Wargames, la petite histoire d’un film incontournable

Nous sommes en 1983 et le cinéma anticipe déjà la révolution de l’informatique avec un certain pessimisme… Un parallèle que l’on pourrait faire actuellement avec les discours les plus alarmistes concernant l’Intelligence Artificielle qui fait peur au plus grand nombre. Le dénommé WARGAMES joue également la carte de l’angoisse ambiante tout en offrant aux spectateurs une profondeur inédite au propos.

Un scénario en béton

C’est en 1979 que Walter F.Parkes et Lawrence Lasker écrivent leur premier scénario. Celui-ci leur est

inspiré par un documentaire faisant le portrait du scientifique Stephen Hawking. Au fur et à mesure, le projet évolue et le duo va poursuivre ses recherches par l’intermédiaire de l’institut de recherche de Stanford. Toute une génération de jeunes esprits brillants s’approprie le terrain bientôt fertile de l’informatique, de la programmation et des jeux vidéos. Certains d’entre eux sont déjà capables d’explorer des systèmes virtuels et de les hacker ! Le scénario change et le postulat devient le suivant t: une génération d’informaticiens doués joue pratiquement à armes égales avec les esprits les plus brillants de leurs aînés. Le héros de l’histoire est donc un ado passionné, David Lightman, qui découvre un accès à ce qu’il croit être un système de jeu, et qui est en fait l’une des intelligences artificielles les plus puissantes de La Défense nucléaire du pays.

Changement de réalisateur

WARGAMES n’est pas un projet exploitant l’imaginaire, mais s’avère au contraire crédible. Le script est d’ailleurs validé par un expert en sécurité du gouvernement qui considère que même l’ordinateur le plus puissant de la planète a une faille. Passant d’un studio à l’autre (Disney l’a notamment eu entre les mains), le scénario est sans cesse peaufiné par le duo jusqu’au moment où UNIVERSAL donne son aval. La firme place Martin Brest (le futur réalisateur du FLIC DE BEVERLY HILLS) à la tête de la production, mais une incompatibilité artistique le poussera vers la sortie après avoir réalisé plusieurs scènes. C’est John Badham, metteur en scène du méga carton LA FIEVRE DU SAMEDI SOIR, qui va prendre le relai, insufflant alors davantage de légèreté et de « fun », là où Brest misait sur l’aspect sombre et pessimiste.

L’informatique pour les nuls

Précédé par l’ésotérique TRON (qui fut un lourd échec au box-office), WARGAMES est bien explicite et prend en compte la méconnaissance du public envers ce nouveau mouvement. À l’époque, c’est un coup de génie, le film offrant une présentation claire et précise de ce système qui va bientôt bouleverser le monde entier. Même le personnage principal, incarné avec énergie par Mathew Broderick, n’est pas une caricature du « nerd ». Il a au contraire une vie sociale et valorise plutôt cette communauté qui sera régulièrement stéréotypée à l’écran. C’est le premier film qui montrer réellement la logique d’une intelligence artificielle tout en plongeant au coeur du système informatique.

Un cas unique

L’influence du film sera énorme jusqu’à la Maison Blanche, le président de l’époque (Ronald Reagan) obligeant son gouvernement à proposer en 1984 un décret contre les abus et la fraude informatique ! Au box-office, le carton est immense (124 millions de dollars de recettes pour seulement 12 millions de budget) et provoque la curiosité des spectateurs envers tous les systèmes digitaux. WARGAMES reste un cas unique, un film culte parfaitement de son temps qui aura été d’utilité publique. Le plus étonnant ? Qu’aucune suite digne de ce nom n’ait été produite (on jettera un voile pudique sur le catastrophique WARGAMES : THE DEAD CODE, DTV de 2008).

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