Critique de INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINEE

Harrison Ford, 80 ans, a repris les oripeaux d’INDIANA JONES une ultime fois. James Mangold a succédé à Steven Spielberg au poste de réalisateur et Disney distribue pour la première fois la saga créée par George Lucas il y a 42 ans maintenant. Voilà ce que LE CADRAN DE LA DESTINEE représente, une fin, mais aussi peut-être le début d’une nouvelle ère.

La bonne vieille époque…

Ce qui reste immuable, c’est la qualité renversante des trois premiers opus qui n’aura jamais été mise à mal par les opus 4 et 5 sortis en 2008 et, donc, 2023. Ni l’augmentation des budgets, ni le confort de réalisation, ni les effets visuels n’auront permis à Indy d’impressionner davantage les spectateurs. Que ce soit la course-poursuite du premier film, la virevoltante séquence des mines dans LE TEMPLE MAUDIT ou la triomphale séquence du char de LA DERNIERE CROISADE, aucune d’entre elles n’a d’équivalence dans les deux derniers films. LE CADRAN DE LA DESTINEE a beau coûté 300 millions de dollars, on n’est jamais vraiment scotché à notre fauteuil lors de scènes d’action (même si la poursuite en Tuk Tuk est plutôt réussie et que l’intro renoue avec un plaisant classicisme). On ne se demandera pas pourquoi, mais on peut tout de même constater que le film de James Mangold n’est pas le seul cette année à être décevant visuellement côté Blockbuster…

Pourtant, cette ultime virée du plus célèbre aventurier est prenante. Dès l’intro, on retrouve avec plaisir un Indy rajeuni par la magie des CGI à bord d’un convoi rempli de nazis. Nous sommes en terrain connu et les situations dangereuses s’enchaînent avec bonheur. Les cordes de John Williams se déchaînent et le thème principal retentit. Nous sommes en terrain connu et, pour ma part, ça me va très bien. Harrison Ford réapparaît ensuite avec sa démarche lasse et fatiguée, portant visiblement un poids énorme sur ses épaules. On le saura plus tard, mais l’aventurier n’a pas été épargné par les malheurs et s’apprête à partir en retraite pour terminer son existence dans ses bouquins et ses regrets. Oui, c’est triste et c’est ce que veut nous montrer James Mangold : Jones est vieux, touché par la vie et éloigné de tout ce que ce monde lui offre (d’ailleurs, il se contrefiche de la conquête spatiale tandis que ses élèves ne sont plus du tout subjugué par ses cours sur l’Histoire…). Il n’appartient pas à postérité et c’est dans ce contexte qu’il va renouer avec son passé, d’abord par le biais de la réapparition de sa filleule (l’énergique Phoebe Waller-Bridge) puis par le retour de ses vieux ennemis, les nazis.

Indy s’en va

Cette déconnexion entre Indy et son époque est bien maîtrisée par Mangold qui doit ensuite respecter le cahier des charges de la saga et pousser l’aventurier à reprendre son fouet. Alors oui, on frôle l’excès (on se doute bien que Ford, malgré sa forme, ne réalise pas toutes ses cascades) et il faut donc demander aux

spectateurs un peu d’indulgence. D’ailleurs, n’était-ce déjà pas le cas dans les trois premiers films ? Les trépidantes roulades de Jones étaient déjà souvent improbables et, pourtant, le public reste moins sévères avec elles. Peut-être que c’est là aussi une question d’époque, celle qui admire des super-héros improbables est en même temps incapable d’offrir la latitude nécessaire à une pointe d’imaginaire et de réalité arrangée. Un drôle de paradoxe. Quoi qu’il en soit, le cinéaste essaie de maintenir le rythme et y parvient durant une bonne heure et demie avant de devoir quelque peu plonger dans une dernière heure qui aurait mérité d’être raccourcie. Là aussi, c’est une forme de paradoxe : le troisième acte paraît long et en même bâclé dans ce qu’il veut montrer. Jusqu’à un surprenant renversement de situation qui divisera forcément le public.

INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINEE est le baroud d’honneur d’un héros de cinéma, d’une véritable icône. La séquence finale, magnifique, renferme tout ce que cette saga représente. James Mangold a saisi l’esprit de cette dernière et ce n’était pas gagné tant celle-ci doit beaucoup au duo George Lucas – Steven Spielberg. Bien sûr, il ne réussit pas tout et aurait pu offrir un meilleur rôle au génial Mads Mikkelsen, mais il clôt avec honneur l’une des franchises les plus célèbres de l’Histoire du cinéma qui doit désormais, à tout jamais, reposer en paix.

AVIS GLOBAL : Si LE CADRAN DE LA DESTINEE marque le pas lorsqu’il s’agit de rendre l’action réellement trépidante, il réussit à offrir une dernière aventure honorable au grand Harrison Ford qui restera à tout jamais la figure du cinéma d’aventures contemporain avec Indiana Jones.

NOTE :

Note : 3.5 sur 5.

INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE est actuellement disponible dans les salles de cinéma.

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