Saltburn, le film choc qui secoue Internet

Trois ans après PROMISING YOUNG WOMAN, la réalisatrice Emerald Fennell ne s’attendait probablement pas que son deuxième opus, SALTBURN, fasse autant parler de lui. Directement arrivé sur la plateforme AMAZON PRIME VIDEO le 22 décembre dernier (on a connu plus sympa comme film de Noël), il est devenu au fil des jours un véritable phénomène devenant même le film le plus discuté de l’Histoire des plateformes sur les réseaux sociaux. Pourquoi un tel engouement ?

Un film qui fait parler

Ce qui est sûr de prime abord, c’est que SALTBURN est fait pour diviser. Le parcours d’Oliver (Barry Keoghan), jeune étudiant arrivé à Oxford, qui a bien du mal à trouver sa place dans un monde trop grand

pour lui. Jusqu’au jour où le riche et charmant Felix Catton (Jacob Elordi) s’entiche de lui. Va commencer alors un drôle de jeu de séduction qui va mal finir à Saltburn, le vaste domaine des Catton. Commence alors une manipulation redoutablement amenée par Oliver qui n’est peut-être pas celui qu’il prétend être. On pense à PARASITE devant SALTBURN, mais aussi au cinéma de Pasolini. Pervers et troublant, le film met alors en avant quelques scènes chocs craspec pour bien choquer son auditoire. Résultat, j’ai davantage eu l’impression qu’elles étaient présentes pour faire parler plutôt que présenter un quelconque intérêt narratif. Deux exemples me viennent en tête : l’épisode de la baignoire et cette abominable séquences sur la tombe, aussi interminable que ridicule. Sans ses atours à sensations fortes, SALTBURN est plutôt intéressant dans ce qu’il aborde (la confrontation pauvre / riche, la difficulté de s’élever socialement quand on vient d’un milieu pauvre, la difficulté d’aimer) et profite indéniablement d’un casting bluffant. À sa tête, Barry Keoghan, impressionnant, téméraire et passant d’une émotion à l’autre avec une maîtrise stupéfiante. Jacob Elordi ne démérite pas et offre de la matière à Félix, garçon charmant certes, mais toujours à jouer les grands sauveurs, sûr de sa force et irrespectueux envers les filles. Avec PRISCILLA et SALTBURN, on peut dire qu’Elordi a frappé Hollywood de son talent.

Effet buzz

Aujourd’hui, on le sait, les réseaux sociaux jouent les premiers rôles dans le succès d’une oeuvre. Une règle qui vaut pour le film de Fennell qui est devenu un véritable phénomène en quelques jours. Forcément, SALTBURN amène aux débats, mais voit aussi quelques drôles de réactions concernant l’amour qui lie Oliver et Félix : non, ce n’est pas une belle histoire d’amour et la toxicité de leur lien finit d’une manière bien morbide. La cinéaste souligne la difficulté qu’une amitié ou un amour ont à dépasser le cap des différences sociales. Peu importe ce qu’il fait, Félix rappelle constamment à Oliver d’où il vient. Un rapport de domination qui existe avec tous les autres membres de la famille et notamment les parents (incarnés par Rosamund Pike et Richard E.Grant), deux personnes à qui on doit tout, intouchables et condescendantes. C’est indéniable, il y a beaucoup de discussions possibles autour de l’oeuvre (même si on a détesté la forme).

Puis, il y a bien sûr le buzz et l’effet « phénomène social du moment ». TikTok s’est par exemple emparé de la dernière séquence pour l’élever à des hauteurs inespérées. Oliver, courant nu dans l’immense demeure, désormais seul et régnant sur les lieux. Une scène cathartique reprise des milliers de fois sur le réseau social, faisant clairement le bonheur de la chanteuse Sophie Ellis-Bextor dont le tube « Murder on the dancefloor » vient de remonter en flèche sur les plateformes de streaming. Personne ne s’attendait à ce qu’un film d’auteur au format 1.33 devienne un si grand succès. Et sans doute qu’il ne l’aurait pas été avec une sortie en salles. Comme quoi, tous les médias sont intéressants… à condition que le film le soit aussi !

SALTBURN est actuellement disponible sur Amazon Prime Video.

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