Prometheus, le retour de Ridley Scott à la SF

Le déclic de Ridley Scott remonte à décembre 2009. Le monde découvre, pantois, l’univers hallucinant de James Cameron avec AVATAR. En voyant les prouesses de son camarade cinéaste et ami, Scott se dit alors qu’il est temps de revenir à la science-fiction.

Un projet de longue date

Le désir de revenir à l’univers ALIEN n’est pas nouveau. En décembre 1979, Scott confie au magazine de fans ALIEN MAGAZINE son désir de raconter l’histoire du Space Jockey. Cinq ans plus tard, il parle

d’étendre la franchise afin de créer une civilisation entière. Toutefois, d’autres suites verront le jour, réalisées par James Cameron, David Fincher et Jean-Pierre Jeunet. En 2010, le cinéaste, toujours rapide, organise une rencontre avec le scénariste Jon Spaihts pour échanger sur les différents univers qu’il a en tête. Fils d’ingénieurs, Spaihts a 45 ans et a grandi dans la paranoïa de la science-fiction de la guerre froide avant d »étudier la physique à Princeton. Et il connaît (et aime) ALIEN. Scott en profite pour le sonder sur une éventuelle « Origin story ».

ALIEN : ZERO

Quelques jours plus tard, le scénariste lui envoie une ébauche de 20 pages. Scott multiplie déjà les références et Spaihts se confronte au cerveau bouillonnant du cinéaste. « Il pense tout le temps à de multiples niveaux de récit » déclarera-t-il. Les titres du projet s’enchaînent : ALIEN ZERO, ALIEN : ORIGINS, ALIEN : TOMB OF THE GODS, ALIEN : ENGINEERS. Scott place Carl Rinsch à la réalisation, mais se heurte aux pontes de la Fox qui allouera un budget conséquent au film à la seule condition que Scott rempile. Ce dernier se plie alors à la demande tandis que le studio demande un nouveau regard sur le scénario. Damon Lindelof, le papa controversé de LOST, va prendre la main. Régulièrement pointé du doigt pour la mise en place de mystères souvent irrésolus, le scénariste ne se fera pas de nouveaux amis avec le futur PROMETHEUS. Bien au contraire.

Mystères et succès

Pour son film, Scott veut évoquer les questions de la vie et de l’univers, plus largement de la Création. « Je pense que les humains ont des âmes » déclarera-t-il lors de la préparation. « Mais je ne sais pas d’où nous venons et c’est la grande question, non ? ». Mais des doutes l’assaillent : ALIEN n’est-il pas un concept usé ? Il est conscient que la science-fiction a changé et c’est là que Lindelof lui fait une proposition : retirer les éléments d’ALIEN pour situer l’histoire avant le premier film avant que l’alien existe. Scott adore et valide l’idée. Dès que le projet fait parler de lui, Internet se déchaîne. Une nouveauté pour le cinéaste qui constatent les impressionnantes spéculations quasi obsessionnelles des internautes. Il choisit alors un casting de poids (Noomi Rapace, Charlize Theron, Michael Fassbender) et obtient une jolie enveloppe avec 150 millions de dollars à la clé.

Lors de sa sortie en 2012, PROMETHEUS est un événement, une promesse de cinéma hors normes. Esthétiquement, le film est une claque, rempli de décors majestueux et d’une photographie somptueuse signée Dariusz Wolski. Il y a un univers mystérieux, intrigant et mystique qui détonne, renvoyant aux plus belles heures d’une SF un peu surannée. À tel point que le film aurait probablement obtenu une meilleure côte s’il n’était pas relié à ALIEN. Cette liaison semble parfois hasardeuse et, comme à son habitude, Lindelof laisse de (trop) nombreuses portes ouvertes, répondant à une question par une autre question. Malgré tout, l’ambition est là et l’ensemble s’avère franchement plaisant malgré ses défauts narratifs. PROMETHEUS rapportera gros (403 millions) et ouvrira donc la porte à un autre opus : le beaucoup moins emballant ALIEN COVENANT.

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