Legend, Ridley Scott plonge dans la fantasy

Avant même d’achever BLADE RUNNER, Ridley Scott a déjà des vues sur son futur projet intitulé LEGEND OF DARKNESS. Un conte de fées qui tranche radicalement avec la noirceur de ALIEN et BLADE RUNNER.

Une volonté de changer d’air

L’intérêt du cinéaste pour les oeuvres de Grimm, Andersen et Perrault remonte à sa version inaboutie de TRISTAN ET ISEULT pour lequel il s’est immergé dans LA BELLE ET LA BETE de Jean Cocteau. Raccourci en

LEGEND, le film de Scott désire narrer un conte original. C’est le scénariste William Hjortsberg qui s’occupe du script, auteur de romans fantastiques. Sa sensibilité surréaliste et visuelle s’insère totalement dans le cinéma grand public prôné par Scott. Ce dernier veut que LEGEND soit un film fait pour les enfants. Passionné par cet univers, il produit 411 pages de story-boards avec l’aide de l’artiste Martin Asbury, élaborant des tableaux complexes et infilmables, surtout à l’époque où les effets visuels numériques n’existent pas.

Un conte de fées

C’est ici une plongée totale dans un monde fantaisiste, éloigné de tout univers réel. L’histoire est celle d’une quête typique. Dans une forêt mystique non spécifiée, l’héroïque Jack, incarné par Tom Cruise, doit sauver une princesse emprisonnée et tentée par le démon Darkness (impressionnant Tim Curry) qui veut plonger le monde dans la nuit grâce à la corne d’une licorne tuée. Produit pour 25 millions de dollars, LEGEND est couteux et ne rassure pas foncièrement les deux studios producteurs, 20th Century Fox et Universal. Même si la jeune vedette Tom Cruise est là, on ne peut pas encore parler de véritable star attirant les spectateurs par sa seule présence. Scott montre à Cruise L’ENFANT SAUVAGE de François Truffaut qui inspire l’acteur pour son jeu et son langage corporel. De son côté, Tim Curry doit subir plus de quatre heures de maquillage pour devenir l’impressionnant Darkness : ses cornes sont faites en polystyrène et mesurent 90 cm tandis que ses sabots le rehaussent de 45 cm. Curry s’en donne à coeur joie, nous offrant une prestation jubilatoire et effrayante dans la peau de ce montre diabolique.

Un lourd échec

Après un tournage émaillé d’incidents (dont un important incendie qui a brûlé tout le décor de la forêt), LEGEND s’apprête à souffrir au montage. UNIVERSAL tombe des nues en voyant un Tom Cruise qui ne sourit pas, loin du charme de sa prestation dans RISKY BUSINESS. Au fil d’un processus calamiteux de projections tests et de divergences des têtes pensantes des deux studios, LEGEND se voit abrégé de plus de trente minutes pour devenir un long-métrage de 1h29 ! Le film fera un bide au box-office et subira de nombreuses critiques négatives. Scott encaisse le choc, mais en accepte la responsabilité. Après trois films denses et exigeants, le réalisateur est physiquement épuisé et sa confiance, sérieusement ébranlée.

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