Le coin des mal-aimés : Judge Dredd

Dans cette rubrique, je me penche sur ces films qui sont considérés comme « mauvais » ou « ratés », en somme les mal-aimés du cinéma. Le box-office n’est donc pas l’unique critère. À la fin, je pose une question simple : le mal-aimé est-il vraiment un raté ou peut-on le réhabiliter ?

JUDGE DREDD réalisé par Danny Cannon (1995)

Ça raconte quoi ? Nous somme en 2139, la planète a été ravagée par de terribles guerres atomiques. La vie subsiste dans des cités tentaculaires dont la capitale et Mega City One, megalopole construite sur plusieurs niveaux. Pour assurer l’ordre, des officiers froids et terriblement efficaces crées lors d’une expérience sur l’ADN. L’un d’entre eux, le juge Dredd a un double, Rico, clone né de la même chaine d’ADN.

Le contexte : L’adaptation des aventures du personnage Judge Dredd, créé par le scénariste John Wagner et le dessinateur Carlos Ezquerra est un projet de longue date. Apparu pour la première fois dans la revue britannique de science-fiction pour adultes en 1977, Dredd aurait pu rapidement débarquer sur grand écran. Charles Lippincott, directeur marketing sur STAR WARS, a l’idée de lancer la transposition avant d’être freiné faute de moyens. Plus tard, le succès de ROBOCOP repousse encore l’échéance (à cause des similarités existantes entre les deux oeuvres) jusqu’en 1993 où le feu vert est enfin donné. Et les problèmes avec…

Pourquoi c’est un mal-aimé : Sylvester Stallone, revenu sur le devant de la scène avec CLIFFHANGER, exige des réécritures du script pour le rendre plus léger. Son entente avec le réalisateur Danny Cannon est désastreuse, ce dernier affirmant même qu’il ne travaillerait plus avec un « acteur aussi égoïste ». Il faut dire que le JUDGE DREDD pensé par le cinéaste et les scénaristes William Wisher Jr. et Steven E. de Souza devait être beaucoup plus sombre et brutal. Résultat, le film ne trouve jamais d’équilibre et se fait descendre par la critique à cause de partis pris contradictoires. Ni tout à fait grand public (il est classé R), ni vraiment impressionnant, le métrage à 90 millions de dollars rate toutes ses cibles. Résultat, le public ne suit pas et JUDGE DREDD n’engrange que 113 millions (dont un terrible 34 millions aux USA).

Vraiment raté ou réhabilité ? JUDGE DREDD est typique de ce genre de films qui prend du grade au fil des années : on sait, dans le fond, que ce n’est pas fameux mais le plaisir est là, présent, vivace, complètement étourdissant. Avec ses punchlines de la mort (« je t’exploserai moi-même la cervelle…personnellement ! »), ses séquences d’action délirantes et un Stallone totalement monolithique, ce film est un divertissement royal qui nous renvoie dans ces plaisirs 90s délurés et absolument inoffensifs. On peut préférer la version plus dark de 2013 avec Karl Urban, mais on s’éclate quand même davantage devant celle avec Sly.

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