Le plus sauvage d’entre tous, le western mélancolique de Martin Ritt

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En 1962, le cinéma est à la croisée des chemins, délaissant peu à peu les 50s, le glamour, les mythes intouchables, pour aller vers

une mélancolie plus persistante. Le western, genre incontournable de l’époque, prend un nouveau virage à cause de sa trop grande propension à pointer du doigt les Indiens alors que la causalité et la réalité des guerres de l’époque sont bien moins manichéens. Mais cette direction sera bien amenée par des cinéastes européens. 

LE PLUS SAUVAGE D’ENTRE TOUS est directement inspiré d’une oeuvre écrite par Larry McMurty (qui participera, des décennies plus tard, au scénario de LE SECRET DE BROKEBACK MOUNTAIN) et met en scène Hud (Paul Newman), un jeune homme sans complexe et sans principes, que son père Homer (Melvyn Douglas) ne tient pas en haute estime. Dans leur foyer, se trouvent aussi le neveu et le petit-fils, Lon (Brandon de Wilde), qui admire son oncle. La seule femme de la maison est Alma (Patricia Neal), la gouvernante. Arrive une catastrophe : le bétail semble être contaminé par une maladie contagieuse. Les réactions différentes s’accumulent et le film de devenir l’étude d’une micro-société qui se teste et s’appréhende avec la propre histoire de chacun.

Deux visions s’opposent, matérialisées par le père et le fils. Le conflit générationnel qui les confronte, c’est aussi deux possibilités différentes face au

problème du bétail : le premier représente les valeurs fondatrices des « cow-boys », cette figure inaltérable du western. L’enrichissement par sa propre terre, la volonté de conserver un territoire, tout ça représente la psychologie d’Homer. Face à lui, il y a la jeunesse, la volonté d’aller de l’avant, de ne pas s’attacher, mais de s’enrichir. Hud cristallise les passions et les volontés d’une nouvelle génération attirée par la violence. Il est interprété avec force par un Paul Newman au sommet de son charisme. 

Réalisé avec tout petit budget (à peine 2 millions), LE PLUS SAUVAGE D’ENTRE TOUS garde un propos très pertinent malgré son âge (le film est sorti en 1963). Certes, certains aspects ont pris un coup de vieux (on pense notamment au montage qui manque de dynamisme), mais le scénario possède une rigueur indéniable. Martin Ritt retrouvera ensuite Paul Newman pour son film suivant, L’OUTRAGE, un autre western assez atypique. 

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