critique de THE NORTHMAN

En seulement deux films, Robert Eggers est parvenu à faire parler de lui par la maîtrise insolente de sa mise en scène. D’abord avec THE WITCH, petit film troublant qui nous offrait une vision particulière ténébreuse tout en révélant le talent de la jeune Anya Taylor-Joy. Quatre ans plus tard, il revenait avec THE LIGHTHOUSE, en embarquant Willem Dafoe et Robert Pattinson dans une ambiance morbide à souhait. Cette année, le cinéaste a voulu marquer les esprits avec un projet à 90 millions se situant au temps des vikings.

Le jeune prince Amleth (Alexander Skarsgard) vient tout juste de devenir un homme quand son père (Ethan Hawke) est brutalement assassiné par son oncle qui s’empare alors de la mère du garçon. Amleth fuit son royaume insulaire en barque, en jurant de se venger. Deux décennies plus tard, Amleth est devenu un berserkr, un guerrier viking capable d’entrer dans une fureur bestiale, qui pille et met à feu, avec ses frères berserkir, des villages slaves jusqu’à ce qu’une devineresse lui rappelle son vœu de venger son père, de secourir sa mère et de tuer son oncle. Il embarque alors sur un bateau pour l’Islande et entre, avec l’aide d’Olga (Anya Taylor-Joy), une jeune Slave prise comme esclave, dans la ferme de son oncle, en se faisant lui aussi passer pour un esclave, avec l’intention d’y perpétrer sa vengeance.

THE NORTHMAN est le genre de grosse production qui tend à disparaître. Sans concession, violente, particulièrement anti commercial, ce film est presque une anomalie. Au vu du flop au box-office (68 millions rapportés), on n’est pas prêts d’en revoir… Quoi qu’il en soit, l’oeuvre d’Eggers est assez renversante même si le scénario s’attache à ne pas rendre le tout trop ésotérique. Ce n’est finalement qu’une histoire de vengeance racontée avec une certaine facilité. Il y a parfois des visions noires

démentielles, naviguant entre horreur et onirisme. Des échappées troublantes et mystiques, empruntées aux légendes nordiques et s’insérant facilement dans une dimension fantastique que le cinéaste apprécie particulièrement. Le récit global, lui, est parfois trop étiré et s’avère finalement assez attendu malgré une révélation terminale assez ingénieuse.

Là où THE NORTHMAN est impressionnant, c’est dans son imagerie. Eggers ne lésine pas sur la violence et nous plonge dans un univers où règne la terreur, en témoigne cet assaut hallucinant dans un village slave où les hommes agissent comme des bêtes. Un morceau de bravoure stupéfiant où Skarsgard livre une prestation bestiale et tonitruante. C’est clairement le clou du spectacle avant que la deuxième heure ne renoue avec un aspect huis-clos qui passionne visiblement Eggers. Dans un endroit fermé, il peut alors faire ressortir toute la noirceur de l’âme humaine et laisser échapper le véritable Mal. THE NORTHMAN est une virée sanglante radicale qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui a le mérite de proposer un cinéma grandiose, porté par des ambitions singulières.

AVIS GLOBAL : Le film s’étire un peu en longueur, mais THE NORTHMAN reste passionnant dans sa démesure, nous scotchant littéralement sur place avec son impressionnante mise en scène et quelques séquences démentielles.

NOTE :

Note : 3.5 sur 5.

THE NORTHMAN est actuellement disponible sur Rakuten Tv.

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