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  • L’effet papillon, l’histoire d’un petit film devenu phénomène

    L’effet papillon, l’histoire d’un petit film devenu phénomène

    Il y a des films qui gagnent leur statut au fil des années. L’EFFET PAPILLON est de ceux là, une oeuvre peu appréciée par la presse à sa sortie et récoltant des recettes honorables sans être transcendantes (96 millions à travers le monde pour un budget de 13 millions). Puis, soudainement, un phénomène arrive. Nous ne sommes pas encore au temps de la VOD et du streaming, mais le film grimpe soudainement, se transformant en incontournable du marché vidéo.

    Un film d’auteur(s)

    Il est même étonnant de constater que les deux réalisateurs Eric Bress et J.Mackye Gruber n’ont plus rien fait de notable après ce film, qu’Ashton Kutcher ait du se contenter de bluettes oubliables et qu’Amy Smart n’a plus eu l’occasion de montrer ses talents en dehors de certaines productions mineures. L’EFFET PAPILLON est presque une anomalie, un film maintenant adoré (et du grand public, et des cinéphiles), qui a (malheureusement) initié une franchise médiocre avec des deuxième et troisième films inutiles qui ne suivent en rien la trame originelle. D’une manière ou d’une autre, ce fut une oeuvre singulière et particulièrement marquante. C’est un pur film d’auteur (Bress et Gruber se sont battus pour mettre en scène leur script), fait avec une passion évidente envers le sujet traité.

    Voyage temporel

    Doté d’un pouvoir qui lui permet de retourner dans le passé, Evan Treborn va mettre en évidence l’effet papillon, une théorie qui dit qu’en changeant des éléments de son passé tout le reste serait modifié. Le pitch est limpide, plaçant directement les spectateurs dans un univers commun : le voyage dans le temps est toujours un fantasme, une fabuleuse idée qui pourrait éventuellement nous permettre de faire des choix différents. Au-delà de ce concept, c’est l’histoire poignante et particulièrement riche qui a fait la renommée de L’EFFET PAPILLON. En partant d’un postulat simple, les scénaristes – réalisateurs ont brodé un récit façonné par les rebondissements et qui pousse le plus loin possible son sujet. C’est assez rare pour le souligner.

    Entre émotions et adrénaline, le film ne s’arrête pas et aura donc scotché des milliers de personnes sur le confortable fauteuil de leur salon. En l’espace de quelques mois, L’EFFET PAPILLON a doublé ses revenus cinéma avec des locations de DVD (il y a 20 ans, que c’est loin !) qui ont explosé. Aussi vite qu’il est apparu, le phénomène s’est ensuite estompé, mais la théorie temporelle est entrée dans toutes les têtes. Ce qui ne peut être une coïncidence…

  • Insaisissables 3, le casting s’étoffe pour le nouveau film

    Insaisissables 3, le casting s’étoffe pour le nouveau film

    Huit ans après le deuxième volet, la franchise INSAISISSABLES est sur le point de réapparaitre avec un nouvel opus qui pourrait faire la transition vers une nouvelle équipe de magiciens.

    De nouveaux noms

    Au CinemaCon qui a eu lieu la semaine dernière à Las Vegas, le studio LIONSGATE a annoncé que l’ensemble du casting original reprenait du service. À l’exception de Michael Caine qui a pris sa retraite depuis peu. Ainsi, Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Isla Fisher, Mark Ruffalo, Morgan Freeman et Dave Franco devraient faire leur retour. Aujourd’hui, le média Screenrant dévoile trois nouveaux noms qui viendront les accompagner : Ariana Greenblatt (BARBIE), Justice Smith (JURASSIC WORLD : FALLEN KINGDOM) et Dominic Sessa (qui vient de se révéler avec WINTER BREAK).

    Vers un reboot ?

