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  • Le secret de la Pyramide, les aventures oubliées d’un jeune Sherlock Holmes

    Le secret de la Pyramide, les aventures oubliées d’un jeune Sherlock Holmes

    LE SECRET DE LA PYRAMIDE n’est pas la plus reconnue des adaptations de Sherlock Holmes. Ce film n’est pas non plus le plus reconnu des productions Amblin qui ont fait le bonheur des spectateurs dans les 80s. Pourtant, un certain Steven Spielberg en était le moteur, bien aidé par ses nombreux collaborateurs.

    Levinson à barre

    A Londres en 1870, le jeune John Watson (Alan Cox) fait son entrée dans une nouvelle école. Il y rencontre un autre adolescent à l’esprit de déduction très développé : un certain Sherlock Holmes (Nicholas Rowe). Très vite, Holmes et le futur docteur Watson se lient d’amitié et sont conduits à mener leur première enquête sur une série de meurtres étranges survenus à la suite d’hallucinations épouvantables… Le titre en Version Originale ne représente aucune ambiguïté : YOUNG SHERLOCK HOLMES, comme pour bien montré au public où il met les pieds. Chris Columbus (qui a déjà écrit GREMLINS et LES GOONIES pour Amblin) est l’auteur du script tandis que le prometteur Barry Levinson est choisi au poste de réalisateur. Spielberg a été soufflé par le film LE MEILLEUR et a donc rencontré le cinéaste pour lui proposer de le rejoindre sur LE SECRET DE LA PYRAMIDE. Ce dernier marquera le début d’une décennie de succès pour Levinson qui enchaînera avec GOOD MORNING VIETNAM et le méga-carton RAIN MAN (que Spielberg devait réaliser).

    Le respect de l’oeuvre originelle

    Respectant la trame narrative des romans de Conan Doyle, LE SECRET DE LA PYRAMIDE est un film respectueux de l’univers littéraire dont il s’inspire. Même s’il créé, il ne trahit pas. L’équipe technique est également parvenue à faire des miracles, parvenant à recréer l’atmosphère authentique de l’époque victorienne avec un soins particulier apporté aux décors. Ces derniers sont l’oeuvre de Michael Ford qui officiait là sur son premier long-métrage. Il officiera par la suite sur trois James Bond (TUER N’EST PAS JOUER, PERMIS DE TUER, GOLDENEYE) et le grandiose TITANIC de James Cameron. Avec LE SECRET DE LA PYRAMIDE, il parvient à mixer l’univers de Doyle avec les codes Amblin bien identifiés. À tel point qu’on ressent ici toute l’influence de Spielberg, beaucoup moins celle de Levinson qui a probablement été fortement guidé par l’esprit du réalisateur d’E.T. Qu’importe, ce savant mélange de talents donne un film unique, rempli de morceaux de bravoure impressionnants.

    Un statut fragile

    Alors pourquoi LE SECRET DE LA PYRAMIDE n’a pas obtenu cette postérité qui fait encore vivre dans l’inconscient collectif des films comme LES GOONIES, GREMLINS ou L’AVENTURE INTERIEURE ? À sa sortie, le long-métrage de Levinson est un échec (à peine 19 millions récoltés pour 18 millions de dollars) et ne sera jamais réellement rattraper par la suite. Il est en quelque sorte tombé dans une forme d’oubli, seulement réedité en blu-ray il y a quelques mois. Même ses acteurs principaux n’ont pas connu une carrière à la hauteur (Nicholas Rowe et Alan Cox n’ont pas rejoué de premier rôle au cinéma et sont apparus plusieurs fois dans quelques épisodes de séries Tv). Reste qu’aujourd’hui, de nombreux cinéphiles lui vouent une véritable et juste admiration, tant ce film parvient à nous emmener dans son univers du début à la fin, témoignant de la richesse d’un studio qui aura sorti d’innombrables pépites.

