The Mosquito Coast, Peter Weir façonne sa société idéale avec Harrison Ford

Peter Weir a une sacrée filmographie et la quête d’un idéal représente un peu le fil rouge de sa carrière : LE CERCLE DES POETES DISPARUS, THE TRUMAN SHOW, L’ANNEE DE TOUS LES DANGERS, MASTER AND COMMANDER. Ses personnages bousculent les conventions, s’approprie l’idée de société pour mieux la contourner. Doit-on forcément rester ancré dans un carcan décidé pour nous ?

Une adaptation désirée

Le film WITNESS aura eu une grande importance pour le cinéaste. D’abord parce que le projet THE MOSQUITO COAST lui tient à coeur depuis longtemps. Il a lu le roman de Paul Theroux intitulé LE ROYAUME DES MOUSTIQUES en vf et est tombé immédiatement amoureux de cette histoire aux émotions fortes. Problème, il ne parvient pas à rassembler assez d’argent pour se lancer dans un projet d’une telle ampleur. Le succès de WITNESS l’aidera à convaincre le studio (la Warner). De plus, il a noué une relation d’amitié forte avec Harrison Ford qui rempile avec plaisir pour THE MOSQUITO COAST.

Un personnage aux antipodes

Voilà une histoire de ras-le-bol, celle d’un homme qui rêve d’un autre monde. Allie Fox ne trouve plus l’Amérique à sa hauteur, c’est un visionnaire, un inventeur maniaque et surdoué, l’idole de sa femme et de ses enfants. Son pays est devenu un rêve avorté, un pays tombe aux mains de boutiquiers médiocres. Des que l’occasion se présente, il quitte ce vieux monde pour le Honduras où il débarque avec toute sa famille en pleine jungle « au royaume des moustiques ». Pour Ford, incarner ce personnage plutôt antipathique est un véritable défi, lui qui est apprécié du grand public pour son côté plus héroïque. Allie Fox est un homme à la psychologie déroutante, à la fois père de famille aimant et profondément égoïste dans sa démarche. Il se voit en tant que démiurge, reléguant son épouse au second rang (Helen Mirren) tout en se refermant de plus en plus sur lui-même au fur et à mesure que ses idées se confrontent à la dure réalité.

Un film mal compris

Peter Weir mêle exotisme, aventure et psychologie en n’essayant jamais d’être aimable avec son protagoniste. Cette vision, il l’aura également des années plus tard sur MASTER AND COMMANDER, vendu

comme un Blockbuster héroïque mais qui se révèle être un drame psychologique plus trouble. Cette façon de détourner les codes jouera en défaveur de THE MOSQUITO COAST qui fera un bide retentissant au box-office. Les critiques de la presse seront d’ailleurs négatives et le public rejettera cette proposition de cinéma trop éloignée de ses attentes. La faute à un studio qui le vend comme un grand spectacle familial de fin d’année, rempli d’action et d’aventures, ce que le film n’est absolument pas. Il faudra des années pour qu’il soit réhabilité à sa juste valeur. Pour Weir, il ne reviendra que trois ans plus tard avec ce qui constituera le plus grand succès de sa carrière : LE CERCLE DES POETES DISPARUS.

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