    Pour le moment, leurs rôles sont tenus secrets. Le tournage de INSAISISSABLES 3 pourrait démarrer dans les prochains mois tandis que le script amènerait une forme de « redémarrage » en douceur, d’où le terme de « transition » en introduction de cet article. Il est évident que Lionsgate a un intérêt à poursuivre cette franchise qui lui a tout de même rapporté près de 700 millions de dollars pour 165 millions investis. À cela, il faut ajouter les excellentes performances en streaming des deux films, offrant une perspective prometteuse au box-office pour ce nouveau volet.

    INSAISISSABLES 3 sera réalisé par Ruben Fleischer, le metteur en scène de VENOM, BIENVENUE À ZOMBIELAND ou encore UNCHARTED. Il succède à Louis Letterier et Jon M.Chu qui avaient réalisé les deux précédents.

  • Le gang des Newton, l’histoire d’une fratrie voleuse par Richard Linklater

    Le gang des Newton, l’histoire d’une fratrie voleuse par Richard Linklater

    Après GENERATION REBELLE et BEFORE SUNRISE, le cinéaste Richard Linklater avait mis en scène SUBURBIA, un film qui parlait de l’Amérique profonde évoquant les pérégrinations de jeunes hommes perdus dans la société. LE GANG DES NEWTON en est son autre versant, plus populaire, mieux outillé.

    Une histoire vraie

    Réalisé en 1998, LE GANG DES NEWTON narre l’histoire vraie d’une fratrie texane qui, dans les années 20, a basculé dans le grand banditisme. Ils volent des banques avec une telle aisance qu’ils poursuivent leur but de devenir riche jusqu’à l’inévitable débordement. Il y a ici de l’action, de l’humour et une bonne dose de dérision : comment l’amateurisme de ces jeunes hommes a-t-il pu faire déjouer tout un système ? Linklater ne s’embarre pas forcément d’une grande réflexion sur le sujet et préfère mener tambour battant son récit ponctué de scènes parfois délirantes.

    Un casting au top

    Pour incarner sa joyeuse fratrie, Linklater fait appel à la crème des jeunes acteurs de la décennie. D’abord, il retrouve Ethan Hawke avec lequel il a déjà collaboré sur BEFORE SUNRISE. Matthew McConaughey, de son côté, a vu sa carrière décoller en tournant dans LE DROIT DE TUER puis en allant faire un tour chez Robert Zemeckis (CONTACT) et Steven Spielberg (AMISTAD). C’est un peu le golden boy des 90s qui s’apprête d’ailleurs à traverser sa période sombre… Vincent d’Onofrio n’est plus vraiment un inconnu depuis sa prestation grandiose dans FULL METAL JACKET tandis que Skeet Ulrich est en pleine bourre, ayant enchaîné SCREAM (Billy Loomis, c’est lui), TOUCH de Paul Schrader et POUR LE PIRE ET POUR LE MEILLEUR (avec Helen Hunt et Jack Nicholson). Ce quatuor d’acteurs y est pour beaucoup dans le plaisir que l’on prend à visionner LE GANG DES NEWTON, un long-métrage certes classique, mais tout à fait divertissant.

  • Une date, une histoire : quand Tarantino voulait réaliser CASINO ROYALE

    Une date, une histoire : quand Tarantino voulait réaliser CASINO ROYALE

    UNE DATE, UNE HISTOIRE est une rubrique au texte court, qui reviendra régulièrement sur une date clé du cinéma, se référant à un événement en particulier, une sortie de film, une polémique ou tout autre fait qui a eu lieu dans l’Histoire.

    Nous sommes en 1994, juste après le succès de PULP FICTION.

    Entre 1989 et 1995, la série des James Bond s’est interrompue, à cause de problèmes juridiques et financiers qui opposaient la MGM à Albert Broccoli. Même si Timothy Dalton était censé reprendre le rôle, rien n’avait encore été officialisé. Surtout, sa position était fragilisée à cause de son manque de popularité auprès des fans. En 1994, après le triomphe (et la Palme d’or à Cannes) de PULP FICTION, un certain Quentin Tarantino entreprend d’adapter le tout premier roman de Ian Fleming, CASINO ROYALE.