  • Usual Suspects, l’histoire d’un film renversant

    Usual Suspects, l’histoire d’un film renversant

    Aux Etats-Unis, on a utilisé USUAL SUSPECTS pour tester la perspicacité de certains inspecteurs. Une anecdote cocasse, mais qui témoigne de la force d’évocation du film réalisé par Bryan Singer. Un véritable chef-d’oeuvre qui continue toujours d’impressionner plus de 27 ans après sa sortie.

    L’art du twist

    C’est lors de la projection de son premier long-métrage, ENNEMI PUBLIC, que Singer met en place le puzzle mental que sera son projet. Kevin Spacey, impressionné par la maîtrise du jeune cinéaste, veut être dans son prochain film. Flatté, Singer lui souffle dans l’oreille qu’il est déjà en train de travailler dessus.

    Le pitch est faussement simple. Suite à une mystérieuse dénonciation, cinq criminels se retrouvent en garde à vue. Ils sont ensuite engagés par un homme mystérieux, celui qui deviendra le fameux Keyser Söze. De ce postulat, Singer met en place un redoutable jeu du chat et de la souris qui aboutira à l’un des plus grands épilogues de l’Histoire du cinéma. Ce n’est pas tant la révélation en elle-même qui frappe, mais plutôt son développement. Toute l’intrigue mène vers ce moment fatidique. Elle embarque le spectateur vers des fausses pistes et le plonge dans la tête de cet homme sans qu’il ne le sache vraiment. Pourtant, aussi brillant soit-il, le scénario écrit par Christopher McQuarrie (désormais réalisateur attitré de la saga MISSION IMPOSSIBLE) eu beaucoup de mal à trouver preneur. Néanmoins, un budget de six millions est acquis grâce à l’engagement du producteur allemand Hans Brockman. Cet argent permet à Singer d’engager quelques acteurs, mais pas assez « bankable » aux yeux des grands studios.

    L’art du montage

    De grands têtes d’affiche refuseront le film, comme Robert de Niro, Al Pacino ou encore Christopher Walken. Bryan Singer ne s’en offusque pas, lui qui s’apprête à lancer une véritable bombe dans le milieu du 7eme art. Ce procédé du twist final va engranger un nombre incalculable de copies et lancer une vague de prodigieux films. La réussite de ceux-ci tiennent dans leur faculté à soigner le développement avant de penser à impressionner vainement le spectateur. Un twist mal amené, et c’est toute la pyramide

    qui s’effondre. USUAL SUSPECTS impressionne toujours par la multiplication de ses points de vues et la pertinence des théories qui gravitent autour. Il ne fonctionne pas uniquement grâce à son final, mais par l’approche global du scénario et par la qualité indéniable de la mise en scène de Singer. Sans oublier le fabuleux montage qui nous perd volontairement afin de resserrer son emprise au fil des minutes.

    Un impact durable

    USUAL SUSPECTS est d’abord présenté dans les festivals où il commence déjà à faire du bruit et notamment à Cannes qui accueille la Première Mondiale. Les réactions furent tellement enthousiastes que les médias internationaux ont commencé à s’intéresser à ce « petit » film fait par un réalisateur quasi-inconnu. L’engouement est là lorsque USUAL SUSPECTS sort durant l’été 1995. Il connaîtra un beau succès en salles avec 51 millions de dollars de recettes mondiales. Aujourd’hui, on peut admettre sans sourciller que le long-métrage de Bryan Singer a changé la manière de raconter une histoire au cinéma tout en s’imposant comme l’une des oeuvres les plus brillantes des 90s.

  • Les brèves de grands films : Le Samouraï

    Les brèves de grands films : Le Samouraï

    Cette rubrique s’intéresse, chaque semaine, à un grand film (et pas toujours les plus connus) en résumant en quelques lignes sa petite histoire. En somme, une brève, un texte court et une information concise !

