Dolores Claiborne, quand Kathy Bates retrouve l’univers de Stephen King

Cinq ans après le succès critique et public de l’adaptation MISERY par Rob Reiner, l’actrice Kathy Bates retrouvait l’univers de Stephen King avec la transposition du roman DOLORES CLAIBORNE.

Un oeuvre délicate à adapter

Cette fois, c’est Taylor Hackford qui s’y est collé, un cinéaste à l’époque reconnu pour OFFICIER ET GENTLEMAN et LES PRINCES DE LA VILLE. Surtout, la lourde tâche de transformer le roman de King en scénario a été donnée à Tony Gilroy, un auteur « frais » à l’époque qui n’avait rédigé qu’un seul script, celui du long-métrage LE FEU SUR LA GLACE. Lourde tâche car DOLORES CLAIBORNE est principalement un monologue intérieur et qu’il est toujours compliqué de trouver le bon équilibre lorsqu’on transpose ce genre d’oeuvre sur grand écran. Une histoire de point de vue dont le résultat cinématographique sera, d’après l’avis de certains fans, supérieur à son aîné littéraire…

Un duo étonnant

Le pitch est simple et tout de suite alléchant : Intendante d’une femme riche et méprisante, Dolores Clairborne nous raconte sa vie à ses côtés et ce qu’il s’est réellement passé sur l’île où elles habitaient … Dolores est incarnée par Kathy Bates tandis que l’autre rôle de poids est assurée par Jennifer Jason Leigh dont les années 90 lui réussissent plutôt bien (BACKDRAFT, LE GRAND SAUT, EXISTENZ). Cette dernière incarne Selena St.George, une journaliste dépressive qui n’a pas les mêmes souvenirs que Dolores. Une dualité qui fut aussi hors écran comme le racontait Taylor Hackford en interview lors de la sortie du film. « Elles avaient des styles différents. Elles ont compris au fur et à mesure, comme tout bon acteur, qu’il fallait une forme de partage à l’écran. Il y a eu un peu de temps avant qu’on trouve le bon rythme et que tout s’enchaîne. Il n’était pas rare que Kathy joue hors champ pendant que la caméra était braquée sur Jennifer. Elles ont fini par faire un bon duo. ».

Un film puissant

Kathy Bates n’hésitera pas à clamer que Dolores est le rôle préféré de toute sa carrière. Il faut dire que le personnage est très riche et largement ambigu. Pour l’anecdote, Stephen King fut tellement impressionné par sa prestation dans MISERY (pour laquelle elle reçut l’Oscar de la meilleure actrice) qu’il a écrit DOLORES CLAIBORNE avec la comédienne en tête ! En lisant le script, Bates n’a pas hésité une seule seconde. En parallèle, Taylor Hackford et son équipe ont soigné l’aspect visuel du métrage qui possède un style assez unique. L’idée était de transposer ce qui se déroulait dans l’esprit de ses personnages à l’écran. Le réalisateur a notamment déclaré. « Le récit alterne entre passé et présent. J’avais des visions différentes pour l’un et l’autre. Nous avions toutefois un parti pris immuable : tous nos choix devaient refléter la nature psychologique de Dolores. ».

Contrairement à MISERY, DOLORES CLAIBORNE n’aura toutefois pas le même rayonnement. Si les critiques sont globalement positives, le public ne suit pas avec des recettes faibles. Il faudra plusieurs années avant que le film d’Hackford ne soit véritablement remis en lumière. L’atmosphère crépusculaire présente tout le long de l’histoire est diablement inquiétante, autant que la prestation savoureuse de Kathy Bates. L’art du mystère cher à King opère à fond ici tout en se mêlant à une forme dramatique puissante. C’est peut-être l’une des transpositions les moins citées de King (coincée entre les mastodontes LES EVADES et LA LIGNE VERTE), mais pas l’une des moins intéressantes.

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