Le coin des mal-aimés : Au-delà

Dans cette rubrique, je me penche sur ces films qui sont considérés comme « mauvais » ou « ratés », en somme les mal-aimés du cinéma. À la fin, je pose une question simple : le mal-aimé est-il vraiment un raté ou peut-on le réhabiliter ?

AU-DELÀ réalisé par Clint Eastwood en 2010.

Ça raconte quoi ? Au-delà est l’histoire de trois personnages hantés par la mort et les interrogations qu’elle soulève. George est un Américain d’origine modeste, affecté d’un « don » de voyance qui pèse sur lui comme une malédiction. Marie, journaliste française, est confrontée à une expérience de mort imminente, et en a été durablement bouleversée. Et quand Marcus, un jeune garçon de Londres, perd l’être qui lui était le plus cher et le plus indispensable, il se met désespérément en quête de réponses à ses interrogations. George, Marie et Marcus sont guidés par le même besoin de savoir, la même quête. Leurs destinées vont finir par se croiser pour tenter de répondre au mystère de l’Au-delà.

Le contexte : Clint Eastwood sort d’une décennie absolument dantesque. Il a enchaîné MYSTIC RIVER, MILLION DOLLAR BABY, MEMOIRES DE NOS PERES, LETTRES D’IWO JIMA, L’ECHANGE, GRAN TORINO et INVICTUS. Les films ont non seulement rapporté gros, mais ils ont également conquis le grand public par leur maestria. Avec le soutien de Steven Spielberg via sa société AMBLIN et la Warner Bros, Eastwood peut alors aborder un genre qu’il n’avait encore jamais côtoyé : le fantastique. Il a le droit à une belle enveloppe (50 millions) et à un beau casting (avec Matt Damon en tête d’affiche).

Pourquoi c’est un mal-aimé ? Alors qu’Eastwood est habitué aux critiques dithyrambiques depuis quelques films, celles-ci sont largement plus mitigées concernant AU-DELÀ. Globalement, ce dernier n’est pas très bien reçu, même la France est mitigée : 2,7 / 5 de notation sur Allociné qui regroupe 29 avis. Du côté du public, même constat : les recettes sont moyennes (105 millions) et les avis très divisés. Quand certains y voient une magnifique étude sur le deuil, les autres (plus nombreux) pointent du doigt une certaine lenteur et une histoire mièvre. C’est terrible, mais aujourd’hui AU-DELA est complètement tombé dans l’oubli.

Vraiment raté ou réhabilité ? Je me souviens qu’à l’époque de sa sortie, beaucoup de spectateurs ressortaient déçus du film. Ce ne fut pas mon cas et mon avis ne change pas aujourd’hui. Si AU-DELA n’atteint effectivement pas les sommets des films cités plus haut, Eastwood parvient tout de même à toucher avec cette histoire écrite par Peter Morgan. Il y a ici une volonté d’exprimer l’indicible, de donner un sens à la vie tout en prenant compte que la mort fait partie du processus. Il faut prendre en considération que le cinéaste vieillit et qu’il s’interroge sur ce qui l’attend après. Il philosophe sur les croyances de chacun et met l’accent sur l’importance de chaque moment de la vie. Il le fait à travers trois histoires, certes assez inégales, mais justes dans ce qu’elles montrent. Il est peut-être de redécouvrir cette oeuvre mésestimée…

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