Bird, le parcours de Charlie Parker vu par Clint Eastwood

Deux ans après LE MAITRE DE GUERRE, Clint Eastwood revenait derrière la caméra pour parler de sa passion, le jazz, mettant en scène un biopic intitulé BIRD et centré sur l’une des figures du genre, Charlie Parker.

Un film comme une musique

Défenseur acharné du jazz (revoyez ses films, il y en a partout), Eastwood idolâtre Parker qui a toutefois vécu un parcours difficile. Il s’attache à un sacré personnage à la vie heurtée, mais au génie indéniable. Le

cinéaste ne fait toutefois pas un biopic classique et construit BIRD à l’aide d’un concept bien particulier, calqué sur un morceau de jazz. La musique fait le tempo du film, ce que le cinéaste affirmait lors de la présentation du métrage à Cannes en 1988. « J’ai suivi les règles de la composition musicale. Il me fallait trouver le bon rythme, le bon tempo entre les sons et les images. Raconter une histoire aussi tragique que celle de Bird en ne proposant que deux ou trois morceaux eût été stupide. J’aurais manqué l’essence même du sujet. Mais le film est plus long que je ne l’avais prévu. Dans ce cas précis, il fallait prendre parti de défendre la musique.« .

Un destin tragique

BIRD est un film envoûtant et virevoltant, porté par la maestria d’un Forest Whitaker habité. Certains reproches ont été adressés à Eastwood concernant l’orientation du récit, trop axé sur la part sombre de Parker. Ce qui est assez injuste puisque l’on voit également le jazzman prendre du plaisir quand il joue ou quand il part en tournée avec ses amis. D’autant que le cinéaste essaie de ne pas verser le mielleux ou l’hagiographie, un défaut bien trop persistant dans le genre du biopic. Eastwood toujours.  » Le cinéma se fait en observant la vie des gens. Parker était quelqu’un d’incroyable, au cerveau curieusement fait. Pour la musique, il avait des années d’avance sur tout le monde. Mais dans la vie, il est resté un garçon gentil et sensible ». Il a aussi subi le racisme de l’Amérique ségrégationniste puis est devenu accro à l’héroïne. Miné par une attitude autodestructrice, il mourra à l’âge de 34 ans seulement, résultat de ses excès de drogue et d’alcool. Un destin tragique.

À Cannes, Forest Whitaker remportera fort logiquement le Prix d’interprétation masculine, mais ne fut même pas nommé aux Oscars. Qu’importe, BIRD est aujourd’hui considéré comme un chef-d’oeuvre, l’une des oeuvres indispensables de Clint Eastwood et l’un des meilleurs biopics musicaux.

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