Robocop 2, une suite injustement mal-aimée ?

En 1987, ROBOCOP premier du nom est un triomphe autant qu’un film marquant. Paul Verhoeven, 49 ans, met ici en scène son premier film américain avec cette satire déguisée en film d’action populaire. Se disant lui-même fasciné par la violence, le cinéaste envoie un uppercut au public et aux politiques, marquant là le début d’une nouvelle carrière pour lui aux Etats-Unis.

Une suite semée d’embuches

Produit pour 13 millions de dollars, ROBOCOP en rapporte près de 100 millions dans le monde. En France, près de 1,7 million de spectateurs se déplaceront dans les salles. Un succès qui ne peut pas rester

sans lendemain. Orion Picture, la firme derrière le film, commande rapidement un scénario de suite au duo de scénaristes Edward Neumeier et Michael Miner qui travaillent, en parallèle, sur COMPANY MEN devant être réalisé par Oliver Stone. Peu inspirés, les deux hommes sont lâchés par tous ceux qui ont permis au premier film d’être si formidable et notamment le producteur Jon Davison qui… reprendra finalement le poste quelque temps plus tard !

Toutefois, une grève des scénaristes va tout stopper et ORION PICTURES préfère alors tout recommencer. Il faut dire que le premier script ne leur plaît pas : situé 25 ans après les événements du premier film, il mettait en avant un Robocop qui se réveillait aux Etats-Unis après un cambriolage qui a mal tourné. Une vague histoire de société privée voulant faire du gouvernement national une propriété. Les prémisses de l’histoire sont là et vont inspirer un certain Frank Miller qui reprend certaines idées en les rendant bien plus cyniques et moins comiques. Le studio trouve ça « infilmable » et demande alors à un autre scénariste, Walon Green de l’adoucir. Le script final sera donc un mélange de ces nombreuses versions, envoyant Robocop combattre le crime en vérité entretenu par l’OCP qui aimerait mettre la main sur la ville de Detroit.

Keshner contre-attaque

Sorte de multinationale qui a créé Robocop dans le premier film, l’OCP contrôle et régule le crime pour son propre intérêt. Paul Verhoeven étant concentré sur TOTAL RECALL, c’est Irvin Keshner qui est choisi pour mettre en scène cette séquelle. Le bonhomme s’y connaît en suite de film culte puisque c’est lui qui a mis en scène L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE. Si ROBOCOP 2 ne parvient pas à trouver l’équilibre miraculeux du premier, il y a un certain prolongement des thèmes abordés dans le premier film : les instances corrompues, une police dépassée par l’augmentation du crime, l’automatisation du quotidien…

L’OCP veut d’ailleurs créer un Robocop 2 encore plus puissant et dénué de toute pensée. C’est d’ailleurs cette forme d’humanisation qui a déplu certains spectateurs concernant Robocop même si elle reste finalement assez contenue. Il y avait d’ailleurs matière à creuser les problèmes psychologiques du personnage, tiraillé entre ses souvenirs et le fait qu’il ne soit plus qu’une machine (comme on lui rappelle souvent durant le film).

L’humour est plus présent que dans le premier film, mais il y a clairement là l’aspect satirique cher à Verhoeven : le gamin baron du crime, l’hypocrisie des grandes instances (avec ce maire déjanté joué par Willard E.Pugh), des spots TV qui montrent l’absurdité de la vente publicitaire… ROBOCOP 2 n’est jamais dénué d’intérêt et notamment dans ses scènes d’action, globalement réussies. On regrettera toutefois que l’histoire de Robocop passe un peu au second plan, ce qui a notamment provoqué l’irritation de l’acteur Peter Weller qui ne rempilera pas pour ROBOCOP 3 (une bonne chose, au passage). En l’état, ROBOCOP 2 est finalement le seul autre opus digne du premier épisode, même s’il ne possède pas la maestria de l’opus originel : le troisième volet n’a clairement pas les même ambitions (jouant totalement la carte du divertissement populaire) tandis que le reboot de 2014, globalement remanié par le studio, n’a pas tenu toutes ses promesses.

ROBOCOP 2 est actuellement disponible sur Amazon Prime Video.

Laisser un commentaire