Il y a certains films qui restent étrangement oubliés dans les diverses filmographies de chaque artiste. RESCUE DAWN en fait partie. Pourtant réalisé par une pointure (Werner Herzog) et porté par un grand acteur (Christian Bale), ce film est passé sous les radars en 2008. Peut-être aussi parce qu’il est sorti directement en DVD dans l’Hexagone, sans passer par la case ciné…
Une histoire vraie
Pour Bale, RESCUE DAWN se situe entre 3H10 POUR YUMA et THE DARK KNIGHT. Une fois de plus, il
malmène son corps pour se glisser dans la peau du lieutenant Dieter Dengler, pilote dans l’aéronavale américaine, qui envoyé en mission secrète au-dessus du Laos au début du mois de février 1966, son objectif étant de bombarder les voies d’approvisionnement de l’armée nord-vietnamienne. Abattu en plein vol, il parvient à se sortir du crash de son avion mais est rapidement capturé par des miliciens du Pathet Lao. Après avoir subi diverses tortures et humiliations, il est emmené dans un camp de prisonniers. Ce récit s’inspire du véritable Dieter Dengler qui fut même capturé deux fois durant sa vie. Dans un souci de réalisme, tous les gardes du camp de prisonniers étaient basés sur les personnes réelles. Et pour reconstituer cette partie historique, toute l’équipe a beaucoup donné…
Christian Bale, jusqu’au-boutiste
Connu pour ses tournages dantesques (comme FITZCARRALDO), Werner Herzog n’a ménagé personne (pas même lui). Il a trouvé l’acteur parfait avec Christian Bale, tant ce dernier aime être mis sous pression. Pour info, la seule séquence où il s’est fait doubler, c’est pour le crash. Pour le reste, le comédien s’est livré à une performance dont il a le secret. Il s’est immergé à 100 % dans l’histoire de son personnage, s’enfermant même durant plusieurs jours pour exprimer parfaitement la notion d’emprisonnement à l’écran. Le tournage est conçu en continuité inversée afin que Bale, qui maigri au fil du film, puisse paraître de corpulence moyenne pour les scènes d’avant l’emprisonnement. Et puis il y a évidemment la dégustation d’insectes. Bale décide de manger véritablement des asticots pour les besoins d’une
séquence. Solidaire, Herzog lui propose de manger une cuillerée avec lui, mais l’acteur refuse arguant le fait que ce n’est pas nécessaire. Le cinéaste est d’ailleurs revenu sur cette journée cocasse dans les bonus du DVD. « Je lui ai dit qu’il pouvait me dire quand il voulait arrêter de manger et que je couperai alors la prise. Mais lors du premier Clap, il se met à rire en voyant la réaction de dégoût des autres membres de l’équipe. Quand on commence la deuxième, il se met à manger encore et encore. Je me dis alors ‘Waouh, ce type est vraiment engagé, quand va-t-il s’arrêter ?’. En fait, il avait oublié la consigne de départ et attendait donc mon ‘cut’. Perturbé et dégoûté, il se tourne alors vers moi en me demandant ‘Quand allez-vous dire cut ?' ». Pour paraître crédible en prisonnier, il a dû perdre 20 kg, ce qui est assez énorme (juste en-dessous des 28kg perdus pour THE MACHINIST). Un véritable caméléon.
Un film passé sous les radars
RESCUE DAWN a été financé de manière indépendante, les 10 millions de budget étant un apport de différentes structures et notamment d’un certain Elton Brand, basketteur reconnu, qui s’est mis à la production. Désirant s’investir dans des projets qualitatifs, il met quelques millions de dollars dans ce film qui n’en rapportera malheureusement que sept lors de sa sortie en 2007. Les avis seront pourtant positifs et la présence de Christian Bale au casting aurait dû offrir au long-métrage l’exposition nécessaire. Grâce aux plateformes de streaming, RESCUE DAWN a connu une seconde vie et si vous ne l’avez toujours pas vu, il est actuellement disponible sur Amazon Prime Video.
