Paul Verhoeven est un grand réalisateur qui nous a livrés quelques pépites dans la période 80s-90s. ROBOCOP en fait partie. Sorti en 1987, c’est l’une de ses oeuvres les plus cultes et démentielles. Aucun autre film n’a réussi à retrouver l’esprit de ce premier film y compris le remake mis en scène par José Padilha en 2014.
Un personnage devenu tragique
Paul Verhoeven est revenu sur cette nouvelle version lors d’une interview pour METROGRAPH. Il a notamment pointé du doigt le manque de nuances et de subtilités. « Le gros problème du film, c’est qu’il a conscience qu’il a perdu ses jambes et ses bras. La plus belle chose à propos du Robocop original, c’est qu’il ne le sent vraiment plus. C’est ce qui rend justement l’histoire tragique, mais pas le personnage ! Oui, il a été tué de la manière la plus horrible qui soit, mais quand nous le voyons en tant que robot, il ne le ressent pas. Dans le nouveau film, comme il se souvient de tout, il est beaucoup plus tragique. Ça change la dimension de l’ensemble. Dans l’original, nous voulions que vous l’acceptiez en tant que que flic robotique. Dans le remake, on veut l’humaniser et c’est à mon avis le gros problème du film. ».
Sans mystère
Par la suite, le cinéaste évoque même le remake de TOTAL RECALL réalisé en 2012 par Len Wiseman. Sur ce dernier, il pointe du doigt l’absence de mystère et d’ambiguïté du film. « Mon impression, c’est qu’il y avait beaucoup d’effets spéciaux – et parfois très réussis – mais dans le fond plus vraiment de questions laissées en suspens. Est-ce vrai ou non ? Je ne le ressentais plus. C’est ce qui est si bon, à mon sens, dans l’original : on ne sait jamais si c’est réel. ». Dans ces deux remakes, c’est principalement l’absence d’une certaine vision qui est montrée. Les studios hollywoodiens ont peur de mettre en avant un personnage « sans âme » comme Robocop et préfèrent jouer la sécurité en l’humanisant. Pour TOTAL RECALL, tout est misé sur les effets spéciaux et la sur-explication, si bien que la substance du propos est totalement diluée. Espérons simplement que d’autres s’abstiennent de refaire les oeuvres de Verhoeven qui restent uniques…
