Terminus, le Mad Max à la française avec Johnny Hallyday

La décennie des 80s est souvent référencée par le biais du cinéma américain, là où la Pop culture a explosé. Les français commencent eux aussi à s’activer pour faire des films de genre. C’est le moment où Luc Besson émerge avec ses influences très hollywoodiennes et c’est aussi le moment où d’autres créateurs veulent se tourner vers la SF, le fantastique ou l’horreur avec des productions souvent low cost. C’est un peu le cas de TERMINUS, un projet ample sur le papier fait pour une star, une vraie : Johnny Hallyday.

L’ambition est sur le papier

Pierre-William Glenn, chef opérateur ayant travaillé avec de grands cinéastes (Costa-Gavras, François Truffaut, Bertrand Tavernier,…) s’est mis à la réalisation de fiction en 1985 avec LES ENRAGÉS. Il a dans l’idée d’offrir à la méga-star Johnny Hallyday un rôle à sa hauteur après avoir été impressionné par la performance du chanteur dans le film DETECTIVE de Jean-Luc Godard. Hallyday et le cinéma, c’est déjà une longue histoire d’amour qu’il entend poursuivre avec des rôles de premier plan. Ayant déjà tout raflé en musique, le 7ème art reste pour lui le moyen de voir encore plus grand.

C’est ainsi qu’il bosse en collaboration avec Glenn sur le projet TERMINUS, un raid SF qui ne cache absolument pas ses modèles que sont MAD MAX et TERMINATOR. L’esthétique post-apocalyptique et le pitch disent tout : Un raid en camions se déroule dans un futur proche. Monstre (camion équipé d’une haute technologie), est piloté par « Gus », une jeune femme qui doit rejoindre Terminus avant ses adversaires. Elle est arrêtée par des soudards qui la mettent hors-jeu. Elle passe le relais à « Manchot ». Mais la course est un leurre, afin de permettre l’entrée d’un engin qui collecte du sang humain pour des expériences de clonage menées par les maîtres de Terminus.

Un film pour oublier

L’équipe a de l’ambition et part tourné dans de grands décors naturels en Europe de l’Est, affrontant des conditions météorologiques compliquées pour mettre en boîte les différentes séquences d’action. Moins glorieux, la sécurité n’était pas toujours au rendez-vous, comme en a témoigné le photographe Tony Frank. « Tout était fait avec des bouts de ficelle. On a frôlé des accidents graves avec les cascadeurs. Johnny s’est fait berner. On pensait qu’il y aurait plus d’effets spéciaux et un scénario plus qualitatif. ». Pourtant, le chanteur a passé plusieurs jours à travailler son personnage avec le réalisateur, apportant sa sensibilité et son expérience au dénommé « Manchot ». Mais l’expérience ne fut pas du tout satisfaisante pour lui. Il est d’ailleurs revenu dessus quelques années plus tard. « TERMINUS, j’ai accepté de le faire pour quitter Paris. Pour être loin de Nathalie (Baye, avec laquelle il se séparait, ndlr). Nous allions en Hongrie, ce qui m’allait très bien. Je voulais travailler pour oublier et Pierre-William est venu avec ce projet donc j’ai accepté la coupe en brosse et la teinte de cheveux. Il y a 60 millions de franc de budget, une certaine excitation puis j’ai vite déchanté. Au bout de deux mois tout le monde en avait ras le bol. On passait son temps à attendre et les conditions étaient souvent horribles. ».

Un sacré revers

Une fois filmé et monté, le film sort en subissant d’importantes critiques. TERMINUS est un énorme flop, n’attirant que 290 000 spectateurs dans les salles. La présence de Johnny Hallyday n’aura pas suffi à

sauver l’ensemble du naufrage. « On s’y attendait avec Tony (Frank). Pas de mystère, des effets au rabais. Il a fallu affronter un torrent de critiques ! Dans un de mes spectacles, si je me trompe et que je me casse la gueule, je reconnais mes torts… Pierre-William a-t-il reconnu les siens ? ». La star n’hésitera pas à renier le film qui compte pourtant la présence d’une actrice américaine reconnue, une certaine… Karen Allen, la Marion de INDIANA JONES. En gros sur l’affiche, pour moins de dix minutes de présence à l’écran néanmoins.

TERMINUS a quasiment disparu de la circulation aujourd’hui et n’a jamais été réédité dans une version correcte. En l’état, le film reste une série Z complètement dépassée qui fait souvent rire involontairement. Un OVNI qu’il est important d’avoir vu pour le ranger dans la catégorie de ces nanars sympathiques qui ont malheureusement fait beaucoup de mal dans l’inconscient collectif en ce qui concerne le film de genre à la française.

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