomme préférera rentrer en Australie tout en faisant un break de cinq ans. Et revenir en 1992 avec un film fragile et bouleversant…

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