Ennemis rapprochés, une production tumultueuse

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Voilà un film dont le tournage est devenu presque plus populaire que le film lui-même. Entre vérité et exagération, la réunion entre Harrison Ford et Brad Pitt fut assez explosive pour un long-métrage finalement assez sage. Certes, ENNEMIS RAPPROCHES est traversé par quelques fulgurances, mais il souffre tout de même d’un rythme lancinant qui empêche son propos de véritablement émergé.

Brad Pitt sur le devant de la scène

En 1990, le producteur Lawrence Gordon acquiert les droits du script. Il transmet l’histoire à Brad Pitt l’année suivante. A 28 ans, l’acteur n’a aucune réputation dans le milieu et parvient difficilement à joindre les deux bouts à Los Angeles où il n’a décroché que quelques rôles anecdotiques. Son rôle d’auto-stoppeur sexy dans THELMA ET LOUISE de Ridley Scott va soudainement lui ouvrir de nombreuses portes. Subjuguée par le script, la future star ne verra cependant pas son rôle d’irlandais prendre forme. Jusqu’en 1995, le film est en « development hell » pendant que Pitt enchaîne les interprétations le menant vers le succès : ET AU MILIEU COULE UNE RIVIERE, TRUE ROMANCE, ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE et LEGENDES D’AUTOMNE. Voulant reprendre les rênes du projet, il suggère Harrison Ford pour le rôle du policier O’Meara (assez ironique, finalement). L’acteur de Han Solo et Indiana Jones accepte et le script d’être retravaillé pour lui offrir un rôle plus étoffé. 

C’est ensuite Ford qui suggère Alan J.Pakula au poste de réalisateur. Le metteur en scène des formidables LES HOMMES DU PRESIDENT et LE CHOIX DE SOPHIE voit sa carrière revenir vers le thriller puisqu’il sort tout juste de L’AFFAIRE PELICAN avec Julia Roberts et Denzel Washington. Il accepte de réaliser ENNEMIS RAPPROCHES même si le script ne le passionne guère. L’Histoire retiendra que ce sera sa dernière oeuvre (il s’éteindra en 1998).

Une production difficile

La production, emballée par le trio réuni, annonce une date de sortie et lance en grande pompe cette future production majeure. Le problème, c’est que Pitt exige une nouvelle réécriture pour son personnage, faisant suite à celle réalisée pour son acolyte. Le calendrier est strict, si bien que le tournage débute en

février 1996 avec un script non terminé ! Les tensions s’accumulent et Brad Pitt menace alors de partir. Le producteur lui rappelle que son départ entraînera une pénalité de 63 millions dont il devra s’acquitter… L’acteur ne s’aventure pas sur ce terrain et décide finalement de poursuivre l’aventure.

Les conflits s’accumulent, la machine est grippée. Les réécritures s’enchaînent, faisant grimper la tension entre les deux stars qui veulent chacune tirer l’avantage sur l’autre. Ce qui aura pour conséquence de provoquer la colère de Pitt qui a l’impression de tourner dans un dérivé du film LE FUGITIF avec Ford ! Le budget explose et atteint les 80 millions (loin des 50 millions prévus). A deux mois de la sortie, la scène finale doit être retournée en catastrophe et la promo se voit abîmée par la réserve des deux interprètes principaux. Voire carrément la destruction du film par Pitt lui-même. « C’est un désastre. C’est l’un des tournages les plus irresponsables auquel j’ai assisté. Je n’arrivais pas à y croire ! ». 

Finalement, ENNEMIS RAPPROCHES souffre de tous ces problèmes à l’écran. Hésitant constamment entre thriller, drame politique et histoire d’amitié qui vire à la souffrance, le film d’Alan J.Pakula est assez lent tout en parvenant pas à distiller correctement une quelconque tension. Pitt semble éteint dans certaines séquences tandis que Ford fait le strict minimum. Malgré tous ces défauts, l’ensemble reste largement regardable, même si, au vu des talents réunis, on pouvait s’attendre à bien mieux.

A sa sortie, le film est loin d’être un succès avec des recettes s’élevant à peine au-dessus des 140 millions. Un détail pour Brad Pitt qui va devenir une réelle star avec SEVEN, L’ARMEE DES DOUZE SINGES et SEPT ANS AU TIBET. Harrison Ford, lui, tournera dans AIR FORCE ONE, 6 JOURS 7 NUITS et L’OMBRE D’UN SOUPÇON.​

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