Alien, quand Ridley Scott a bousculé Hollywood

Il y a tant de choses à dire sur ALIEN, tant de détails qui nous surviennent à chaque vision et qu’on avait pas forcément remarqué précédemment. ALIEN, c’est aussi l’histoire d’une production qui a bousculé l’entertainment au sein d’une décennie où tout se met à bouger.

L’effet STAR WARS

Depuis son bureau de Lexington Street, Scott médite sur la façon dont LES DUELLISTES a été gâché par un studio indifférent. « Personne ne te respecte quand tu es un chic type » dira-t-il, amer. Cela lui sert de leçon et désire se tourner vers un nouveau projet qu’il portera lui-même. Le destin frappe alors à sa porte : la FOX, l’un des plus grands studios du monde, vient le chercher pour un mystérieux projet nommé ALIEN.

D’abord sceptique envers un genre qu’il apprécie sans en être véritablement fan, c’est un certain film intitulé STAR WARS qui va tout changer. Le producteur David Puttnam (qui avait produit LES DUELLISTES) l’amène sur Hollywood Boulevard pour aller voir le phénomène dont tout le monde parle. George Lucas remplit tous les cinémas du coin et, par un beau soir de mai, le visage de Scott va se remplir d’ébahissement. « Je l’ai vu trois jours de suite, sans que l’attrait diminue ». La science-fiction au cinéma est sur le point de changer et Scott comprend que ce fameux ALIEN est sa chance.

Simple et direct

D’emblée, le réalisateur est convaincu du titre en un mot. « C’était si simple, si linéaire, absolument pur, une idée sans gras » déclarera-t-il dans une interview making-of du film. « J’aimais cette idée des dialogues minimaux. Dès que cette chose est lâchée, je ne veux pas de scène où on parle à maman et papa sur Terre. Cette source constante de nouvelles informations me suffit. ». Il y voit une dimension social (comme cette idée des techniciens sur les ponts inférieurs, les critiques envers la compagnie qui s’enrichit) et un exercice horrifique d’une efficacité potentiellement bluffante. Mais des doutes se sont vite installés concernant la faisabilité d’une telle entreprise. « Après la première bouffée d’excitation, le problème de son aspect est devenu obsédant. ». Il sait pertinemment que la réussite de son film passe par le design de son passager clandestin. Il veut éviter les clichés et l’aspect trop voyant de « l’homme dans un costume ». Il se creuse la tête jusqu’au moment où Dan O’Bannon, scénariste du film, lui transmet un drôle d’ouvrage nommé NECRONOMICON, livre d’art que le studio trouve « dérangeant ». Conçu par l’artiste suisse Hans Ruedi Giger, il est doté d’une esthétique perturbante où frontière entre humains et machine s’avère assez floue. « Quand j’ai lu NECRONOMICON de Giger, mes yeux sont sortis de ma tête. Je suis allé le rencontrer et lui ai dit « c’est parfait, ne changez rien ». ».

Le phénomène ALIEN

La production n’a rien d’une partie de plaisir. Scott est rigoureux, méthodique et froid, le cinéaste n’établit pas une relation très sentimentale. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir la confiance de son équipe, et notamment celle de Sigourney Weaver. « J’avais confiance en Ridley. Il a l’oeil pour ce qui est réel ou pas… » expliqua l’actrice. « Il était un peu submergé par nous tous. Mais on sait toujours où on en est avec Ridley. ». La légende veut que les acteurs ignoraient ce qui allait se produire. Tout est contrôlé avec précision, le tournage difficile nourrissant l’atmosphère tendue à l’écran.

Lorsqu’est venu est venu le moment de sortir le film, le stress grimpe malgré la confiance en son film. « Lors de la première à Dallas, je faisais le tour du pâté de maisons. Je prenais un verre, puis je revenais en disant ‘ils en sont où ?’ « . Le public reste bouche bée. Scott éprouve un soulagement. Les applaudissements sont retentissants et promettent une belle carrière à ALIEN qui sort le 25 mai 1979 aux Etats-Unis. Produit pour 11 millions de dollars, le film rapportera 201 millions de dollars à travers le monde et lancera une franchise devenue un emblème de la pop culture. Scott peut alors voir l’avenir en grand et se lancera dans une autre aventure épique futuriste…

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