    LE SAMOURAÏ réalisé par Jean-Pierre Melville (1967)

    Le pitch : Jef Costello, dit le Samouraï est un tueur à gages. Alors qu’il sort du bureau où git le cadavre de Martey, sa dernière cible, il croise la pianiste du club, Valérie. En dépit d’un bon alibi, il est suspecté du meurtre par le commissaire chargé de l’enquête. Lorsqu’elle est interrogée par celui-ci, la pianiste feint ne pas le reconnaître. Relâché, Jeff cherche à comprendre la raison pour laquelle la jeune femme a agi de la sorte.

    Autour du film : Alain Delon a proposé à Jean-Pierre Melville plusieurs adaptations de romans toutes refusées à cause des droits qui compliquent régulièrement la donne. C’est dans ce contexte que le cinéaste propose un écrit original au comédien, une histoire qu’il a lui-même écrite quelques années plus tôt pour laquelle il avait Delon en tête. Ce dernier accepta le projet avec beaucoup d’enthousiasme.

    La réplique : « Arrêté, je deviens un danger pour l’intermédiaire ».

    Le film : Chef-d’oeuvre de précision, ce long-métrage est indubitablement l’un des plus épurés de son auteur, capable d’imprimer durablement les esprits avec un minimum d’éléments. Costello est un personnage-fantôme, un être de façade sans identité et froid, une véritable âme errante magnifiée par la sobre prestation d’Alain Delon. LE SAMOURAÏ est un film fascinant qui n’a rien perdu de sa force plus de 57 ans après.

    EQUIPE TECHNIQUE

    Casting : Alain Delon – François Périer – Nathalie Delon – Cathy Rosier – Michel Boisrond

    Musique : François de Roubaix

    Photographie : Henri Decäe

    Décors : François de Lamothe

    Scénario : Jean-Pierre Melville – Georges Pellegrin

    Réalisation : Jean-Pierre Melville

  • Critique de GODZILLA x KONG, LE NOUVEL EMPIRE

    Critique de GODZILLA x KONG, LE NOUVEL EMPIRE

    Cinquième épisode du désormais fameux MonsterVerse de la Warner Bros, GODZILLA x KONG a définitivement abandonné toute notion de gravité pour exposer un gros Blockbuster régressif qui n’a plus rien d’autre à offrir que du spectacle coloré et bourrin.

    Plus de monstres, moins d’humains

    Principalement concentré sur Kong, ce Nouvel Empire se déroule principalement dans la Terre Creuse, abandonnant en grande partie les intrigues humaines pour se concentrer sur les monstres. Un mal pour un bien, indubitablement, tant les personnages ont eu du mal à exister précédemment (même si ceux du premier GODZILLA et du premier KONG tenaient plutôt bien). C’est en tout cas un point qui avait gâcher GODZILLA vs KONG qui enchaînait les tunnels de dialogues inutiles entre deux combats réjouissants. Autre bonne idée, explorer davantage le monde de la Terre Creuse et sa mythologie, même si celle-ci n’est parfois pas remplie de très bonne idées (je pense notamment à une intrigue messianique que je tairai ici).

    Du fun avant tout

    Si Kong se taille donc la part du lion, Godzilla est étonnamment absent durant une bonne partie du film. Pire, on a vraiment l’impression que les scénaristes ne savent plus quoi faire de ce monstre impressionnant qui reste toujours aussi puissant lorsqu’il apparaît devant la caméra. Globalement, les effets visuels sont réussis et quelques séquences sont assez renversantes (un combat final avec une partie sans gravité qui envoie), le tout dirigé par un antagoniste qui aurait pu être un peu mieux travaillé. Qu’importe, la mission est globalement tenue même si je ne peux m’empêcher de regretter l’ambiance pesante du premier GODZILLA qui est largement abandonnée depuis, laissant place à de grands spectacles inoffensif qui n’ont plus grand chose à offrir d’autre que de la destruction massive. Ça détend, c’est plutôt bien fait et le duo Kong / Godzilla possédera toujours un aspect fascinant. Mais on commence clairement à tourner en rond.

