Zardoz, John Boorman embarque Sean Connery dans un monde post-apocalyptique

Parfois, un film est fait en réaction d’un projet non concrétisé. ZARDOZ est par conséquence la consolation de John Boorman après que son adaptation du SEIGNEUR DES ANNEAUX n’ait pas pu aboutir.

Tolkien en inspiration

Le cinéaste va d’ailleurs s’inspirer de l’oeuvre de J.R.R. Tolkien pour mettre au point ce script original.

En 2293, sur une Terre post-apocalyptique, la population humaine est divisée entre les Éternels, des humains ayant atteint l’immortalité grâce à la technologie, et les Brutes. Ces derniers vivent sur un territoire ravagé et fournissent de la nourriture aux Éternels. Ces derniers vivent dans des régions isolées du reste du monde par un mur invisible, appelé « Vortex », et passent une existence luxueuse mais apathique. Arthur Frayn (Niall Buggy), l’Éternel chargé de gérer les « terres extérieures », se fait passer

auprès des Brutes pour un dieu nommé Zardoz, qui se manifeste sous la forme d’un énorme masque de pierre volant. Ayant sélectionné des Brutes, il a constitué un groupe d’exterminateurs, chargé de réduire en esclavage les autres humains, et auxquels il fournit des armes en échange de la nourriture qu’ils collectent. Zed (Sean Connery) est un de ces exterminateurs. Il se cache à bord du masque de pierre lors d’un voyage et tue son chef Arthur Frayn. Arrivé au Vortex no 4, Zed est étudié en tant que spécimen : les Éternels n’ayant pas eu de contact depuis des siècles avec l’extérieur du vortex, ils essaient de comprendre comment les Brutes ont évolué. Il se retrouve au cœur d’une dissension entre deux Éternelles, Consuella (Charlotte Rampling) et May (Sara Kestelman), et doit effectuer des tâches pour Friend (John Alderton).

Un univers complexe

Complexe, le monde créé par Boorman ne séduit pas forcément les studios qui sont frileux à donner de l’argent à un projet aussi ambitieux et peu porteur. Malgré le succès de ses précédents films et, surtout, de DELIVRANCE, le cinéaste a bien du mal de trouver des financements jusqu’au moment où la 20th CENTURY FOX accepte de lui donner un budget en échange d’une séquence introductive qui permettra de mieux expliquer aux spectateurs l’envers du décor. Côté casting, Boorman aimerait beaucoup retrouver Burt Reynolds qu’il vient de diriger dans DELIVRANCE, mais il n’est malheureusement pas disponible à cause d’une hernie. Richard Harris est évoqué, mais c’est finalement Sean Connery qui incarnera Zed, lui qui vient de clore le chapitre 007 et qui désire ardemment partir vers d’autres horizons.

Possédant un univers unique en son genre, ZARDOZ porte forcément le poids de ses années. La division est encore saillante chez les cinéphiles, entre ceux qui crient au génie et qui vouent un culte au film, et les autres qui le décrivent comme un navet intersidéral. On loue forcément l’ambition de Boorman qui tente d’étonnantes prouesses à l’écran, mais on peut aussi pointer du doigt quelques dérives qui sont à la limite du mauvais-goût. Presque pensé comme une vision futuriste du MAGICIEN D’OZ, ZARDOZ reste une oeuvre personnelle et assez noire dans son fond, dépeignant une humanité dérivant vers l’errance, sans repères. Sans être un grand succès, le film rentrera confortablement dans ses frais tandis que le cinéaste va enchaîner avec une oeuvre surprenante : L’EXORCISTE 2, L’HERETIQUE qui fait suite au chef-d’oeuvre de William Friedkin.

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