Les Faucons de la Nuit, l’histoire d’un film malmené

Après le succès de ROCKY 2, Sylvester Stallone s’engage sur le scénario ATTACK écrit par David Shaber (qui avait notamment rédigé LES GUERRIERS DE LA NUIT). Il doit y incarner son premier rôle de policier, le détective Deke daSilva. Mais le futur LES FAUCONS DE LA NUIT va connaître quelques mésaventures côté production…

Une plongée dans le milieu de la police

Avant que ses relations ne deviennent glaciales avec les producteurs, Sly prend très a coeur son rôle. Il

décide notamment de suivre les patrouilles nocturnes de la « Street Crime Unit », une section de la police de New-York spécialisée dans le flagrant délit d’agression et de vol qui n’hésite pas à se déguiser pour tromper et attirer les malfaiteurs. « Le film était au départ une analyse psychologique profonde du terrorisme international » révélera l’acteur des années plus tard. « Il y avait le portrait détaillé d’une relation conjugale et d’une relation amicale qui s’opposent dans la vie d’un policier, dans la mesure où le temps qu’il passe avec son coéquipier finit par être plus important que sa vie personnelle. Le studio a transformé tout ça en un thriller de série B, sans raison ! ». Avant cela, la préparation est sérieuse, précise. Stallone décide même de changer de look en perdant notamment 17 kilos tout en se laissant pousser la barbe. L’acteur prend le contre-sens de son style de l’époque. « J’ai du travailler ma démarche et mon allure générale. Il s’agit d’un ancien militaire. Même son langage est particulier. ».

Un coéquipier exigeant

Sur le plateau, l’auteur Russell L. Bintliff est engagé comme conseiller technique pour maximiser la crédibilité du projet. De son côté, l’acteur Billy Dee Williams, qui incarne le coéquipier de Da Silva, Matthew Fox, est de prime abord peu enthousiasmé par le rôle. L’acteur du célèbre Lando Calrissian dans STAR WARS trouvait que son personnage n’était qu’un simple faire-valoir. Ce qu’il révélera dans les bonus du DVD des FAUCONS DE LA NUIT. « Je me suis dit ‘Ok, on ne voit pas sa mère, sa soeur ou autre, mais pourquoi fait-il ce boulot ?’ C’est un engagé volontaire, il fait ça pour lui. J’ai imaginé que ce gars avait fait le Vietnam et qu’il aimait l’excitation du combat. Il aime se retrouver en plein action. ». Avec Stallone, ils vont donc former un solide duo et s’unir face à l’antagoniste, le terroriste Wulfgar incarné avec force par Rutger Hauer. Le producteur Martin Poll recherchait un acteur capable de tenir la dragée haute aux policiers et il n’a pas hésité une seconde quand il a vu le comédien en action dans le long-métrage de Paul Verhoeven, LE CHOIX DU DESTIN.

La valse des réalisateurs

Lorsque les prises de vues démarrent, le film s’appelle désormais HAWKS (qui deviendra ensuite NIGHTHAWKS) et débute donc sous la houlette du réalisateur Gary Nelson (le futur réalisateur de ALLAN QUATERMAIN ET LA CITÉ DE L’OR PERDU) qui va se faire virer… au bout du deuxième jour ! Des tensions avec les acteurs sont rapidement nées tandis que le cinéaste ne savait pas du tout où aller avec le film.

Stallone se souvient. « Dès le deuxième jour du tournage, il a pris son microphone et a demandé aux membres de l’équipe si quelqu’un avait la moindre idée de réalisation à lui proposer. Inutile de préciser qu’il a été remplacé sur le champ… ». Vraie ou non, cette histoire fait partie d’un tout qui éjecte fatalement Nelson. Dans l’urgence, Sly propose son ami Bruce Malmuth à la direction, lui qui n’avait dirigé qu’un sketch du SNL à l’époque. Le temps que celui-ci arrive, Stallone va prendre les devants et s’occuper du tournage derrière la caméra pour ne pas perdre de temps et d’argent.

Toutefois, la DIRECTOR’S GUILD OF AMERICA veille. En effet, un acteur ne peut remplacer un réalisateur que si ce dernier n’est pas parvenu à atteindre le lieu de tournage. Mais la production s’en sortira en échange d’un paiement de 50 000 dollars pour infraction mineure. Les prises de vues peuvent donc continuer, mais elles ne sont pas de tout repos. L’équipe veut utiliser le téléphérique reliant Manhattan à la Roosevelt Island pour les besoins d’une scène où Wulfgar prend des représentants en otage. Malheureusement, les habitants ne veulent pas voir leur ligne perturbée par un film. La présence de Stallone ne change rien : l’acteur se fait huer par la foule ! L’affaire se réglera devant la justice et la production acceptera de verser 20 000 dollars au profit d’une association pour les jeunes de l’île. Ce sera ici l’occasion pour Stallone de réaliser l’une des plus grandes cascades de sa carrière, accroché à un câble au-dessus du vide.

Montage et remontage

Les galères ne s’arrêteront pas là. Stallone et Malmuth sont régulièrement en désaccord sur la façon de faire à tel point que les deux amis ne s’adresseront plus la parole après le tournage. Lorsque la première version des FAUCONS DE LA NUIT est montée, celle-ci ravit l’interprète de Rocky… beaucoup moins les producteurs. « On nous a demandés de couper plusieurs séquences importantes » explique-t-il. « À l’origine, la scène finale du film était très intense et rivalisait en terme de violence avec celle de TAXI DRIVER. ». Un remontage est alors demandé, ce qui contrarie fortement les autres membres du casting dont Rutger Hauer qui refusera de promouvoir le film. « Ce n’est pas pour ce projet que j’ai signé » lancera-t-il aux dirigeants d’UNIVERSAL PICTURES. Sorti en 1981, LES FAUCONS DE LA NUIT sera un bide, ne récoltant que 19 millions de dollars à travers le monde.

Laisser un commentaire