    AVIS GLOBAL : GODZILLA x KONG est un véritable défouloir qui se préoccupe avant tout de ses monstres pour enchaîner les morceaux de bravoure. Pas une mauvaise idée en soi, mais la recette s’essouffle.

    NOTE :

    Note : 2.5 sur 5.

    GODZILLA x KONG, LE NOUVEL EMPIRE est désormais disponible dans les salles de cinéma.

  • Pulsions, le thriller étouffant de Brian de Palma

    Pulsions, le thriller étouffant de Brian de Palma

    En 1980, Brian de Palma vient de voir sa carrière décoller six ans plus tôt avec l’extraordinaire PHANTOM OF THE PARADISE. Ensuite, OBSESSION et CARRIE AU BAL DU DIABLE confirmèrent cette promesse avant que l’échec de FURIE ne replonge le cinéaste dans le doute. Avec PULSIONS, il va mettre en scène un thriller où l’érotisme et les déviances sont rois. 

    Inspiré par la télévision

    L’idée lui est venue en regardant des talk-show sur les personnes transgenres, émissions assez courantes à l’époque, qui l’ont poussé à s’intéresser à ce thème. Dans les années 70, le cinéaste écrivit un scénario sur des assassinats dans la communauté gay, inspiré d’un article de journal écrit par Gerald Walker. Malheureusement, il ne pourra pas en obtenir les droits qui sont détenus par William Friedkin qui mettra en scène le formidable LA CHASSE en 1980. De Palma conservera quelques éléments, mais partira dans une autre direction. Il veut rendre hommage à son modèle, un certain Alfred Hitchcock, et annonce clairement ses intentions en se basant sur la construction narrative d’un PSYCHOSE. 

    Interdit aux moins de 16 ans à sa sortie, PULSIONS se concentre sur Kate Miller  (Angie Dickinson) qui souffre de fantasmes érotiques si vivaces qu’elle a du mal à faire la part des choses entre rêve et réalité. Un matin, elle se rend alors chez son psychiatre, Robert Elliot (Michael Caine), pour lui parler de ses déceptions sexuelles avec son mari. En se rendant au musée, Kate séduit un homme qui l’emmène dans son appartement pour y passer la nuit. Le lendemain matin, en prenant l’ascenseur pour quitter l’immeuble, Kate est atrocement assassinée à coups de rasoir par une femme bonde portant de grosses lunettes noires. Liz Blake, une call-girl (interprétée par Nancy Allen), est témoin du crime. 

    Une maîtrise absolue de la mise en scène

    Avec ce film, de Palma affirme son identité et devient l’héritier véritable d’Alfred Hitchcock. Revoir PULSIONS aujourd’hui est un exercice intéressant puisqu’on se rend compte de toute la maîtrise de la mise en scène, là où l’aspect narratif paraît quelques fois farfelu. C’est le moment où le réalisateur dévoile toute sa puissance visuelle, celle qu’il a déjà expérimentée dans PHANTOM OF THE PARADISE. Dans le rôle du psychiatre trouble, Michael Caine est impressionnant d’ambiguïté face à une Nancy Allen elle aussi

    remarquable dans un rôle qui prend de plus en plus d’épaisseur au fil des minutes. La sortie du film est malgré tout sujet à controverse puisque la MPAA classe PULSIONS dans la catégorie « X ». Plusieurs associations de droits des homosexuels s’opposent à la sortie de ce long-métrage, mais également à celui de… LA CHASSE (voir plus haut) ! Selon elles, les deux oeuvres renvoient une mauvaise image de la communauté. Les critiques sont mitigées, mais le film fait parler de lui et totalise tout de même 32 millions de dollars pour 6 millions de budget. Un succès qui permet à de Palma d’enchaîner avec BLOW OUT puis un certain SCARFACE…

  • La colline des hommes perdus, l’union entre Sean Connery et Sydney Lumet

    La colline des hommes perdus, l’union entre Sean Connery et Sydney Lumet

    En pleine période de réflexion sur son avenir, Sean Connery va trouver un cinéaste avec lequel il va pouvoir développer d’autres facettes de son jeu, ce qu’il regrette en incarnant James Bond depuis de nombreuses années déjà. Dans LA COLLINE DES HOMMES PERDUS, il retrouvera un second souffle en tant que comédien.  

