Critique de THE CREATOR

En 2010, le monde du cinéma découvre le cinéaste Gareth Edwards avec un tout petit film de SF nommé MONSTERS. Produit pour une poignée de dollars (150 000 pour être exact), il valait le coup d’œil par son ambition visuelle époustouflante et ses effets spéciaux très soignés. Par ce biais, Edwards a tapé dans l’oeil d’Hollywood qui lui a alors confié les clés d’un reboot aussi attendu que redouté : GODZILLA.

Un homme de franchises

Ce qu’on peut dire, c’est qu’il n’a jamais fait ce qu’on attendait véritablement de lui. Loin d’être un simple exécutant, il a toujours cherché à embellir visuellement le projet par des idées de mise en scène souvent

remarquables. GODZILLA est certainement le meilleur opus du MonsterVerse grâce au point de vue qu’Edwards a imposé : voir assez peu le monstre et toujours à hauteur humaine. Deux paramètres qui ont rebuté certains spectateurs et qui furent totalement abandonnés par la suite pour des opus devenus de simples blockbusters lambda sans âme (la différence avec GODZILLA 2 est d’ailleurs effrayante). Par la suite, le cinéaste peut se targuer d’avoir réalisé l’épisode STAR WARS le plus apprécié de ces dernières années : ROGUE ONE, stupéfiant spin-off STAR WARS habité par des images iconiques (dont cette bataille finale, spectacle à couper le souffle mis en scène avec maestria).

Un projet original

Pour revenir, il aura mis du temps. Près de sept ans séparent ROGUE ONE de THE CREATOR, un projet original comme le cinéma US n’en fait plus depuis bien longtemps. Pas de véritable vedette, pas de lien avec une franchise et un budget « middle » de 80 millions. C’est dingue, mais THE CREATOR pourrait être un OVNI alors que son sujet s’avère finalement assez simple et déjà abordé de nombreuses fois : l’Intelligence Artificielle. Certes, cette dernière n’est plus de la science-fiction, ce qui apporte au film une pertinence certaine. On y suit Joshua (John David Washington), un soldat américain infiltré en Asie, qui perd sa femme Maya (Gemma Chan) lors d’un assaut. Il rentre aux États-Unis, complètement dévasté. Cinq ans plus tard, l’armée lui demande de revenir sur le terrain, craignant qu’une puissante intelligence artificielle n’ait créé une arme qui permette à l’Orient de gagner la guerre qu’elle livre à l’Occident. Sentant son utilisation proche, elle souhaite qu’il la trouve et la détruise. 

Comme souvent avec les robots, l’idée est de questionner leur « humanité » : peuvent-ils réellement être considérés comme des êtres vivants ? Et d’ailleurs, qu’est-ce qui définit ces derniers ? Les actes ? Les émotions ? Bref, de vastes sujets qu’Edwards abordent sans jamais y plonger totalement. Difficile en deux

heures de faire tenir toutes ces thématiques en remplissant à la fois un certain cahier des charges en terme de spectacle. Sur ce point, THE CREATOR n’en est pas avare. Traversé par de nombreuses séquences d’action, il demeure souvent impressionnant. Edwards nous montre une fois de plus son talent visuel avec des plans souvent sublimes (notamment avec une gestion parfaite de la profondeur de champ) et des effets spéciaux bluffants qui mettent une claque à la majorité des blockbusters sortis ces derniers mois… souvent produit pour 100 à 200 millions de plus ! Au-delà de ce paramètre financier, THE CREATOR est bien aidé par ses qualités visuelles qui nous permettent de plonger totalement dans ce futur pas si noir.

Une note d’espoir

Même si les surprises ne sont pas légion, le scénario parvient à élever ses enjeux par son absence de manichéisme. Ni de bons, ni de méchants, tous se situent dans la zone grise (que ce soit les humains ou les robots). Les erreurs des uns influent sur les autres et seule la nouvelle génération peut alors symboliser le renouveau. Davantage abordé sous le prisme de l’émotion, THE CREATOR parle de sentiments et de liens noués entre les êtres, qu’ils soient faits de chair ou de circuits. Edwards évite toute mièvrerie et parvient à toucher par une histoire plus optimiste qu’elle n’en a l’air, impulsée par cette idée que les différences devraient plutôt nous rapprocher au lieu de nous éloigner. Simple, mais efficace.

AVIS GLOBAL : Visuellement sublime, THE CREATOR est un pur film de Gareth Edwards, traversé par des images remarquables et un sens certain du spectacle. Il n’en oublie pas son histoire qui, malgré quelques facilités, parvient à toucher et amener quelques réflexions sur un sujet complexe.

NOTE :

Note : 3.5 sur 5.

THE CREATOR est actuellement disponible dans les salles de cinéma.

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