    QT déclara à l’époque : «J’adore ce roman, et ça m’a toujours étonné qu’il n’ait pas été adapté, du moins pas sérieusement, puisque le CASINO ROYALE qui existe est une parodie délirante. J’avais envie d’adapter ce roman, mais de façon très différente des autres James Bond. J’en aurais sans doute fait quelque chose de plus sobre, et je l’aurais remis dans son époque d’origine. J’ai donc commencé à négocier les droits et là, je n’ai vraiment pas eu de chance. Un an plus tôt, je pense que ça aurait pu marcher, parce que la franchise James Bond était quasiment moribonde. Mais quand je me suis penché sur le projet, ils étaient en train de relancer la machine avec GOLDENEYE, et donc, s’ils me vendaient les droits, ils créaient leur propre concurrence, ce qui aurait été idiot. Le projet est donc tombé à l’eau».

    Mais quelques années plus tard, l’envie de Tarantino se fait de nouveau sentir et il va jusqu’à rencontrer Pierce Brosnan en 2004. «Au cinquième Martini à la pomme», raconte l’acteur, «il a évoqué CASINO ROYALE, qui est la clé pour comprendre toutes les dimensions du personnage de Bond. J’ai apporté cette idée à la famille Broccoli, qui produit les Bond. Mais ils ont leur façon à eux de faire les films et ne sont pas du tout ouverts à la discussion. Ils ont carrément jeté mon idée par la fenêtre».

    En 2006, les producteurs Michael G. Wilson et Barbara Broccoli annoncent qu’ils vont produire un nouveau volet de JAMES BOND et entamer une nouvelle ère avec Daniel Craig. Pour ce renouveau, ils vont adapter… CASINO ROYALE ! Une décision que Tarantino aura un peu de mal à digérer. «Je suis vraiment contrarié que les producteurs des James Bond ne m’aient jamais appelé pour en parler car je peux vous dire qu’ils ne feraient pas CASINO ROYALE si je n’en avais pas parlé le premier. Ils auraient dû m’appeler. Surtout depuis qu’ils ont pris mon idée en s’en attribuant le mérite. Ils auraient au moins pu avoir la courtoisie de prendre un café avec moi…». Il faut avouer qu’un JAMES BOND mis en scène par le réalisateur de KILL BILL et DJANGO UNCHAINED, ça pourrait être quelque chose…

  • Lorenzo, le drame poignant de George Miller

    Lorenzo, le drame poignant de George Miller

    Ecoeuré de l’aventure américaine de son film LES SORCIERES D’EASTWICK, Miller a fait un long break dans son Australie natale après avoir combattu le star-system hollywoodien et les cols blancs. Pour cet artiste indépendant, la liberté créative n’a pas de prix. Avant LORENZO, il va donc produire à défaut de retrouver du plaisir derrière la caméra.

    Un drama intense

    Lui qui se destinait à devenir médecin avant de se mettre à réaliser va trouver avec LORENZO un sujet grave et douloureux pour lequel il va littéralement souffrir. Il tombe sur un article de presse qui narre le récit incroyable d’un couple d’Américains moyens qui, à force de labeur, de volonté et de croyance, ont fini par trouver un traitement miracle pour soigner leur fils atteint d’une maladie nerveuse rare. Dans l’esprit de Miller, cette histoire est celle de survivants, une forme de fighting spirit qu’il désire montrer sur grand écran. Le papa de MAD MAX va réaliser un nouveau survival, mais bien plus intimiste cette fois.

    Film froid et porté par les performances hallucinantes de Nick Nolte et Susan Sarandon, LORENZO est une oeuvre difficile qui suit le parcours de ces parents prêts à tout pour sauver leur fils. Pas de larmoyant ici, mais un véritable parcours du combattant que Miller monte avec un sens aigu de la narration. Les ellipses sont nombreuses et le rythme ne descend jamais. On en vient à se raccrocher à des instants lumineux fugaces, comme les personnages. Il y a quelques séquences vraiment magnifiques comme celle où la famille s’enlace, les yeux rivés vers le ciel, à l’instant où ce petit garçon s’interroge sur sa place dans l’univers. Un instant bouleversant qui ne fait qu’enrichir ce drame dont on a du mal à se relever.