    Une rencontre

    Nous sommes en 1964. 007 GOLDFINGER cartonne et OPERATION TONNERRE est déjà en cours de production. Cependant, l’acteur aimerait aussi voir un peu ailleurs et essayer d’autres horizons comme celui qu’il a entraperçu avec Alfred Hitchcock dans PAS DE PRINTEMPS POUR MARNIE. Au coeur de sa décennie Bond, il va faire la rencontre d’un réalisateur qui lui permettra de densifier son jeu : Sydney Lumet. Certes, ce dernier ne possède pas encore une carrière s’étendant sur plusieurs décennies, mais il est déjà largement reconnu grâce au chef-d’oeuvre DOUZE HOMMES EN COLERE en 1957 (son premier film, on le rappelle…). Il signera sept autres longs-métrages dont le mémorable LONG VOYAGE VERS LA NUIT. Son union avec Connery sera déterminante. 

    Contre la guerre

    Dans ce drame antimilitariste qu’est LA COLLINE DES HOMMES PERDUS, l’acteur doit composer avec un scénario tragique et brutal, très éloigné du côté cool et glamour de 007. Durant la seconde guerre mondiale, un camp disciplinaire situé en Lybie et dirigé par le sergent-major Wilson accueille cinq nouveaux prisonniers. Le terrible et très cruel sergent Williams (interprété par un monstrueux Ian Hendry) est nommé par Wilson (Harry Andrews) pour en faire ce qu’il estime de vrais soldats. Sous un soleil de plomb et face au défi d’une colline artificielle installée au milieu du camp pour les malmener, les cinq hommes doivent affronter l’autorité du sergent Williams. 

    Intense, Sean Connery réalise une belle performance et s’ouvre une nouvelle porte. D’abord, il poursuivra sa carrière avec Lumet dans LE DOSSIER ANDERSON en 1971, THE OFFENCE en 1973, un véritable chef-d’oeuvre d’une noirceur absolue qui fut interdit durant de longues années en France, puis LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS en 1974 et enfin FAMILY BUSINESS en 1989. Par la suite, il tournera avec John Boorman (ZARDOZ), John Huston (le fabuleux L’HOMME QUI VOULUT ETRE ROI), Richard Lester (LA ROSE ET LA FLECHE) ou encore Richard Attenborough (UN PONT TROP LOIN).  

  • Chasse à l’homme, la première virée hollywoodienne de John Woo

    Chasse à l’homme, la première virée hollywoodienne de John Woo

    Devenu l’un des chefs de file du cinéma d’action chinois, John Woo a frappé fort avec À TOUTE EPREUVE qui marquera donc la fin de la première période de sa carrière (la meilleure diront ses fans). En 1992, direction Hollywood et le confort financier avec la direction de stars à la clé.

    Le bon projet

    Woo n’est pas déjà plus un inconnu pour les studios qui voulaient déjà le recruter après le choc THE KILLER. Cette fois, UNIVERSAL PICTURES l’engage après que le cinéaste eut lu de nombreux scripts qu’il refusa. « Certains étaient bons » déclarera-t-il. « Certains étaient très bons, mais les autres étaient simplement des films d’arts martiaux et j’ai dit aux producteurs que je n’avais plus aucun intérêt à faire ce genre de films. J’en avais déjà fait beaucoup ». Le scénario de CHASSE À L’HOMME, écrit par Chuck Pfarrer, avait déjà eu quelques courtisans dans le milieu, mais il ne s’est jamais monté pour diverses raisons. Cette fois, avec Woo à la barre, c’est la bonne même si UNIVERSAL doute de son niveau d’anglais et préfère lui adjoindre un collaborateur de luxe pour l’accompagner : un certain Sam Raimi.

