Gladiator, la revanche de Ridley Scott

Ridley Scott en est à un point de sa carrière où il a besoin d’un succès. Certes, le culte qui entoure BLADE RUNNER, ALIEN ou encore THELMA ET LOUISE lui donnent un certain crédit, mais celui-ci est pratiquement épuisé après ses trois (lourds) échecs consécutifs (1492, LAME DE FOND, À ARMES EGALES).

Un beau tableau

Le futur classique que deviendra GLADIATOR part d’une peinture, celle du français Jean-Léon Gérôme

nommée POLLICE VERSO. On y voit un gladiateur victorieux qui met son pied sur la gorge du vaincu. Scott est soufflé. Il y voit une opportunité unique en termes visuelles et narratifs de plonger une fois de plus dans l’Histoire. En se lançant dans la première épopée romaine des studios depuis quarante ans, le cinéaste prend un énorme risque avec une production qui devra forcément coûter des millions de dollars. Il sait aussi que l’acteur à choisir pour le premier rôle sera très important.

Un acteur à choisir

Quand Mel Gibson décline, conscient de son âge et des similarités de ton avec BRAVEHEART, Scott envoie alors le scénario à un autre australien nommé Russell Crowe qui est connu à l’époque pour son rôle de policier dans L.A CONFIDENTIAL. Massif, Crowe a un physique qui le rapproche d’un des grands des années 50 comme Charlton Heston. C’est en tout cas ce que pense Scott. Crowe est un autodidacte, jamais passé par des cours de comédie. Sa voix grave et son ton impassible vont finir de convaincre le cinéaste. Les deux hommes se ressemblent, il sont curieux et exigeants. Le producteur Walter Parkes appelle le comédien et va droit au but. « C’est un film avec un budget de 100 millions de dollars. Tu es dirigé par Ridley Scott. Tu joues un général romain. ». Autant dire qu’il est directement jeté dans le grand bain. À peu de chose près, l’acteur est toutefois sur le point de refuser après avoir accepté REVELATIONS de Michael Mann. Epuisé par le personnage qu’il vient d’incarner et des kilos en trop qu’il doit perdre, il veut refuser GLADIATOR. C’est Mann qui interviendra et le poussera à jouer dans le film de Scott.

Une reconstitution grandiose

Le tournage commence le 18 janvier 1999 dans le froid glacial de l’hiver anglais. Scott voit en grand et s’inspire du maître Akira Kurosawa. Complétant ses soldats numériquement, il veut toutefois que la majorité des effets soient créés en direct. Ainsi, 16 000 flèches enflammées sont réelles et les cascadeurs portent des harnais spécifiques permettant à des membres artificiels d’être tranchés. Le gigantisme de cette bataille inaugurale est puissant, faisant de GLADIATOR une oeuvre unique et particulièrement immersive. Rome est reconstruite (partiellement) en cinq mois via des décors magnifiques et qui fait revivre toute l’équipe dans le passé.

Succès phénoménal

Avec GLADIATOR, Scott explore ses thèmes favoris : classes, guerre, devoir, honneur et marche de la civilisation. Lors de sa sortie en 2000, ce sera un immense carton, inattendu à ce niveau : 457 millions de dollars récoltés soit le plus gros succès de la carrière du cinéaste à date (il sera vaincu 15 ans plus tard par SEUL SUR MARS qui a engrangés 630,1 millions). Il gagnera également cinq oscars (dont meilleur acteur pour Crowe) et s’inscrira dans les films incontournables des années 2000. Ridley Scott peut alors repartir de l’avant et les studios se tournent de nouveau vers lui. Ça tombe bien, un cannibale veut sortir de sa grotte

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