Le milieu de l’horizon, une adaptation à fleur de peau

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Adapter le magnifique roman LE MILIEU DE L’HORIZON, écrit par Roland Buti en 2013 n’était pas une tâche aisée. La réalisatrice Delphine Lehericey s’en sort avec les honneurs en se concentrant principalement sur ses personnages.

Nous sommes en 1976 et la sécheresse bat son plein. Gus, 13 ans, vadrouille en vélo, s’ennuie à la ferme et commence une flambée d’hormones qui se traduit directement par un vol de magazine érotique. En quelques plans, la note d’intention est claire, précise, directe. Le jeune Luc Bruchez doit alors se débattre avec une multitude d’émotions qu’il parvient à gérer de manière remarquable, sans en faire trop. Une tâche difficile, d’autant que le scénario va s’orienter vers une passion tumultueuse entre sa mère, Nicole, (Laetitia Casta) et une de ses amies, Cécile (Clémence Poésy).

Sans jamais exacerber le rôle de l’un ou de l’autre, la cinéaste filme ces sentiments avec pudeur. Elle raccroche les wagons avec la difficulté d’être un agriculteur à un moment où le secteur agricole est en pleine mutation commerciale. Jean (Thibaut Evrard) subit plusieurs pressions et n’est jamais un cliché d’homme brutal qu’il aurait été plus simple de dépeindre. Ici, on ressent de l’empathie pour lui, notamment à travers une scène très pertinente où il parle

à Gus de son futur. Delphine Lehericey n’essaie pas de moderniser à tout prix son récit et garde bien les moeurs des 70s où les places et les tâches sont bien définis. Elle n’officie jamais comme arbitre, mais laisse les liens se défaire progressivement pour aboutir à une situation inextricable.

Comme une étoile, Cécile débarque dans leur vie et rien ne sera plus jamais pareil. Nicole est alors pris d’une passion tourmentée par cette femme qui incarne la liberté, contrairement à elle qui s’enferme de plus en plus dans un quotidien qu’elle ne supporte plus. La mise en scène traduit parfaitement cette sensation grâce à l’image, entreprenant une synergie entre la canicule et ses effets sur les personnages. On pourrait regretter que le contexte ne soit pas abordé plus largement, mais le parti pris choisi est de se concentrer uniquement sur ces personnages qui vont voir leur existence changer l’espace d’un été. Tel ce cheval qui en train de mourir paisiblement, Gus abandonne l’enfance pour connaître la vie d’adulte. Une belle métaphore pour un joli métrage, simple, mais sincère.

AVIS GLOBAL : LE MILIEUR DE L’HORIZON est un film touchant, porté par un beau casting et une mise en scène soignée. Même si le récit aurait pu aller encore plus loin, il dépeint avec subtilité les sentiments troublés des personnages.

NOTE :

Note : 3 sur 5.

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