    L’association Woo / Van Damme

    L’arrivée de Jean-Claude Van Damme dessine les contours de cette oeuvre qui sera pensée uniquement comme un film dédié à sa star. Bien sûr, la présence de Woo derrière la caméra ravit les cinéphiles, mais le grand public n’en a cure : la plupart ne connaît pas les travaux du bonhomme et se fie plutôt à la superstar en tête d’affiche. Superstar qui est admirative du réalisateur. La réciproque n’étant pas réellement avérée… Pas que Woo ait eu une dent contre Van-Damme, mais il avait une préférence pour Kurt Russell qui ne pouvait pas se rendre disponible. Il faut alors réviser le script et l’adapter à la star. Woo le rend plus spectaculaire et se rend rapidement compte des prouesses que l’acteur belge est capable de réaliser. « Il avait confiance en mes capacités » dira le cinéaste. « Je sais comment faire en sorte

    qu’un acteur ait l’air bien à l’écran, le faire ressembler à un héros. J’ai pu faire la même chose avec lui. ». Il ajoutera également. « Il a un grand ego, mais est toujours professionnel et essaie toujours de faire du bon travail. ».

    Perte de contrôle

    Le cinéaste doit ensuite s’accommoder du système américain (comme les projections tests) et s’aperçoit qu’il n’a pas le contrôle de son oeuvre. Après la publication d’un premier montage, Van Damme reprend les rênes et s’enferme durant deux jours avec son monteur pour se faire plus de place dans le film. L’acteur se justifiera en disant que les spectateurs viennent voir un film de Van Damme et pas de Lance Henriksen (le comédien qui lui vole la vedette en incarnant Emil Fouchon). Avec 73 millions de dollars de recettes, CHASSE À L’HOMME est un succès puisque produit pour 15 millions. John Woo, de son côté, sera assez déçu de sa première excursion américaine puisqu’il s’aperçoit que son style et ses effets de mise en scène sont largement bridés. Il connaîtra plus de latitude par la suite avec BROKEN ARROW et, surtout, VOLET/FACE.

  • Gladiator 2, le rôle de Denzel Washington expliqué par Ridley Scott

    Gladiator 2, le rôle de Denzel Washington expliqué par Ridley Scott

    Assurément, la suite de GLADIATOR est un événement. Vingt-trois ans après le film sensationnel porté par Russell Crowe, Ridley Scott poursuit l’histoire avec un nouveau casting et une ambition toujours aussi grande. Les premières images du film ont été dévoilées au CinemaCon qui s’est déroulé cette semaine et ont apparemment impressionné l’assemblée.

    Pour la liberté

    Et dans cette distribution, on y retrouve Denzel Washington engagé pour un rôle important. L’acteur jouera le rôle d’un homme qui a été malmené par les Romains, marqué comme un esclave et forcé de se battre pour gagner sa liberté en tant que gladiateur. Ça ne vous rappelle rien ? Ce destin renvoie à celui de Maximus qui n’a malheureusement pas pu connaître de suite après sa fin tragique. « Il y avait des gladiateurs qui pouvaient gagner leur liberté et rester en vie pour monter les échelons sociales » a expliqué Ridley Scott. « Nous sommes donc allés dans cette direction. D’où vient-il ? Comment a-t-il été pris ? C’est un homme marqué sur sa poitrine en tant qu’esclave et, malgré son statut acquis, il a toujours beaucoup de rancune. ».

    Durant la période de l’Empire romain, les esclaves avaient la possibilité de gagner leur liberté en l’achetant ou en l’obtenant par le biais de grandes actions. Il semblerait que le personnage incarné par Washington l’ait acquise et qu’il soit par la suite devenu riche. Tout en gardant beaucoup de ressentiment envers l’Empire qui l’a asservi. Nous verrons comment il s’insérera dans le récit de GLADIATOR 2 se concentrera sur Lucius (incarné par Paul Mescal), le fils de Lucilla (Connie Nielsen) et neveu de Commode, qui s’avère être admiratif du parcours de Maximus. Scott a qualifié cette suite comme « plus extraordinaire que le premier ». Espérons que nous pourrons voir une bande-annonce prochainement.

