Box-Office France, quatre premiers mois difficiles pour les salles françaises

Le mois d’avril est souvent l’occasion de faire un premier bilan du box-office. Les quatre premiers mois sont passés et on considère justement qu’elle correspond à la première partie de l’année, l’indicateur initial de l’année à venir. Pour 2024, on savait déjà que les débuts seraient difficiles. Cela n’a pas loupé…

Pire démarrage depuis 1999

Avec 55,75 millions d’entrées en quatre mois, 2024 fait largement moins bien que 2023 au même moment qui avait déjà engrangé 67 millions d’entrées. Excepté les trois années entachées par la pandémie (fermeture des salles en mars en 2020, fermeture des salles les cinq premiers mois de 2021, pass sanitaire obligatoire les deux premiers mois de 2022), c’est le pire démarrage d’une année en France depuis 1999 qui avait enregistré 52,3 millions d’entrées à la même période. Une première partie très laborieuse donc quand on sait que les années 2010, particulièrement performantes, cumulaient déjà entre 75 et 80 millions de tickets vendus. Laborieuse, certes, mais pas gravissime en l’état.

Une baisse globale

La France n’est pas le seul pays à subir une forte régression de ses entrées. Les grèves hollywoodienne de 2023 ont fait beaucoup de mal un peu partout et notamment aux Etats-Unis où ce début d’année est assez famélique (1,950 milliard de dollars cumulé, soit l’un des pires totaux depuis 25 ans). Le manque de blockbusters a coûté cher et cela s’est ressenti au niveau des chiffres au box-office qui demeurent assez faibles. De plus, de nombreuses productions ont été boudées et / ou n’ont pas obtenu les recettes désirées.

De nombreuses déceptions

Le contexte n’est donc pas uniquement défavorable pour l’Hexagone, il l’est pour tout le monde. Toutefois, les quatre premiers mois représentent souvent la plus grosse période de la fréquentation en France et c’est justement sur celle-ci qu’elle n’a pas performé. C’est particulièrement le cas pour le mois d’avril qui fut assez catastrophique avec seulement 12 millions d’entrées (pour comparaison, 18,61 millions de tickets furent vendus en avril 2023). Les blockbusters n’ont pas brillé (GODZILLA X KONG a dépassé difficilement le million d’entrées, S.O.S FANTOMES a patiné avec à peine 800 000 tickets vendus en trois semaines) et aucune production française n’a tiré son épingle du jeu (l’énième opus de DUCOBU est la première avec 841 809 entrées). Depuis deux mois, le box-office ne parvient plus à dépasser les trois millions d’entrées hebdomadaires et même le Printemps du Cinéma a signé sa plus faible édition avec seulement 1,7 million de tickets vendus.

Certains longs-métrages ont toutefois tiré leur épingle du jeu. DUNE – PARTIE 2 a cartonné avec, à date, 4,071 millions d’entrées enregistrées. KUNG FU PANDA 4 en est déjà à 2 millions tandis que COCORICO, comédie française avec Christian Clavier et Didier Bourdon, a bien fonctionné en cumulant 1,982 million d’entrées. BOB MARLEY : ONE LOVE fut également une bonne surprise avec 1,902 million de spectateurs tout comme UNE VIE qui est pour le moment cinquième du top avec 1,582 million d’entrées. À l’inverse, il y a eu de nombreux échecs, le plus lourd restant celui des CHEVRES avec Dany Boon qui un fut un authentique bide (182 438 entrées). TOMBÉS DU CAMION (136 078 entrées alors que son distributeur, ZINC, misait beaucoup sur lui), L’EMPIRE (film SF de Bruno Dumont n’ayant attiré que 96 306 spectateurs), l’excellent IRON CLAW (91 345 entrées), LE MOLIERE IMAGINAIRE (67 887 entrées) ou encore BLACK FLIES (avec Sean Penn qui a fait un flop avec 27 637 tickets vendus). ARGYLLE (463 885 entrées) et MADAME WEB (439 679 entrées) ont également déçu.

Une inflation frappante

Bien sûr, le contexte sociétal est compliqué actuellement tandis que l’inflation grignote de plus en plus les économies des ménages. Le prix des places ne peut pas être un « faux problème » comme on peut le lire ou entendre dans de nombreux médias. La vie est chère et la difficulté pour certains d’aller au cinéma est une réalité. D’autant qu’il n’y a pas que des cinéphiles, il y a aussi beaucoup de simples spectateurs ou des familles qui viennent se divertir. Le 7ème art doit rester un art populaire et accessible, mais il prend malheureusement la voie de l’élitisme. Certes, des alternatives existent (des pass, des réductions,…), mais cet ensemble mène les spectateurs à choisir davantage ses films d’autant que les plateformes ont changé la vision de certains concernant l’accessibilité à une oeuvre. Malgré tout, je reste convaincu qu’il ne faut pas tirer la sonnette d’alarme, loin de là. Les mois qui arrivent sont plus fournis en films populaires, même si deux gros concurrents extérieurs au cinéma vont faire l’apparition : l’Euro de Foot du 14 juin au 14 juillet puis les inévitables Jeux olympiques du 26 juillet au 11 août.

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