Clint Eastwood est-il meilleur en tant qu’acteur ou réalisateur ?

Oui, le titre de cet article est une vraie question. Elle provient des spécialistes du cinéma américain qui ont répondu à cette interrogation via une analyse de ses différentes oeuvres. Relayée par le média HOLLYWOOD REPORTER, cette thèse est très claire : Clint Eastwood est meilleur en tant que réalisateur.

Les récompenses

Au premier abord, cette affirmation semble bien étonnante, mais elle passe mieux avec les explications. D’abord, il y a l’élément le plus clair : les récompenses. Certes, ces dernières ne font pas toujours la

qualité d’un film, mais elles permettent de placer des repères dans une carrière. Déjà, ce constat : avant d’être réalisateur, Clint Eastwood n’a jamais été nommé aux Oscars. Il faut attendre 1993 et IMPITOYABLE pour qu’il soit enfin dans la liste. Il recevra les oscars du meilleur film et meilleur réalisateur, mais échouera dans la catégorie meilleur acteur face à Al Pacino (qui remportait là aussi son premier oscars pour LE TEMPS D’UN WEEK-END). Il sera ensuite nommé huit fois de plus pour les Oscars, mais une seule fois pour sa performance d’acteur dans MILLION DOLLAR BABY (qu’il ne remportera pas au profit de Jamie Foxx dans RAY). En revanche, il gagnera une nouvelle fois celui du meilleur réalisateur. Une catégorie dans laquelle il sera également nommé pour MYSTIC RIVER et LETTRES D’IWO JIMA.

La diversité

Ces récompenses démontrent aussi que les critiques l’ont davantage aimé devant la caméra… quand il était derrière. L’étude affirme que les meilleurs rôles d’Eastwood se trouvent dans ses propres films. Là encore, difficile de contre-attaquer (quel réalisateur lui a offert des rôles d’une envergure aussi grande que dans IMPITOYABLE, HONKYTONK MAN ou GRAN TORINO ?) même si ses personnages de western et de « gros durs » restent mémorables (la Trilogie du DOLLAR, Inspecteur Harry). Justement, c’est là-dessus que porte l’autre point. En tant qu’acteur, Eastwood a majoritairement incarné des personnages virils et sûr de leurs forces, une sorte d’archétype qui a limité la polyvalence de ses prestations. Le constat peut paraître sévère, mais il n’est pas totalement hors de propos. Avec la réalisation, il a touché tous les genres : le drame et le thriller à de multiples reprises, le film de guerre (AMERICAN SNIPER, LE MAITRE DE GUERRE), le film musical (HONKYTONK MAN, BIRD), le western bien sûr (PALE RIDER, L’HOMME DES

HAUTES PLAINES), le film d’amour (SUR LA ROUTE DE MADISON), le biopic (J.EDGAR). Son oeuvre en tant que cinéaste est effectivement étourdissante et brillante. En tant qu’interprète, hors de ses propres réalisations, il n’a pas incarné de rôles très diversifiés. Certes, LES PROIES a joué sur cette figure masculine devenue le pantin de ses Dames, mais c’est une des rares fois où Eastwood fut un peu « malmené ».

La nuance

Malgré tout ces éléments concordants, un seul n’est pas évoqué : son incroyable transformation. Combien de comédiens ont eu une telle carrière de cinéaste ? Probablement aucun. Aucun avec ce prestige et cette qualité. Il y a une sincérité qui transpire dans chacun de ses projets et ce qu’il représente en tant qu’acteur l’a aidé à devenir ce grand réalisateur. C’est une véritable icône qui est constamment parvenu à se renouveler sans s’enfermer dans un genre. Alors oui, on peut considérer que sa carrière de cinéaste est plus riche et qu’il s’est offert des rôles à la mesure de son talent. Mais ce qui restera de Clint Eastwood, c’est également une « gueule », un charisme, une aura que la seule réalisation n’aurait jamais pu lui accorder.

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