    GLADIATOR 2 devrait sortir le 20 novembre 2024.

  • Open Range, Kevin Costner et l’Ouest américain

    Open Range, Kevin Costner et l’Ouest américain

    Six ans après l’échec de POSTMAN, Kevin Costner revient à la réalisation avec OPEN RANGE, un western plus classique qui adapte le roman écrit par Lauran Paine, THE OPEN RANGE PAIN.

    L’hommage à un genre oublié

    Le film suit Boss Spearman (Robert Duvall), Charley Waite (Kevin Costner), Mose Harrison (Abraham Benrubi) et Button (Diego Luna) qui mènent leurs troupeaux à travers les vastes plaines de l’Ouest. Les quatre hommes partagent une amitié basée sur un solide code d’honneur. Leur migration les conduit à

    Harmonville, un patelin sous la férule d’un shérif corrompu et d’un rancher tyrannique. Boss et Charley se trouvent irrémédiablement entraînés vers une confrontation avec les dirigeants de la petite ville pour protéger la liberté et les valeurs rattachées à leur style de vie d’une autre époque. Dans la tourmente, la vie de Charley est bouleversée par sa rencontre avec Sue Barlow (Annette Benning), une femme superbe et chaleureuse qui séduit à la fois son coeur et son esprit…

    Alors que sa carrière décroit progressivement, Kevin Costner se lance dans un nouveau projet un peu malgré lui. Rien ne le prédestinait à s’occuper de cette adaptation assez ambitieuse sur le papier. « Que ce soit pour mes deux premiers films ou pour celui-ci, je n’ai pas décidé d’emblée d’en devenir le réalisateur. Cela s’est imposé naturellement, parce que j’ai trouvé les scénarios, les ai développés, et que ces histoires trouvaient un véritable écho en moi au point de m’habiter« . Il se met à la tâche dans l’idée de revenir aux racines même d’un genre dont l’âge d’or est désormais éloigné. Le western ne se produit pratiquement plus, Hollywood ne voulant plus dépenser d’importantes sommes d’argent pour des histoires de cow-boy. L’influence de Costner change un peu la donne, mais réunir un budget de 22 millions de dollars n’aura pas été une partie de plaisir pour le cinéaste qui peut toujours s’appuyer sur la boîte TIG PRODUCTIONS (dirigée par… Kevin Costner) et le studio Disney qui assure la distribution américaine. « Prendre une option sur ce livre relevait de la pure folie étant donnée la réticence d’Hollywood à ce genre cinématographique… »  raconta le scénariste Craig Storper. « Le dernier vrai succès dans ce domaine a été IMPITOYABLE, il y a déjà plus de dix ans. Il faut vraiment croire à l’histoire et trouver les partenaires qui ont les tripes pour la raconter avec vous« .