    Un film oublié

    Comme Miller n’a jamais rien fait comme les autres, LORENZO ne sera pas un film comme les autres. Ni académique, ni foncièrement attachant ou lacrymal, il fera un sacré flop au box-office et ne sera nommé que deux fois aux Oscars (meilleur scénario original et Susan Sarandon dans la catégorie meilleure actrice). Il aura fallu attendre de longues années avant qu’il ne soit réédité comme il le mérite. Après cette expérience, le cinéaste fera un nouveau break, ne tournant plus pendant six ans. Avant qu’un drôle de cochon parlant vienne frapper son esprit…

  • Le secret de la Pyramide, les aventures oubliées d’un jeune Sherlock Holmes

    Le secret de la Pyramide, les aventures oubliées d’un jeune Sherlock Holmes

    LE SECRET DE LA PYRAMIDE n’est pas la plus reconnue des adaptations de Sherlock Holmes. Ce film n’est pas non plus le plus reconnu des productions Amblin qui ont fait le bonheur des spectateurs dans les 80s. Pourtant, un certain Steven Spielberg en était le moteur, bien aidé par ses nombreux collaborateurs.

    Levinson à barre

    A Londres en 1870, le jeune John Watson (Alan Cox) fait son entrée dans une nouvelle école. Il y rencontre un autre adolescent à l’esprit de déduction très développé : un certain Sherlock Holmes (Nicholas Rowe). Très vite, Holmes et le futur docteur Watson se lient d’amitié et sont conduits à mener leur première enquête sur une série de meurtres étranges survenus à la suite d’hallucinations épouvantables… Le titre en Version Originale ne représente aucune ambiguïté : YOUNG SHERLOCK HOLMES, comme pour bien montré au public où il met les pieds. Chris Columbus (qui a déjà écrit GREMLINS et LES GOONIES pour Amblin) est l’auteur du script tandis que le prometteur Barry Levinson est choisi au poste de réalisateur. Spielberg a été soufflé par le film LE MEILLEUR et a donc rencontré le cinéaste pour lui proposer de le rejoindre sur LE SECRET DE LA PYRAMIDE. Ce dernier marquera le début d’une décennie de succès pour Levinson qui enchaînera avec GOOD MORNING VIETNAM et le méga-carton RAIN MAN (que Spielberg devait réaliser).

    Le respect de l’oeuvre originelle

    Respectant la trame narrative des romans de Conan Doyle, LE SECRET DE LA PYRAMIDE est un film respectueux de l’univers littéraire dont il s’inspire. Même s’il créé, il ne trahit pas. L’équipe technique est également parvenue à faire des miracles, parvenant à recréer l’atmosphère authentique de l’époque victorienne avec un soins particulier apporté aux décors. Ces derniers sont l’oeuvre de Michael Ford qui officiait là sur son premier long-métrage. Il officiera par la suite sur trois James Bond (TUER N’EST PAS JOUER, PERMIS DE TUER, GOLDENEYE) et le grandiose TITANIC de James Cameron. Avec LE SECRET DE LA PYRAMIDE, il parvient à mixer l’univers de Doyle avec les codes Amblin bien identifiés. À tel point qu’on ressent ici toute l’influence de Spielberg, beaucoup moins celle de Levinson qui a probablement été fortement guidé par l’esprit du réalisateur d’E.T. Qu’importe, ce savant mélange de talents donne un film unique, rempli de morceaux de bravoure impressionnants.

    Un statut fragile

    Alors pourquoi LE SECRET DE LA PYRAMIDE n’a pas obtenu cette postérité qui fait encore vivre dans l’inconscient collectif des films comme LES GOONIES, GREMLINS ou L’AVENTURE INTERIEURE ? À sa sortie, le long-métrage de Levinson est un échec (à peine 19 millions récoltés pour 18 millions de dollars) et ne sera jamais réellement rattraper par la suite. Il est en quelque sorte tombé dans une forme d’oubli, seulement réedité en blu-ray il y a quelques mois. Même ses acteurs principaux n’ont pas connu une carrière à la hauteur (Nicholas Rowe et Alan Cox n’ont pas rejoué de premier rôle au cinéma et sont apparus plusieurs fois dans quelques épisodes de séries Tv). Reste qu’aujourd’hui, de nombreux cinéphiles lui vouent une véritable et juste admiration, tant ce film parvient à nous emmener dans son univers du début à la fin, témoignant de la richesse d’un studio qui aura sorti d’innombrables pépites.

