Après KINGDOM OF HEAVEN, le moins que l’on puisse dire c’est que Ridley Scott a changé de dimension. En termes de ton et de rythme, UNE GRANDE ANNEE marque les premiers pas du cinéaste dans la pure comédie romantique, une sorte de respiration dans sa filmographie qu’il prend comme une « pause » bien méritée.
Une adaptation de Peter Mayle
Le cinéaste se fait clairement plaisir ici, montant même le film dans sa résidence à Avignon où il vit
partiellement depuis quinze ans. « Je me suis senti coupable tous les jours sur ce film » dira-t-il, en riant, lors de la sortie du film en 2006. UNE GRANDE ANNEE se base sur le roman écrit par Peter Mayle qui narre peu ou prou la véritable histoire de son auteur : Mayle a quitté Londres pour s’installer au coeur de la Provence, ce qui a fait l’objet d’une biographie nommée UNE ANNEE EN PROVENCE et vendue tout de même à 6 millions d’exemplaires à travers le monde ! L’auteur a une vision de la France bien particulière, charmante, douce, bucolique avec du bon vin rouge et de la nourriture exquise. En creux, Scott aime l’idée de l’étranger prodigue revenant dans le paradis de sa jeunesse pour réveiller les coutumes françaises.
Un nouvel échec
Le soutenant régulièrement dans ses folies, la FOX est cette fois sceptique. Attends-t-on réellement le réalisateur d’ALIEN et BLADE RUNNER sur ce terrain ? La nature improbable du projet va toutefois relier le cinéaste à un certain Russell Crowe qui s’impose rapidement dans le premier rôle. Rassuré par sa tête d’affiche, le studio lâche un beau chèque (35 millions de dollars) pour un tournage de neuf semaines en France. Une terre sur laquelle Scott repose les pieds, trente ans après LES DUELLISTES. « J’ai eu cette superbe lumière douce et brumeuse alors qu’il tombait des cordes » se souvenait Scott en 2006. « Sur celui-là, on a saisi le début de l’automne en Provence, une expérience totalement différente car le temps était fabuleux. ». Aux côtés de Crowe, c’est Marion Cotillard qui est choisie pour incarner Fanny Chenal. L’actrice est en passe d’atteindre les sommets avec LA MOME qui sortira dans les salles françaises un mois après UNE GRANDE ANNEE.
Unique parmi les films de Scott, UNE GRANDE ANNEE va toutefois subir de sévères critiques et un désintérêt poli du public : seulement 40 millions de dollars de recettes mondiales dont un désastreux 7 millions aux USA ! En France, c’est tout simplement l’un des pires scores de sa carrière avec seulement 166 038 entrées (seul LAME DE FOND a fait pire avec 44 487 entrées). Inconséquent et prévisible, le film ne restera pas comme l’un des plus mémorables de son auteur, mais ce dernier retrouvera une fois de plus Crowe pour son projet suivant autrement plus ambitieux : AMERICAN GANGSTER.
