The Brave, quand Johnny Depp se transforme en réalisateur

Comme bien d’autres avant lui, Johnny Depp tente le grand écart en passant derrière la caméra. Parfois, le résultat est à la hauteur, parfois la greffe ne prend pas. Malgré ses qualités esthétiques, THE BRAVE n’a jamais été réellement considéré comme une réussite, mais reste pourtant un expérience qui transpire la sincérité de la part de son auteur.

Un virage à 180°

THE BRAVE est adapté du roman éponyme écrit par Gregory McDonald, traduit en français sous le titre RAFAEL, DERNIERS JOURS. A Morgantown, bidonville aux confins de la prairie américaine, les gens, d’origine diverses, passent leur temps à boire. C’est là que Raphael (Depp) vit avec sa femme Rita (Elpida Carrillo) et leurs deux enfants, au pied du gigantesque dépot d’ordures que les villageois exploitent pour gagner leur vie. Déterminé à faire vivre sa famille, Raphael se rend en ville à la recherche d’un emploi. Il y rencontre Larry (Marshall Bell), businessman, puis McCarty (Marlon Brando), l’ange de la mort, qui lui propose un pacte.

Comme beaucoup d’autres acteurs qui se sont mis en scène (je pense à Sylvester Stallone ou encore Mel Gibson), Johnny Depp exploite ici le thème du martyre, mais à sa façon, prenant soin de tempérer l’inspiration chrétienne par une dose de spiritualité indienne. Incarner un Amérindien semblait en effet important pour lui : il revendique une aïeule Cherokee et a défendu leur cause. Tout comme l’immense Marlon Brando que Depp parvient à convaincre pour qu’il incarne l’énigmatique McCarty. Certes, son apparition reste limitée, mais elle a le mérite d’exister.

Un lourd échec

Emporté par ses bonnes intentions, Depp se rêve à la fois en héros sacrificiel racheté par l’amour et en illusionniste. Il emprunte à ses maîtres (Jim Jarmusch, Emir Kusturica) et nimbe son long-métrage d’une

drôle de poésie macabre et émotionnelle. THE BRAVE est alors présenté à Cannes en 1997 et reçoit une volée de bois vert : de nombreux sifflets vont émailler la séance tandis que les journalistes (surtout américains) vont tirer à boulets rouges sur le film. Si bien que Johnny Depp refusera de distribuer son film aux Etats-Unis ! THE BRAVE passe assez inaperçu et même la France le boude avec à peine 75 000 tickets vendus. Dépité de cette expérience, il ne repassera jamais derrière la caméra. Jusqu’à cette année où il devrait mettre en boîte son deuxième long, MODI.

Laisser un commentaire