  • Usual Suspects, l’histoire d’un film renversant

    Usual Suspects, l’histoire d’un film renversant

    Aux Etats-Unis, on a utilisé USUAL SUSPECTS pour tester la perspicacité de certains inspecteurs. Une anecdote cocasse, mais qui témoigne de la force d’évocation du film réalisé par Bryan Singer. Un véritable chef-d’oeuvre qui continue toujours d’impressionner plus de 27 ans après sa sortie.

    L’art du twist

    C’est lors de la projection de son premier long-métrage, ENNEMI PUBLIC, que Singer met en place le puzzle mental que sera son projet. Kevin Spacey, impressionné par la maîtrise du jeune cinéaste, veut être dans son prochain film. Flatté, Singer lui souffle dans l’oreille qu’il est déjà en train de travailler dessus.

    Le pitch est faussement simple. Suite à une mystérieuse dénonciation, cinq criminels se retrouvent en garde à vue. Ils sont ensuite engagés par un homme mystérieux, celui qui deviendra le fameux Keyser Söze. De ce postulat, Singer met en place un redoutable jeu du chat et de la souris qui aboutira à l’un des plus grands épilogues de l’Histoire du cinéma. Ce n’est pas tant la révélation en elle-même qui frappe, mais plutôt son développement. Toute l’intrigue mène vers ce moment fatidique. Elle embarque le spectateur vers des fausses pistes et le plonge dans la tête de cet homme sans qu’il ne le sache vraiment. Pourtant, aussi brillant soit-il, le scénario écrit par Christopher McQuarrie (désormais réalisateur attitré de la saga MISSION IMPOSSIBLE) eu beaucoup de mal à trouver preneur. Néanmoins, un budget de six millions est acquis grâce à l’engagement du producteur allemand Hans Brockman. Cet argent permet à Singer d’engager quelques acteurs, mais pas assez « bankable » aux yeux des grands studios.

    L’art du montage

    De grands têtes d’affiche refuseront le film, comme Robert de Niro, Al Pacino ou encore Christopher Walken. Bryan Singer ne s’en offusque pas, lui qui s’apprête à lancer une véritable bombe dans le milieu du 7eme art. Ce procédé du twist final va engranger un nombre incalculable de copies et lancer une vague de prodigieux films. La réussite de ceux-ci tiennent dans leur faculté à soigner le développement avant de penser à impressionner vainement le spectateur. Un twist mal amené, et c’est toute la pyramide

    qui s’effondre. USUAL SUSPECTS impressionne toujours par la multiplication de ses points de vues et la pertinence des théories qui gravitent autour. Il ne fonctionne pas uniquement grâce à son final, mais par l’approche global du scénario et par la qualité indéniable de la mise en scène de Singer. Sans oublier le fabuleux montage qui nous perd volontairement afin de resserrer son emprise au fil des minutes.

    Un impact durable

    USUAL SUSPECTS est d’abord présenté dans les festivals où il commence déjà à faire du bruit et notamment à Cannes qui accueille la Première Mondiale. Les réactions furent tellement enthousiastes que les médias internationaux ont commencé à s’intéresser à ce « petit » film fait par un réalisateur quasi-inconnu. L’engouement est là lorsque USUAL SUSPECTS sort durant l’été 1995. Il connaîtra un beau succès en salles avec 51 millions de dollars de recettes mondiales. Aujourd’hui, on peut admettre sans sourciller que le long-métrage de Bryan Singer a changé la manière de raconter une histoire au cinéma tout en s’imposant comme l’une des oeuvres les plus brillantes des 90s.

