Rocky, le classement de la saga

Publicités

En huit films, la saga ROCKY a réussi à marquer plus de quarante années de cinéma alors même que sa naissance fut un véritable parcours du combattant pour Sylvester Stallone, jeune inconnu qui tentait de vendre son scénario sur un boxeur paumé de Philadelphie. Des films qui ont tous parlé d’un sujet (de l’outsider au phénomène, de la pauvreté à la gloire, de la solitude à l’amour, du business à la pureté du sport), qui retracent l’Histoire de l’Amérique et qui résonnent forcément avec la vie réelle de son auteur (et interprète) éternel. Voici donc notre petit classement sur une franchise touchante et à jamais ancrée dans l’imaginaire collectif. 

8. ROCKY 2, LA REVANCHE de Sylvester Stallone (1979)

L’opus le moins convaincant de tous. Stallone hésite entre ouvrir l’horizon de son boxeur et de faire plus ou moins la même chose que dans le premier. Un film hybride qui ne parvient pas toujours à être convaincant notamment dans sa partie romantique, bien moins maîtrisée que dans le précédent. Il y a des idées très intéressantes (le gaspillage de l’argent, la difficulté de Rocky avec le business entourant la boxe) et un combat final enthousiasmant, mais LA REVANCHE manque de rythme tout en ne possédant pas la force du premier ni le fun des troisième et quatrième opus.

7. ROCKY 5 de John G.Avildsen (1990)

Le plus mal-aimé de la saga par les fans. Peut-être parce que Rocky ne boxe plus ? Voulant revenir à l’esprit du premier, Stallone redonne la place de réalisateur à Avildsen et fragilise de nouveau son personnage qui a connu la gloire. Avec son postulat un peu abracadabrant (la combine de Paulie qui fait perdre l’argent aux Balboa), ROCKY 5 parvient, par bribes, à revenir aux fondamentaux (Philadelphie, le côté « underground », l’importance de la famille) tout en insufflant assez d’émotions avec les rapports entre Rocky et son fils puis ceux avec le jeune Tommy Gunn. Le tout se termine avec un intense combat de rue qui clôturait, à l’époque, la saga. Imparfait, un peu facile, mais pas désagréable. 

6. ROCKY 4 de Sylvester Stallone (1985)

Un film d’un autre temps, bouffé par l’esprit MTV de l’époque et ses contours nanardesques absolus (c’est probablement le pire en terme d’écriture). Avec son patriotisme problématique et sa levée de drapeau célébrant de manière outrancière l’Amérique (même si le discours final est un peu plus complexe que cela), ROCKY 4 mériterait la dernière place du classement. Mais voilà, ce n’est pas possible. Pas possible parce que malgré tous ses défauts, une sorte de pur plaisir ressort de ce film ultra-manichéen entre la sublime soundtrack (BURNING HEART, grandiose !), le monolithisme de Dolph Lundgren, la mort d’Apollo, le combat final impressionnant. C’est encore et toujours l’épisode le plus emblématique de la saga, celui qui, selon la légende, aurait accélérer la fin de la Guerre Froide. Vraie ou pas, la légende n’est plus à écrire.

5. ROCKY 3, L’OEIL DU TIGRE de Sylvester Stallone (1983)

Ca y est Rocky est une star. Et il n’a plus rien dans le ventre. Véritable parcours du combattant, ROCKY 3 est un hymne à la masculinité rempli de muscles et de sueur. Caricatural, mais Mister T est une brute fascinante et le retour d’Apollo qui vient coacher son ancien adversaire se transforme en une amitié forte qui offre une belle bromance aux spectateurs. Puis oui, vous l’attendiez et on le dit : les notes de Eye of tiger du mythique groupe Survivor offrent un impact indéniable. 

4. CREED 2 de Steven Caple Jr. (2019)

Les liens avec ROCKY 4 sont plus forts qu’un quelconque fan service censé s’adresser aux nostalgiques des 80s. Dolph Lundgren revient dans cet opus pour placer son fils vers les hauteurs qu’il n’a pas pu atteindre et ainsi retrouver un certain respect chez les hautes instances de son pays. Un combat émouvant tandis que celui qui se joue dans le coeur d’Adonis l’est tout autant : comment faire l’impasse sur celui qui a tué son père ? Comment ne pas venger une blessure personnelle en rendant les coups ? Classique dans sa structure, CREED 2 ne lésine pas sur l’aspect émotionnel en tendant un miroir déformant à son personnage principal. Viktor Drago (impressionnant Florian Munteanu) n’est pas son antithèse, il est juste conditionné par l’histoire de son père qui le condamne à devoir laver l’honneur de son nom. A l’aide de quelques plans habiles, le réalisateur (qui succède avec brio à Ryan Coogler) nous montre que Drago désire exister dans les yeux d’une mère uniquement attirer par le pouvoir et la réussite. Peut-être moins surprenant et sensationnel que le précédent volet, CREED 2 n’en reste pas moins un excellent film qui se termine par une émouvante séquence.

3. ROCKY BALBOA de Sylvester Stallone (2007)

Donner une pause à Rocky, ce fut la meilleure idée possible. Stallone reprend son ancienne gloire de la boxe pour lui offrir un film inattendu qui distille une leçon de vie à chaque plan. Sans Adrian (son repère), Rocky est désarmé et tente tant bien que mal de garder des liens avec son fils (le tout jeune Milo Ventimiglia). C’est beau, touchant et d’une simplicité désarmante (Stallone n’a jamais semblé aussi naturel). Le combat final est celui d’un homme qui tente de libérer sa rage intérieure, celle qu’il traîne comme un boulet dans des tournées nostalgiques qui rappellent les beaux moments vécus avec sa femme. C’est officiellement la fin de la saga ROCKY. Mais Rocky, lui, est toujours là.

2. CREED de Ryan Coogler (2016)

Un vrai miracle. A l’époque, quand on a lu « un spin-off sur le fils d’Apollo Creed, grand adversaire de Rocky, est en préparation », on s’est dit que le cynisme hollywoodien devenait paroxystique. Rien ne pouvait préparer nos yeux sceptiques à un film aussi intense et sincère. Ryan Coogler nous décroche un uppercut avec ce formidable coming of age d’un jeune homme qui tente de se construire dans l’ombre de son père qu’il n’a jamais connu. Emouvant et rondement mené, CREED se revoit avec le même plaisir tant chaque scène résonne avec une force étonnante. Puis Stallone est assez inouïe de puissance dramatique, emportant tout sur son passage, et notamment un Michael B. Jordan rageur et impressionnant. On retiendra également l’époustouflant premier combat filmé en un plan-séquence démentiel. 

1. ROCKY de John G.Avildsen (1977)

L’éternel. Il y avait match entre lui et CREED, mais la naissance de ROCKY l’emporte aux points. Tout est d’une justesse admirable dans cet opus originel alors que ce jeune Rocky, vivant de combines, se prend à rêver d’être le champion du monde de boxe. Le film le plus lent, mais le plus grand de tous, qui là aussi offre un parallèle saisissant avec le parcours de Stallone. Rocky est bien imparfait, maladroit, un peu lourd, mais ressemble finalement à tout le monde. Parce qu’être boxeur n’empêche pas d’avoir un coeur, ROCKY est surtout la naissance d’un amour devenu mythique : Adrian, incarnée par Talia Shire, qui connaîtra, elle aussi, une évolution au fil des épisodes. Et si c’était elle la véritable star de la saga ?  

Laisser un commentaire