Jason Bourne, le classement de la saga

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Adaptée des romans de Robert Ludlum, la saga JASON BOURNE a marqué son époque tout en montant le niveau d’exigence des autres grands espions célèbres comme James Bond et Ethan Hunt (MISSION IMPOSSIBLE). On revient sur ces cinq films, du pire au meilleur (selon le point de vue de l’auteur, bien sûr). 

5 – JASON BOURNE : L’HERITAGE de Tony Gilroy (2012)

Indiscutablement, ce film possède des qualités : l’interprétation de Jeremy Renner, déjà, convaincante dans un registre différent de Matt Damon. Il y a également un scénario assez bien travaillé où les manigances de la CIA sont de plus en plus immorales. Mais toute l’essence même des premiers est annihilée par le manque de rythme évident du film. C’est la mise en scène qui faisait avancer l’histoire, pas les dialogues à rallonge. On s’ennuie franchement à certains moments et là où le souffle des précédents laissait sans voix, on reste vraiment de marbre devant des personnages assez peu intéressants. Gilroy mise tout sur les agissements de la CIA alors que c’était le personnage principal qui guidait l’histoire, l’empathie qu’on ressentait pour lui. Ici, tout est trop lisse pour emporter l’adhésion et les moments de bravoure manquent cruellement. Seule une course-poursuite sans âme sera servie à la fin.

4 – JASON BOURNE de Paul Greengrass (2016)

En 2016, on attendait fortement le retour de Jason Bourne, le personnage qui aura réussi à modifier la trajectoire de ses acolytes James Bond et Ethan Hunt (leurs sagas ne furent plus jamais les mêmes après l’arrivée de l’espion incarné par Matt Damon). Pour ce cinquième film, Greengrass convoque les mêmes ingrédients que sur la trilogie originelle (Treadstone, des super agents, des méchants, de la corruption en haut-lieu) et trouve ses qualités dans un rythme impérial, rehaussé par quelques scènes d’action spectaculaires (dont une course-poursuite en Grèce stupéfiante de virtuosité). Même si le scénario s’avère un peu décevant (on délaisse beaucoup Bourne au profit des manigances politiques), c’est parfois dans l’utilisation de la caméra que JASON BOURNE agace. Le style reporter, cher à la sage, est-il finalement l’un des ses plus gros défauts ? 

3 – LA VENGEANCE DANS LA PEAU de Paul Greengrass (2007)

Jason Bourne poussé à son paroxysme. Un super-héros des temps modernes. Un film enflammé, dopé à l’adrénaline dont on ressort un peu abasourdi. Je sais que beaucoup de fans de la saga le portent en admiration, mais je lui préfère les deux premiers volets. A la fin des deux heures, l’espion sait qui il est. En revanche, on est en droit d’être un peu perdu dans cette intrigue à la temporalité altérée. En effet, les deux-tiers du scénario se déroule entre les deux dernières scènes de LA MORT DANS LA PEAU ! Construction alambiquée pour action totale qui commence à la gare de Londres en passant par une séquence dantesque au Maroc et s’achève dans les bureaux de la CIA. Encore une fois, la caméra embarquée a ses défauts. Mais le rythme est tellement fort et le suspense intense, que l’on n’y prête de moins de moins d’attention au fil de l’histoire. Jason Bourne finit comme il avait commencé : dans l’eau, en contre-plongée parfaite, comme un personnage qui va renaître encore une fois. 

2 – LA MEMOIRE DANS LA PEAU de Doug Liman (2002)

Le début, l’introduction du mythe Jason Bourne. L’élévation au rang de star de Matt Damon, jeune acteur auréolé du succès de WILL HUNTING mais à la carrière qui commence à flancher. Réputés inadaptables, Liman va pourtant réussir, à l’aide du scénariste Tony Gilroy, à trouver l’essence même des bouquins de Ludlum. La mécanique est absolument impeccable dans ce film où le héros veut retrouver sa mémoire perdue. Avec un montage parallèle sur les agissements de la CIA, l’intrigue est extrêmement prenante et la réalisation froide de Liman (lumières ternes, éclairage presque inexistant) donne des atours de documentaire que Paul Greengrass poussera à son paroxysme dans les suites. Il y a également des moments de bravoure imparables, comme cette course-poursuite, désormais culte, dans Paris. Tourné avant les attentats du 11 septembre, le scénario est encore celui de l’ancienne époque, bloqué dans certaines thématiques désuètes (les super-soldats américains, pas encore d’écho de missions secrètes opérées dans l’ombre). En revanche, pas besoin de plus pour imposer Matt Damon en espion invincible. Charismatique à souhait, redoutable dans les scènes d’action, toujours intense, Damon est Bourne, tout simplement.

1 – LA MORT DANS LA PEAU de Paul Greengrass (2004)

En pleines années Bush, la saga change radicalement de route. La mort traîne partout, les secrets d’Etat sont de plus en plus prégnants et Bourne devient une machine à tuer après la mort de sa bien-aimée. Les magouilles impliquent les services secrets mondiaux et tout le monde est prêt à s’enrichir. LA MORT DANS LA PEAU est le plus grand film de la saga, celui du basculement, celui d’un scénario à tiroir incroyable, dont il faut être attentif au moindre détail. Embarqué dans une traque folle, le spectateur ne respire plus une seule seconde jusque cette avant-dernière scène absolument sublime, où Bourne avoue le meurtre à la fille des victimes. L’énorme changement est aussi côté réalisation et on ne peut pas dire qu’elle fait l’unanimité. La caméra emportée permet une certaine immersion mais le montage est parfois trop haché et rend l’action difficilement lisible. Celle de la poursuite à Moscou est trop découpée. Non, le vrai passage magistral est cet exceptionnel mano-à-mano où Bourne botte les fesses de son adversaire à coup de magazine ! Voilà un deuxième volet qui a tout changé, même la face du cinéma d’espionnage : James Bond s’est refait peau neuve (CASINO ROYALE) et Ethan Hunt aussi (MISSION IMPOSSIBLE 3 de Abrams).

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