Le coin des mal-aimés : Showgirls

Dans cette rubrique, je me penche sur ces films qui sont considérés comme « mauvais » ou « ratés », en somme les mal-aimés du cinéma. Le box-office n’est donc pas l’unique critère. À la fin, je pose une question simple : le mal-aimé est-il vraiment un raté ou peut-on le réhabiliter ?

SHOWGIRLS réalisé par Paul Verhoeven (1995)

Ça raconte quoi ? Sans famille, sans amis et sans argent, Nomi Malone débarque à Las Vegas pour réaliser son rêve : devenir danseuse. A peine arrivée, elle se fait voler sa valise par l’homme qui l’a prise en stop. Perdue dans la ville, Nomi doit son salut à Molly Abrams, costumière au «Cheetah», un cabaret réputé de la ville. Molly lui trouve un job de stripteaseuse dans une boîte où elle fait elle-même quelques extras. Cristal Connors, la vedette du «Cheetah», très attirée par Nomi, la fait engager dans son show où elle gravit rapidement les échelons. Dans les coulisses impitoyables de Vegas, Nomi devient très vite une rivale gênante.

Le contexte : Paul Verhoeven est bien installé à Hollywood, venant d’enchaîner trois succès (ROBOCOP, TOTALL RECALL, BASIC INSTINCT). Avec le producteur Mario Kassar, ils développent rapidement le projet avant de l’abandonner après lecture de scénario. Ils y reviendront après avoir du abandonner le projet très ambitieux CRUSADES. Avec l’aide du producteur français Jérôme Seydoux, Verhoeven met sur pied ce nouveau film forcément très attendu par la sphère cinéphile.

Pourquoi c’est un mal-aimé : Après un évident plébiscite de ses trois précédentes oeuvres, Verhoeven tombe de haut avec la réception critique de SHOWGIRLS. Le film se fait allumer de partout : des dialogues ridicules, un scénario à la ramasse, un casting raté, une représentation de la sexualité jugée voyeuriste. Il chute également au box-office en amassant seulement 37 millions de dollars pour 45 millions de budget. Le public n’est pas des plus tendres et goûte peu aux excès du cinéaste.

Vraiment raté ou réhabilité ? Voilà bien un film spécial, vraiment très spécial. Certes, Verhoeven n’est pas un cinéaste qui répond aux conventions, mais on a parfois l’impression qu’il veut frapper fort avec SHOWGIRLS et « détruire » un peu son côté hollywoodien. Au-delà de ça, c’est aussi et surtout une oeuvre phénoménale sur le monde du spectacle, le script mettant en évidence les liens indissociables qui existent entre le sexe et l’argent, la prostitution et l’ascension professionnelle d’une jeune femme prête à tout pour réussir. On y croise une galerie de personnages exubérants, parfois attachants, parfois odieux. Il est aisé de comprendre pourquoi il n’a pas plu (la crudité de ses scènes de sexe, le tourbillon des genres, la nudité), mais il est aussi facile de comprendre pourquoi il plaît davantage aujourd’hui. C’est une réhabilitation pour ma part.

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