Insomnia, le grand film oublié de Christopher Nolan ?

Les stars ont toujours rythmé la vie du cinéma depuis sa naissance. Les acteurs et actrices ont bien sûr reçu le plus de lumière au fil des décennies, mais les réalisateurs, scénaristes et producteurs ont également fait parler d’eux. Les premiers sont bien sûr les plus exposés. Même pour le grand public ou un novice en cinéma, tout le monde connaît Alfred Hitchcock, Steven Spielberg, James Cameron ou encore Martin Scorsese. Pour les années 2000, aucun autre cinéaste que Christopher Nolan n’a été aussi reconnu. Aujourd’hui, chacun de ses films est un événement, même un biopic de trois heures sur l’inventeur de la bombe atomique, c’est dire !

Un film « simple »

Christopher Nolan n’a plus le même statut qu’à l’époque d’INSOMNIA, et c’est peut-être pour ça que ce remake éponyme du film réalisé par le norvégien Erik Skjoldbjaerg fait partie des grands oubliés de la filmographie du cinéaste. Depuis 2005 et son BATMAN BEGINS, le réalisateur met en scène des blockbusters d’auteur, certes, mais blockbusters tout de même. Imposants, massifs, conceptuels. INCEPTION, INTERSTELLAR, TENET ou le film de guerre aux dérives temporelles (son dada) avec DUNKERQUE. Ses deux autres longs-métrages sont autrement plus reconnus car totalement remarquables dans leur conception : MEMENTO et LE PRESTIGE restent, aux yeux de nombreux admirateurs, les deux plus grands films de Nolan. On peut en débattre, mais le constat est là, INSOMNIA a pratiquement disparu des radars 21 ans après sa sortie.

Plusieurs raisons à cela. D’abord, comme évoqué plus haut, INSOMNIA n’a pas d’approche conceptuel renversante. C’est « juste » un thriller qui décortique déjà les effets du temps sur les personnages, mais qui ne connaît aucun renversement massif. Pas de toupie qui tourne à l’infini, ni de scénario-palindrome. Juste un flic incarné par une méga-star (Al Pacino) qui commence à devenir un peu dingue à cause de sa culpabilité et du fameux jour polaire (le soleil qui ne se couche jamais en Alaska). Bien sûr, il y a déjà de nombreuses thématiques caractéristiques du cinéma de Nolan dans INSOMNIA, mais pas dans l’idée

qu’en a le grand public aujourd’hui. Peut-être parce qu’ici, le scénario est plus explicite que ses autres métrages où il laisse libre cours à l’imagination du spectateur et / ou à l’ésotérisme. Sur ce point, il a peut-être d’ailleurs atteint son paroxysme avec TENET qui a accumulé toute l’obsession du cinéaste dans son rapport au temps et à la perspective des événements (jusqu’à perdre totalement certains spectateurs…).

Du storytelling limpide

Pourtant, INSOMNIA est un film qu’il faut absolument remettre sur le devant de la scène pour montrer que Nolan n’est pas qu’un cinéaste de concepts parfois nébuleux que ses détracteurs ont vite catalogué comme gadgets. On revient ici à la forme la plus pure du storytelling où chaque image peut-être interrogée par l’insomnie qui gagne ce flic en proie à des hallucinations et à une distorsion de la réalité. Tout comme FOLLOWING, le tout premier film du bonhomme, INSOMNIA impose une patte et un savoir-faire qui laisse imaginer un potentiel hors normes qui sera confirmé par l’intéressé au fil des années.

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