Critique de BARBIE

Greta Gerwig. Un nom qui va forcément résonner différemment à partir de cette année. Auparavant, c’était une actrice (magnifique dans GREENBERG), scénariste (FRANCES HA) et une réalisatrice déjà saluée (le subtil LADY BIRD, LES FILLES DU DOCTEUR MARCH). Mais avec le mastodonte BARBIE, une nouvelle étape est franchie.

Bon, je ne vais pas vous mentir, comme une grande partie d’entre vous j’avais de grosses réserves lors de l’annonce du projet BARBIE. Comment faire une adaptation cinématographique d’un jouet passé de mode et largement décrié ? Puis, quelque chose s’est passé. La réalisatrice fut nommée, le casting dévoilé (Margot Robbie, Ryan Gosling, Will Ferell,…), les talents se sont cumulés (comme Rodrigo Prieto à la photo, grand collaborateur de Martin Scorsese) puis les premières images ont été montrées. BARBIE n’allait donc pas être un Blockbuster ringard dès sa sortie ?

Cela tient peut-être du miracle, mais ce film n’est en effet pas une coquille vide. Derrière ses teintes roses et ses délires satiriques, se cache une histoire avec du fond qui n’expose pas un féminisme de pacotille, mais qui offre au contraire la possibilité à cette poupée de racheter son image. Passée une introduction qui laisse craindre le pire, BARBIE s’envole soudainement lorsque les deux protagonistes quittent le monde fantastique pour se confronter au monde réel. La confrontation est savoureuse tout autant que l’arrivée dans le récit de Gloria (excellente America Ferrera), une mère de famille lambda qui vit une existence banale et sans magie. À partir de là, Gerwig peut enfin libérer les chevaux et s’adonner au fond même de son projet. Elle pousse tous les curseurs de l’humour dans le rouge (l’entreprise Mattel est

totalement tournée au ridicule) et libère sa parole féministe pour transformer Barbie en femme avec tout ce que cela suggère de forces, de failles, de qualités et de défauts. Margot Robbie exploite tous ses talents (euphorie, naïveté, tristesse, humour) et trouve en Ryan Gosling un contrepoint idéal.

Car oui, il y a aussi Ken dans cette histoire. Ken qui ne peut vivre sans Barbie. Ken qui n’est rien sans Barbie. Ken qui se lamente d’être inexistant. Dans le monde de Greta Gerwig, tout le monde cherche la reconnaissance de l’autre et cette thématique est exacerbée concernant cet alter ego masculin. Gosling est royal, déchaîné, en lâcher prise total. Il interprète un personnage perdu et un homme (en plastique) qui se cherche, incapable de comprendre correctement le monde dans lequel il vit. Est-il quelqu’un sans l’amour de sa belle ? Décomplexé, le film aborde des tas de sujets qui font mouche et déstabilisent : qui pouvait imaginer que BARBIE chargerait autant la mule ? Tout en intégrant une partie musicale (dans une séquence dingo), des références (coucou les Monty Pythons), de la provoc (la scène finale) et de l’émotion. La Warner Bros a donc laissé les mains libres à son auteure et c’est une véritable bénédiction. Son carton mondial en salles n’en est que plus salvateur.

AVIS GLOBAL : Délirant, charmant et même (im)pertinent, BARBIE est un drôle de film qui ressemble totalement à son auteure tout en replaçant la célèbre poupée au sommet de sa catégorie. Un coup de génie porté par un casting royal.

NOTE :

Note : 3 sur 5.

BARBIE est actuellement disponible dans les salles de cinéma.

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