Killer Joe, l’oeuvre noire de William Friedkin

Dernier film en date du grand William Friedkin, KILLER JOE est sorti avec un certain retentissement en 2012. Cinq ans après BUG, le cinéaste revenait aux affaires en adaptant la pièce de théâtre éponyme écrite par Tracy Letts en 1991. C’est le dramaturge lui-même qui a écrit le scénario du film, chose qu’il avait déjà faite sur BUG.

Une oeuvre malsaine et tordue

Chris (Emile Hirsch), 22 ans, minable dealer de son état, doit trouver 6 000 dollars ou on ne donnera pas cher de sa peau. Une lueur d’espoir germe dans son esprit lorsque se présente à lui une arnaque à

l’assurance vie. Celle que sa crapule de mère a contractée pour 50 000 dollars. Mais qui va se charger du sale boulot ? Killer Joe (Matthew McConaughey) est appelé à la rescousse. Flic le jour, tueur à gages la nuit, il pourrait être la solution au problème. Seul hic : il se fait payer d’avance, ce qui n’est clairement pas une option pour Chris qui n’a pas un sou en poche. Chris tente de négocier mais Killer Joe refuse d’aller plus loin. Il a des principes…jusqu’à ce qu’il rencontre Dottie (Juno Temple), la charmante sœur de Chris. Alors Killer Joe veut bien qu’on le paye sur le fric de l’assurance si on le laisse jouer avec Dottie.

William Friedkin plonge une fois de plus dans les ténèbres avec ce KILLER JOE malsain qui bouscule violemment son public. D’ailleurs, lors de la sortie du film, le cinéaste assumait l’aspect un peu outrancier de son oeuvre. « C’est une version un peu tordue de l’histoire de Cendrillon. Juno Temple joue une jeune fille dont le frère et le père monnayent les charmes auprès d’un tueur à gages chargé d’assassiner leur mère. Cendrillon veut se libérer de cette famille, et la seule solution qui s’offre à elle pour y parvenir, c’est de tomber amoureuse de son prince, un flic qui est aussi tueur à gages ». Vu comme ça…

Le pilier Matthew McConaughey

L’intrigue se déroule en Nouvelle-Orléans et peut compter sur le côté Texan de son acteur principal pour ancrer les spectateurs dans cet univers. Matthew McConaughey est revenu sur le devant de la scène en l’espace de deux films : LA DEFENSE LINCOLN et BERNIE. Après une décennie passée à jouer les beaux gosses dans des nanars de luxe, l’acteur a repris la main et s’ouvre une nouvelle ère qui sera bien remplie. Concernant KILLER JOE, McConaughey a particulièrement apprécié le côté ambigu de son personnage. « La première fois que j’ai lu le scénario, je n’arrivais pas à bien cerner mon personnage. Ensuite,

j’ai rencontré William, et son enthousiasme pour l’histoire d’amour et l’humour irrévérencieux de cette famille méchamment dysfonctionnelle m’a aidé à l’envisager sous un angle plus drolatique. De toute évidence, Joe a depuis longtemps perdu toute notion de ce qu’est une famille, et son travail est la seule structure qui lui reste« .

Friedkin peut s’appuyer sur la performance hallucinante de son acteur principal qui va marquer les esprits. Autant que le film qui rebutera néanmoins quelques spectateurs par sa violence et sa noirceur. Malgré une presse engageante, KILLER JOE fera un four terrible dans les salles et marquera une fois de plus le retrait du cinéaste. Ce n’est qu’en 2022 qu’il décide de revenir avec THE CAINE MUTINY COURT-MARTIAL qui sera présenté à la Mostra de Venise dans quelques jours.

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