Une date, une histoire : quand le studio ne voulait pas de Tim Robbins et Morgan Freeman pour LES EVADÉS

UNE DATE, UNE HISTOIRE est une rubrique au texte court, qui revient régulièrement sur une date clé du cinéma, se référant à un événement en particulier, une sortie de film, une polémique ou tout autre fait qui a eu lieu dans l’Histoire.

Nous sommes en 1993 lors de la préparation du film LES EVADÉS.

Ce qu’on peut dire, c’est que COLUMBIA PICTURES aura tout fait pour convoquer des stars en tête d’affiche de cette adaptation d’un roman de Stephen King. À l’origine, Frank Darabont a impressionné l’auteur en lui présentant un court-métrage adapté de sa nouvelle CHAMBRE 312. Dans la foulée, il obtient les droits du livre LES EVADÉS pour lesquels il se verra offrir la modique somme de 2,5 millions de dollars par le réalisateur Rob Reiner ! Ce dernier a déjà adapté King avec STAND BY ME et a déjà un acteur en tête pour incarner Andy : Tom Cruise.

Mais Darabont tient bon et préfère refuser ce pont d’or afin de pouvoir réaliser soi-même le film. Dans ces conditions, Cruise se désengage, Darabont n’ayant aucune expérience des plateaux de cinéma. La COLUMBIA PICTURES rejoint le projet tandis que Reiner reste attaché au film via sa société CASTLE ROCK ENTERTAINMENT. Là, le néo-cinéaste va se rendre compte des difficultés à imposer ses choix au sein du système.

Le studio veut des noms ronflants, ceux qui vous ramènent des spectateurs en salles. Clint Eastwood, Harrison Ford, Paul Newman, Gene Hackman ou encore Robert Redford sont approchés pour le rôle de Red, décrit comme « un rouquin irlandais blanc » dans le roman. Darabont, lui, pense à un tout autre acteur, mais qui n’est pas en phase avec la description initiale. En effet, il adore Morgan Freeman et trouvera un allié de poids en la personne de Liz Glotzer, une des productrices du film. Le studio n’est pas du tout emballé par cette idée même si l’acteur a enchaîné quelques rôles plus populaires (comme dans MISS DAISY ET SON CHAUFFEUR et IMPITOYABLE). Le cinéaste sait qu’il tient « son » Red avec ce mélange de charisme naturel et d’autorité, bien rehaussés par une voix unique. Après de longues négociations, Darabont et Glotzer ont obtenu gain de cause grâce à une astuce financière.

Prendre Tim Robbins et Morgan Freeman a diminué de moitié l’enveloppe du budget initial, ce que COLUMBIA PICTURES a vu d’un bon oeil. Ce fut surtout un choix payant artistiquement même si LES EVADÉS fut un échec au box-office. Un échec qui allait se transformer en triomphe avec sa sortie en vidéo.

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