Action Jackson, le film qui détruisit la carrière de Carl Weathers

PREDATOR a marqué tous les esprits. Parmi eux, certains ont été frappés par la puissance de Carl Weathers à l’écran et se disent que lui aussi a le droit à sa franchise d’action comme ses copains Stallone et Schwarzenegger. Le producteur phare Joel Silver y croit et lui propose alors le projet ACTION JACKSON.

Un parfum de Blaxploitation

Sur le tournage du film de John McTiernan, Silver échange longuement avec le comédien concernant la Blaxploitation (films des 70s mettant en vedette des héros Noirs) et clame son amour pour ce courant culturel. Les deux hommes vont rapidement se mettre au travail et le succès de PREDATOR ne fera que

conforter l’habile plan de Silver : Carl Weathers est prêt pour jouer les premiers rôles. Robert Reneau est au scénario, mais c’est bien le tout-puissant producteur qui chapeaute un film au cahier des charges précis et parfaitement ancré dans son époque.

Weathers incarne donc le sergent Jéricho Jackson dit « Action », policier dans la ville de Detroit. Dans une ville où le chômage atteint des records règne une impitoyable violence. Pour s’être opposé au magnat de l’automobile Peter Dellaplane (joué par Craig T.Nelson) pour avoir arrêté son fils délinquant, il a perdu son grade de lieutenant. ACTION JACKSON représente tout ce qui fait le sel du film d’action des 80s : de gros bras, de la pyrotechnie et de nombreuses scènes d’action. La formule est connue, mais jamais déplaisante et compilera de nombreux morceaux de bravoure tout au long de ses 100 minutes de bobine. Malheureusement, les spectateurs de l’époque n’ont pas répondu présents.

Un ras-le-bol général

Si les 20 millions récoltés au box-office remboursent tout juste les 10 millions de budget, le sentiment d’échec est évident. 1988 est une année de bascule où le cinéma d’action américain commence à lasser quelque peu le public. SI vous voulez un comparatif, c’est un peu l’année 2023 avec les super-héros : une année où les spectateurs disent stop. Stallone en fera d’ailleurs les frais avec RAMBO 3 qui sort en mai avec des recettes nord-américaines trois fois inférieures au précédent ! Schwarzenegger en fera également les frais avec DOUBLE DETENTE dont les gains ne vont s’élever qu’à 34 millions pour 29 millions de budget. Dans ce contexte, et malgré ses qualités, ACTION JACKSON ne fonctionne pas très bien et plombe littéralement la carrière de Carl Weathers qui devra se contenter de quelques téléfilms et de rôles épars au cinéma (dans HURRICANE SMITH et HAPPY GILMORE). La consécration de Bruce Willis et John McClane avec PIEGE DE CRISTAL est un véritable virage durant l’été 1988 qui pousse Hollywood à remettre en question ses héros. Weathers n’aura donc pas la notoriété qu’il méritait. Et, étrangement, plus aucun producteur ne misera sur lui.

Toutefois, comme ce fut régulièrement le cas à l’époque, ACTION JACKSON obtiendra un grand succès en VHS et deviendra culte pour de nombreux spectateurs. C’est du cinéma simple, sans autre prétention que le divertissement pur et il fait alors le bonheur des ados à la recherche d’une bonne série B. Si seulement Hollywood avait redonné une chance à Weathers…

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