Alien Covenant, Ridley Scott et les origines du Xénomorphe

Après le succès de PROMETHEUS au box-office, la FOX accepte de poursuivre la saga avec ALIEN COVENANT. Ridley Scott est toujours aux manettes, mais doit faire des concessions : le cinéaste envisage dans un premier temps de réaliser une suite directe à PROMETHEUS, retardant à nouveau l’entrée du xénomorphe. Sauf qu’il doit rapidement s’incliner devant la pression populaire.

Une version qui change

« Ce qui a changé, c’est la réaction à PROMETHEUS » a déclaré Scott. « C’est un bon point de départ, mais les fans étaient frustrés de ne pas avoir plus de monstres. J’ai du m’incliner. ». Ayant vu la franchise usée par

l’exploitation des studios (douce ironie), Scott est désormais le gardien du temple. Si il a avoué que « les fans n’ont pas le dernier mot », il se contredit aussi en insistant sur le fait « qu’ils sont le reflet de nos doutes et que ce ne serait pas sensé de ne pas prendre leurs réactions en compte.« . Ainsi, tout le monde ou presque est content. Surtout la FOX, soulagée que la philosophie cosmique chère à PROMETHEUS soit abandonnée au profit d’un film d’horreur plus efficace.

En territoire connu

Ainsi, ALIEN COVENANT s’avère tout de suite plus commun. On y retrouve l’Alien d’origine, du gore et les passages obligés, notamment en ce qui concerne sa reproduction (oeuf, chestburster, facehugger, xénomporhe). Il y a l’héroïne (incarnée par Katherine Waterston) qui trouve aisément sa place comme le souligne Scott. « Nous voulions poursuivre la tradition d’avoir une héroïne forte, mais ce n’est plus nouveau. J’ai fait A ARMES EGALES, THELMA ET LOUISE, ALIEN… Ça me semblait logique de poursuivre cette tradition. ». Et aussi un grand vaisseau et quelques jumpscares. Toutefois, il y a une véritable inversion du processus : là où ALIEN premier du nom terrifiant le public en 1979, celui de COVENANT soulage presque les spectateurs. Le monde a changé et les effets ne sont plus les mêmes. Ainsi, ce nouvel opus tente jouer la même partition que son illustre exemple originel, mais l’aboutissement ne peut être semblable. Le film a trop conscience de ce qu’il est.

Une création devenue créateur

Pourtant, tout n’est pas à jeter, à commencer par la direction artistique, vraiment superbe. Les décors sont incroyables, l’esthétique est soignée et les effets spéciaux très propres. Le fond, lui, fait douter : on y apprend donc que c’est un androïde (David, incarné par Michael Fassbender) qui a créé le xénomorphe et son cycle de vie. La création est donc devenue créateur. Dans sa chronique du film, le média SLASHFILM écrivait malicieusement que « le plus grand stratagème de Ridley Scott a été de convaincre le public qu’il faisait un nouvel ALIEN alors qu’il tournait une suite subtile de BLADE RUNNER.« . Provocateur, mais pas injustifié. L’idée que David a créé l’alien prive finalement la créature de son mystère primitif. Le mystère, c’est d’ailleurs ce qui manque le plus au film… Produit pour 95 millions de dollars, ALIEN COVENANT n’en rapportera que 240 et la Fox abandonnera les plans de Scott.

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