Critique de LA ZONE D’INTERET

Un écran noir et l’horreur qui vient à nous par le biais du son. Voilà comment Jonathan Glazer entame son film glacial et mortifère qui a décidé d’être tout sauf agréable. LA ZONE D’INTERET c’est une expérience de cinéma morbide qui ne peut laisser indifférent.

L’horreur face à au quotidien

Tout est dans le pitch : Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss (joué par Christian Friedel), et sa femme Hedwig (Sandra Hüller) s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp. La banalité du quotidien face à la monstruosité. Rempli de plans fixes

déshumanisés et d’une ambiance sonore terrifiante, LA ZONE D’INTERET remet au premier plan l’importance du hors champ. Le cinéaste découpe son film d’une manière lente, mais jamais statique, amenant le mouvement dans le plan par des déplacements et des gestes. C’est un pari insensé de plonger dans le quotidien de ces personnes détestables avec un père de famille discutant tranquillement en compagnie d’autres officiers de la meilleure manière d’utiliser les fours crématoires du camp. L’horreur s’invite dans une maison « idyllique », dépeignant un travail considéré comme un autre par Rudolf Höss.

Une ambiance tétanisante

Il y a de nombreuses subtilités de mise en scène qui vont forcément interroger. Difficile de les mettre en évidence sans les dénaturer. Puis, dans le fond, il y est aussi question d’interprétation et de point de vue. En forçant l’antipathie naturelle, Glazer ne parvient pas à amener un semblant de vie dans son film (ce qui n’est d’ailleurs pas son objectif). Tout est distancié (les caméras furent régulièrement cachées et éloignées durant le tournage) et la force du cadre emporte tout : une fumée au loin, des lumières vives d’un feu qui embrase une chambre, des cendres dérivant sur une rivière limpide… Le son est également primordial avec ce bruit sourd constant, les cris de terreur, les balles, les trains qui amènent inlassablement de nouveaux prisonniers. LA ZONE D’INTERET reflète ce qu’il y a de plus noir chez l’humain.

En quête de sens

Indéniablement, c’est un film essentiel. Pourtant, quelque chose s’avère gênant chez Glazer avec cette façon un peu outrancière de mettre en évidence ce qui est déjà évident. Une forme d’intellectualisation de la mise en scène qui rebute, comme en témoigne cette séquence finale dont l’interprétation prête à confusion. J’ajoute à cela qu’un tel sujet tient difficilement la distance et oblige quelque peu le cinéaste a répéter un même schéma sur plus de 100 minutes. Quoi qu’il en soit, ce film offre matière à réflexion sur le sens de ses images, tout en soulignant que l’horreur ne réside finalement que dans ce que l’on désire voir.

AVIS GLOBAL : Un film déshumanisé et terrifiant dans ce qu’il dépeint, aidé par un montage sonore absolument infernal. LA ZONE D’INTERET est parfois trop démonstratif, mais amène à la réflexion sur chacun de ses plans. Une oeuvre riche et mal aimable.

NOTE :

Note : 3 sur 5.

LA ZONE D’INTERET est actuellement disponible dans les salles de cinéma.

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