  • Les brèves de grands films : Le Samouraï

    Les brèves de grands films : Le Samouraï

    Cette rubrique s’intéresse, chaque semaine, à un grand film (et pas toujours les plus connus) en résumant en quelques lignes sa petite histoire. En somme, une brève, un texte court et une information concise !

    LE SAMOURAÏ réalisé par Jean-Pierre Melville (1967)

    Le pitch : Jef Costello, dit le Samouraï est un tueur à gages. Alors qu’il sort du bureau où git le cadavre de Martey, sa dernière cible, il croise la pianiste du club, Valérie. En dépit d’un bon alibi, il est suspecté du meurtre par le commissaire chargé de l’enquête. Lorsqu’elle est interrogée par celui-ci, la pianiste feint ne pas le reconnaître. Relâché, Jeff cherche à comprendre la raison pour laquelle la jeune femme a agi de la sorte.

    Autour du film : Alain Delon a proposé à Jean-Pierre Melville plusieurs adaptations de romans toutes refusées à cause des droits qui compliquent régulièrement la donne. C’est dans ce contexte que le cinéaste propose un écrit original au comédien, une histoire qu’il a lui-même écrite quelques années plus tôt pour laquelle il avait Delon en tête. Ce dernier accepta le projet avec beaucoup d’enthousiasme.

    La réplique : « Arrêté, je deviens un danger pour l’intermédiaire ».

    Le film : Chef-d’oeuvre de précision, ce long-métrage est indubitablement l’un des plus épurés de son auteur, capable d’imprimer durablement les esprits avec un minimum d’éléments. Costello est un personnage-fantôme, un être de façade sans identité et froid, une véritable âme errante magnifiée par la sobre prestation d’Alain Delon. LE SAMOURAÏ est un film fascinant qui n’a rien perdu de sa force plus de 57 ans après.

    EQUIPE TECHNIQUE

    Casting : Alain Delon – François Périer – Nathalie Delon – Cathy Rosier – Michel Boisrond

    Musique : François de Roubaix

    Photographie : Henri Decäe

    Décors : François de Lamothe

    Scénario : Jean-Pierre Melville – Georges Pellegrin

    Réalisation : Jean-Pierre Melville

  • Critique de GODZILLA x KONG, LE NOUVEL EMPIRE

    Critique de GODZILLA x KONG, LE NOUVEL EMPIRE

    Cinquième épisode du désormais fameux MonsterVerse de la Warner Bros, GODZILLA x KONG a définitivement abandonné toute notion de gravité pour exposer un gros Blockbuster régressif qui n’a plus rien d’autre à offrir que du spectacle coloré et bourrin.

    Plus de monstres, moins d’humains

    Principalement concentré sur Kong, ce Nouvel Empire se déroule principalement dans la Terre Creuse, abandonnant en grande partie les intrigues humaines pour se concentrer sur les monstres. Un mal pour un bien, indubitablement, tant les personnages ont eu du mal à exister précédemment (même si ceux du premier GODZILLA et du premier KONG tenaient plutôt bien). C’est en tout cas un point qui avait gâcher GODZILLA vs KONG qui enchaînait les tunnels de dialogues inutiles entre deux combats réjouissants. Autre bonne idée, explorer davantage le monde de la Terre Creuse et sa mythologie, même si celle-ci n’est parfois pas remplie de très bonne idées (je pense notamment à une intrigue messianique que je tairai ici).

    Du fun avant tout

    Si Kong se taille donc la part du lion, Godzilla est étonnamment absent durant une bonne partie du film. Pire, on a vraiment l’impression que les scénaristes ne savent plus quoi faire de ce monstre impressionnant qui reste toujours aussi puissant lorsqu’il apparaît devant la caméra. Globalement, les effets visuels sont réussis et quelques séquences sont assez renversantes (un combat final avec une partie sans gravité qui envoie), le tout dirigé par un antagoniste qui aurait pu être un peu mieux travaillé. Qu’importe, la mission est globalement tenue même si je ne peux m’empêcher de regretter l’ambiance pesante du premier GODZILLA qui est largement abandonnée depuis, laissant place à de grands spectacles inoffensif qui n’ont plus grand chose à offrir d’autre que de la destruction massive. Ça détend, c’est plutôt bien fait et le duo Kong / Godzilla possédera toujours un aspect fascinant. Mais on commence clairement à tourner en rond.

