Desperado, le récit d’un tournage hors normes

DESPERADO, c’est un peu le premier aboutissement de Robert Rodríguez en tant que cinéaste. En 1992, il lance sa carrière de cinéaste avec un tout film auto-produit pour 7 000 dollars intitulé EL MARIACHI. Son succès en festival et dans la poignée de salles où il est distribuée lui permet de voir plus grand : DESPERADO arrive à grand galop et est pensé comme une suite de sa première oeuvre.

Budget confortable… mais pas trop

Cette fois, toujours un sept dans le budget, mais plus de zéro derrière : Rodriguez a le droit à une belle enveloppe de 7 millions de dollars pour son projet. Belle enveloppe en apparence car les ambitions sont grandes et que le budget reste relativement faible pour les mener à bien. Dans une certaine mesure, le cinéaste se retrouve dans la même situation qu’avec son premier long. « Si c’était à refaire, pas sûr que je m’y risquerais » lançait un Antonio Banderas hilare lors d’une interview accordée à l’émission de radio FRESH AIR en 2019. Il faut dire que DESPERADO ne respecte aucune véritable norme et qu’il se fait un peu en mode « guérilla ».

Un tournage virevoltant

Rodriguez voit les choses en grand pour cette suite et ne prend pas toujours en compte la relative faiblesse de son budget. « C’était fou » a déclaré Banderas. « Nous avons fait un film sans argent, mais avec des ambitions de Blockbuster. Je n’en reviens toujours pas qu’on y soit arrivés. » Pour se faire, tout le monde met la main à la patte. Banderas a notamment été réalisateur de seconde équipe sur une séquence entière ! Malgré les nombreuses cascades, seuls deux cascadeurs ont été utilisés tout au long du film. L’acteur principal n’a pas chômé. « On a pris beaucoup de risques. Une fois, nous avons été accrochés à un câble attaché sur une grue. Un homme, un travailleur en construction qui travaillait sur une maison aux alentours, a d’abord transporté Salma Hayek, puis moi d’un toit à l’autre… Ce câble était attaché à un harnais que nous avions sous notre costume,. Mais ce n’était pas très précis parce que le gars ne le répète jamais. Il n’a jamais rien fait de tel. Ce n’était pas un expert en sécurité ou un professionnel du cinéma, juste un mec qui met des briques sur les toits ! La première fois qu’il me balance, je me tape la tête contre le bâtiment…C’était juste fou. Nous l’avons répété plusieurs fois jusqu’à obtenir ce qu’on voulait. Mais nous jouions avec nos vies à ce moment-là. Et puis il y a eu une explosion derrière nous, un incendie qui doit remplir tout l’écran. Il n’y avait pas de CGI. C’était pour de vrai. Et je me souviens de l’odeur, vous savez, des cheveux brûlés… Mes cheveux, les cheveux de Salma et tous ceux qui étaient derrière la caméra ! ».

Doutes et chaos

Sur le plateau, Rodriguez est bien conscient de ne rien faire comme les autres. L’acteur Danny Trejo, quant à lui, semble être dans son élément dans ce chaos ambiant. Un peu moins Salma Hayek qui tenait là l’un de ses premiers rôles. Si les cascades ne lui posent pas de problème, une scène en particulier lui

sera assez désagréable : le passage « érotique » avec Antonio Banderas. Un passage non prévu que Rodriguez a imaginé en pleine production. « Quand il a fallu tourner la scène en question, je me suis mise à sangloter. Je ne savais pas si j’en étais capable, j’avais peur », déclara l’actrice au média PEOPLE. « L’une des choses qui me faisait vraiment peur, c’était de le faire avec Antonio… Il était absolument gentleman, très gentil, et nous sommes toujours des amis très proches, mais il était très libre. Je craignais que pour lui, tourner cette scène ne soit rien du tout, qu’il le prenne à la légère. J’ai commencé à pleurer, et il m’a dit : « Oh mon Dieu, tu me fais me sentir mal. » J’étais tellement embarrassée que j’ai continué de pleurer. ». Rodriguez fera le nécessaire pour la mettre à l’aise et exigera que le plateau soit vidé de tout technicien durant les prises de vues. Qui dureront huit heures au lieu d’une heure prévue !

Résultat, DESPERADO sera une petite bombe adorée par le public et plutôt apprécié par les critiques. Il rapporte 57 millions de dollars au box-office et installe Rodriguez à Hollywood tandis qu’Antonio Banderas et Salma Hayek deviendront des vedettes. En 2003, un troisième opus nommé DESPERADO 2 – IL ETAIT UNE FOIS AU MEXIQUE sera produit sans jamais réellement retrouver l’élan du précédent.

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