Critique de THE KILLER

Déjà trois ans que le dernier film de David Fincher a été mis en ligne sur Netflix. Une plongée dans le cinéma des années 30 dans laquelle le réalisateur reprenait le script écrit précédemment par son père. Trois ans plus tard, il adapte LE TUEUR (THE KILLER en anglais), une bande-dessinée française, créée par Matz et Luc Jacamon dans un film aux antipodes qui se caractérise par son implacable froideur.

Fincher tout en maîtrise

Après un désastre évité de justesse, un tueur se bat contre ses employeurs et lui-même, dans une

mission punitive à travers le monde qui n’a soi-disant rien de personnel. Pitch simple et direct qui ne s’embarrasse pas de superflu. C’est ce qu’est THE KILLER, un exercice de mise en scène qui dicte son tempo avec un aspect clinique qui rebute ou passionne, au choix. Les vingt premières minutes sont là pour en attester : plongé dans un appartement avec le Tueur, on le voit exécuter ses rituels puis partir se balader en pleine ville avec une voix off représentant ses pensées. Fincher colle ici à la BD en plongeant dans la tête de cet homme impitoyable incarné par un Michael Fassbender parfaitement rigide. Il y a en effet peu de dialogues dans le film si ce n’est cette voix entêtante qui se répète que l’empathie est un danger.

L’homme est insaisissable tout comme l’ensemble du film qui est fait pour diviser. Dans sa démarche, Fincher ne s’embarrasse jamais d’être divertissant ou populaire. Il expérimente, encore et toujours, avec des plans toujours plus beaux et une association son / image qui brille par son inventivité. À l’instar de ce mano a mano d’une brutalité sans nom qui fait résonner le mobilier dans un bruit assourdissant. La photo d’Erik Messerschmidt (qui avait déjà travaillé avec le cinéaste sur MANK) est sublime, offrant des contrastes remarquables. Indéniablement, THE KILLER fait des étincelles esthétiquement. Ce qui n’est pas vraiment une surprise quand on connaît le talent du bonhomme derrière la caméra.

Un tueur facile

Mais le film est-il réellement passionnant ? C’est la grande question que je me suis posée en le visionnant. Tout est bien fait, oui, Fassbender assure, il y a quelques séquences de haute volée, mais j’ai parfois eu du mal à rester accroché à ce récit glacial, doté d’aucune émotion. Pourtant, si ce tueur cherche à se venger, c’est qu’il est capable de ressentir quelque chose. Se bloque-t-il intentionnellement ? D’ailleurs, il est parfois proche de faire preuve d' »empathie » envers ses victimes. Comme ce personnage impénétrable, THE KILLER ne laisse rien passer et ressemble à un exercice de style sans variante dans lequel on évolue au gré des meurtres appliqués et ceux à venir. C’est un univers singulier, régi par ses règles, mais qui ne fonctionne que partiellement (on a quand même du mal à croire qu’il parvient à tuer avec autant de facilité alors que ce tueur n’est pas très discret…). C’est une oeuvre curieuse qu’il faudra sûrement revoir pour en apprécier certaines subtilités. Après tout, la plupart des films de Fincher prennent de la valeur avec le temps…

AVIS GLOBAL : Un exercice de style appliqué et soigné, porté par la mise en scène virtuose de Fincher et la prestation monolithique de Michael Fassbender. Toutefois, THE KILLER s’avère assez peu passionnant et reste d’une froideur qui rebutera de nombreux spectateurs. Un curieux film qui mérite une seconde vision.

NOTE :

Note : 3 sur 5.

THE KILLER est actuellement disponible sur Netflix.

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