Chasse à l’homme, la première virée hollywoodienne de John Woo

Devenu l’un des chefs de file du cinéma d’action chinois, John Woo a frappé fort avec À TOUTE EPREUVE qui marquera donc la fin de la première période de sa carrière (la meilleure diront ses fans). En 1992, direction Hollywood et le confort financier avec la direction de stars à la clé.

Le bon projet

Woo n’est pas déjà plus un inconnu pour les studios qui voulaient déjà le recruter après le choc THE KILLER. Cette fois, UNIVERSAL PICTURES l’engage après que le cinéaste eut lu de nombreux scripts qu’il refusa. « Certains étaient bons » déclarera-t-il. « Certains étaient très bons, mais les autres étaient simplement des films d’arts martiaux et j’ai dit aux producteurs que je n’avais plus aucun intérêt à faire ce genre de films. J’en avais déjà fait beaucoup ». Le scénario de CHASSE À L’HOMME, écrit par Chuck Pfarrer, avait déjà eu quelques courtisans dans le milieu, mais il ne s’est jamais monté pour diverses raisons. Cette fois, avec Woo à la barre, c’est la bonne même si UNIVERSAL doute de son niveau d’anglais et préfère lui adjoindre un collaborateur de luxe pour l’accompagner : un certain Sam Raimi.

L’association Woo / Van Damme

L’arrivée de Jean-Claude Van Damme dessine les contours de cette oeuvre qui sera pensée uniquement comme un film dédié à sa star. Bien sûr, la présence de Woo derrière la caméra ravit les cinéphiles, mais le grand public n’en a cure : la plupart ne connaît pas les travaux du bonhomme et se fie plutôt à la superstar en tête d’affiche. Superstar qui est admirative du réalisateur. La réciproque n’étant pas réellement avérée… Pas que Woo ait eu une dent contre Van-Damme, mais il avait une préférence pour Kurt Russell qui ne pouvait pas se rendre disponible. Il faut alors réviser le script et l’adapter à la star. Woo le rend plus spectaculaire et se rend rapidement compte des prouesses que l’acteur belge est capable de réaliser. « Il avait confiance en mes capacités » dira le cinéaste. « Je sais comment faire en sorte

qu’un acteur ait l’air bien à l’écran, le faire ressembler à un héros. J’ai pu faire la même chose avec lui. ». Il ajoutera également. « Il a un grand ego, mais est toujours professionnel et essaie toujours de faire du bon travail. ».

Perte de contrôle

Le cinéaste doit ensuite s’accommoder du système américain (comme les projections tests) et s’aperçoit qu’il n’a pas le contrôle de son oeuvre. Après la publication d’un premier montage, Van Damme reprend les rênes et s’enferme durant deux jours avec son monteur pour se faire plus de place dans le film. L’acteur se justifiera en disant que les spectateurs viennent voir un film de Van Damme et pas de Lance Henriksen (le comédien qui lui vole la vedette en incarnant Emil Fouchon). Avec 73 millions de dollars de recettes, CHASSE À L’HOMME est un succès puisque produit pour 15 millions. John Woo, de son côté, sera assez déçu de sa première excursion américaine puisqu’il s’aperçoit que son style et ses effets de mise en scène sont largement bridés. Il connaîtra plus de latitude par la suite avec BROKEN ARROW et, surtout, VOLET/FACE.

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