    AVIS GLOBAL : GODZILLA x KONG est un véritable défouloir qui se préoccupe avant tout de ses monstres pour enchaîner les morceaux de bravoure. Pas une mauvaise idée en soi, mais la recette s’essouffle.

    NOTE :

    Note : 2.5 sur 5.

    GODZILLA x KONG, LE NOUVEL EMPIRE est désormais disponible dans les salles de cinéma.

  • Pulsions, le thriller étouffant de Brian de Palma

    Pulsions, le thriller étouffant de Brian de Palma

    En 1980, Brian de Palma vient de voir sa carrière décoller six ans plus tôt avec l’extraordinaire PHANTOM OF THE PARADISE. Ensuite, OBSESSION et CARRIE AU BAL DU DIABLE confirmèrent cette promesse avant que l’échec de FURIE ne replonge le cinéaste dans le doute. Avec PULSIONS, il va mettre en scène un thriller où l’érotisme et les déviances sont rois. 

    Inspiré par la télévision

    L’idée lui est venue en regardant des talk-show sur les personnes transgenres, émissions assez courantes à l’époque, qui l’ont poussé à s’intéresser à ce thème. Dans les années 70, le cinéaste écrivit un scénario sur des assassinats dans la communauté gay, inspiré d’un article de journal écrit par Gerald Walker. Malheureusement, il ne pourra pas en obtenir les droits qui sont détenus par William Friedkin qui mettra en scène le formidable LA CHASSE en 1980. De Palma conservera quelques éléments, mais partira dans une autre direction. Il veut rendre hommage à son modèle, un certain Alfred Hitchcock, et annonce clairement ses intentions en se basant sur la construction narrative d’un PSYCHOSE. 

    Interdit aux moins de 16 ans à sa sortie, PULSIONS se concentre sur Kate Miller  (Angie Dickinson) qui souffre de fantasmes érotiques si vivaces qu’elle a du mal à faire la part des choses entre rêve et réalité. Un matin, elle se rend alors chez son psychiatre, Robert Elliot (Michael Caine), pour lui parler de ses déceptions sexuelles avec son mari. En se rendant au musée, Kate séduit un homme qui l’emmène dans son appartement pour y passer la nuit. Le lendemain matin, en prenant l’ascenseur pour quitter l’immeuble, Kate est atrocement assassinée à coups de rasoir par une femme bonde portant de grosses lunettes noires. Liz Blake, une call-girl (interprétée par Nancy Allen), est témoin du crime. 

    Une maîtrise absolue de la mise en scène

    Avec ce film, de Palma affirme son identité et devient l’héritier véritable d’Alfred Hitchcock. Revoir PULSIONS aujourd’hui est un exercice intéressant puisqu’on se rend compte de toute la maîtrise de la mise en scène, là où l’aspect narratif paraît quelques fois farfelu. C’est le moment où le réalisateur dévoile toute sa puissance visuelle, celle qu’il a déjà expérimentée dans PHANTOM OF THE PARADISE. Dans le rôle du psychiatre trouble, Michael Caine est impressionnant d’ambiguïté face à une Nancy Allen elle aussi

    remarquable dans un rôle qui prend de plus en plus d’épaisseur au fil des minutes. La sortie du film est malgré tout sujet à controverse puisque la MPAA classe PULSIONS dans la catégorie « X ». Plusieurs associations de droits des homosexuels s’opposent à la sortie de ce long-métrage, mais également à celui de… LA CHASSE (voir plus haut) ! Selon elles, les deux oeuvres renvoient une mauvaise image de la communauté. Les critiques sont mitigées, mais le film fait parler de lui et totalise tout de même 32 millions de dollars pour 6 millions de budget. Un succès qui permet à de Palma d’enchaîner avec BLOW OUT puis un certain SCARFACE…