    Un décor fabuleux mais capricieux

    Pour Costner, renouer avec le western relevait de l’évidence. « Nous avons tous dans le coeur ces images et ces sentiments venus de grands westerns. OPEN RANGE nous entraîne vers cela et nous y plonge. Je crois que la plupart des gens aiment le western d’abord à cause des valeurs simples et cohérentes qu’il défend.« . Les repérages seront longs pour le cinéaste qui désire tourner dans d’importants décors naturels. Il pense tourner dans les montagnes du Montana avant de constater que la région s’est trop modernisée et ne ressemble plus à ce qu’elle était à l’époque. Il opte alors pour le Canada à Longview, mais l’endroit ne sera pas forcément propice à un tournage d’une telle ampleur. En effet, la production devra tracer une route pour relier le camp de base au lieu choisi. Malheureusement, les conditions sont difficiles entre vents violents, neige et inondation causée par… un barrage de castors ! Des complications qui sont habituelles pour Costner après DANSE AVEC LES LOUPS, WATERWORLD et POSTMAN… Pour le casting, le choix de Robert Duvall est une évidence pour le cinéaste qui saura convaincre le comédien de l’accompagner en tête d’affiche. Autre gros coup, la présence de Michael Gambon, un acteur désormais très identifié du grand public après avoir incarné Dumbledore dans la saga HARRY POTTER (à partir du troisième opus). Pour incarner le terrible Denton Baxter, il fallait un acteur de caractère doté d’une présence magnétique immédiate à l’écran. Gambon aima particulièrement l’expérience. « J’ai adoré l’idée de jouer dans un western ! Pour un Anglais, c’est un rêve… Et le meilleur rôle, c’est celui du méchant !« .

    Le classicisme d’OPEN RANGE ne joue jamais en sa défaveur. Au contraire, il rend hommage à un genre particulièrement apprécié des cinéphiles qui s’est éteint au fil des années. Si le film de Costner ne relancera pas la popularité du genre, les recettes se révéleront satisfaisantes (68 millions de dollars récoltés) même si la presse restera mitigée, celle-ci reprochant un certain manque de souffle d’originalité. Pourtant, difficile de bouder son plaisir devant cette oeuvre magistralement incarnée par un casting parfait et mis en scène d’une main de maître par un Kevin Costner inspiré. S’appuyant sur une photographie soignée signée James M.Muro, le cinéaste contemple les vestiges d’un monde perdu avec une passion évidente.

  • L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, l’histoire d’une renaissance

    L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, l’histoire d’une renaissance

    De loin, L’HOMME QUI MURMURAIT À L’OREILLE DES CHEVAUX est le plus gros succès de Robert Redford en tant que cinéaste. Odyssée mélodramatique puissante, plans d’une beauté à couper le souffle, mélodie élégante, casting étincelant, le film de Redford est un peu tout ça à la fois.

    Vingt-trois plus tard, il reste cette idée d’un cinéma suranné, d’un temps où majors étaient prêtes à engager 60 millions de dollars sur un film original de près de trois heures, sans idée de franchise ni débauche d’effets visuels. Un scénario riche et une approche simple, voilà la recette miracle de Redford qui avait déjà réalisé un coup de maître avec ET AU MILIEU COULE UNE RIVIERE.

    Profondément marquée par un accident qui a coûté la vie à sa meilleure amie et causé d’irréparables lésions à son cheval, Grace MacLean (une toute jeune Scarlett Johansson), jeune fille de quatorze ans, vit repliée sur elle-même, renonçant à lutter contre son infirmité. Sa mère, Annie (sublime Kristin Scott Thomas) refuse de s’avouer vaincue. Fermement décidée à sauver à la fois sa fille et l’animal, dont les destins sont liés, elle se lance à la recherche d’un dompteur de chevaux capable de guérir l’animal de sa peur. Elle retrouve ainsi au coeur du Montana la piste d’un légendaire « chuchoteur » (Robert Redford), un spécialiste du dressage par la douceur.

    Redford adapte ici le roman éponyme écrit par Nicholas Evans en 1995. Les deux oeuvres nous éclairent donc sur ces fameux « chuchoteurs », des personnes qui utilisent une méthode se basant sur la compréhension de la nature, des besoins et des envies du cheval. Le film pousse ce concept avec quelques séquences presque fantasmagoriques. La nature des éléments et leurs places dans notre univers est une obsession chez le cinéaste. Il utilise tous les outils du mélodrame pour toucher le public et réussir à ouvrir cette fibre écologique devenue aujourd’hui omniprésente (et plus que nécessaire).

    Dans son élan de passion, Redford oublie de couper quelques séquences un peu longues et parfois parasites. Qu’importe, le geste reste élégant et éminemment sincère, témoignant d’une envie inextinguible de transmettre les émotions par des images mémorables.