David Fincher, ses films classés du moins bon au meilleur

Rien que le titre de l’article est un indicateur. David Fincher n’a aucun mauvais film et même celui qui est en bas de la liste possède de belles qualités cinématographiques. En trente ans, il n’a mis en scène que 12 films (en comprenant THE KILLER qui est mis en ligne ce jour sur Netflix) et a toujours privilégié la qualité. Voici donc l’ensemble de sa filmographie classée de manière tout à fait subjective.

11. MANK (2020)

Même à la seconde vision, impossible de me passionner pour ce film. Certes, la mise en scène est fluide, la photo d’Erik Messerschmidt en noir et blanc est léchée, Gary Oldman livre une belle prestation, mais l’ensemble souffre de grandes longueurs et d’un scénario un peu laborieux. Il y a une volonté tout à fait personnelle de la part de Fincher de revenir à un monde du cinéma qu’il adore et dont le script fut écrit par son père lui-même. Il met beaucoup de lui, mais le film ne fonctionne pas toujours et perd en intérêt au fil des 2h11.

10. MILLENIUM : LES HOMMES QUI N’AIMAIENT PAS LES FEMMES (2011)

MILLENIUM étant un immense succès en librairies et en salles (avec les adaptations portées par Noomi Rapace), Hollywood décide évidemment d’en faire un remake. Forcément, l’attention est grande quand on découvre que David Fincher est attaché au projet et que Daniel Craig est en tête d’affiche. Froid, porté par une mise en scène parfois hallucinante, MILLENIUM est saisissant dans sa manière de sublimer visuellement l’univers de Stieg Larsson. Le script, lui, fait l’impasse sur beaucoup d’éléments et ne parvient pas, paradoxalement, à éviter les longueurs. Craig et Rooney Mara font le job, mais ne font jamais oublier Michael Nyqvist et Noomi Rapace. D’ailleurs, dans son ensemble, ce MILLENIUM US ne retrouve pas la percussion de son prédécesseur.

9. ALIEN 3 (1992)

Le cas ALIEN 3 est un cas d’école, étudié, décortiqué, alimenté au fur et à mesure par de nouveaux éléments de production qu’on sait chaotique. Fincher a décidé de le renier et c’est une erreur de sa part car ce troisième film est loin d’être mauvais. Certes, on ne retrouve pas la maestria des deux précédents. On peut aussi dire que l’ensemble est parfois confus, visiblement secoué par trop d’avis divergents. Mais il reste quelques remarquables fulgurances et une volonté de revenir à l’aspect horrifique du premier film dans un décor de prison effrayant et claustrophobique. Sans oublier que Sigourney Weaver livre une prestation saisissante.

8. PANIC ROOM (2002)

Les remous en coulisses (départ de Nicole Kidman, remplacée par Jodie Foster, un budget qui explose,…) n’ont pas fait flancher ce huis-clos parfois monstrueux d’ingéniosité où Fincher s’éclate à expérimenter et filmer des plans improbables. Efficace, très bien construit et souvent haletant, PANIC ROOM est de plus porté par l’énergie des comédiens en tête desquels on retrouve Foster, redoutablement impliquée. Simple et direct, voici l’un des thrillers les plus limpides et accessibles du cinéaste.

7. L’ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON (2008)

On a peut-être trop sous-estimé la prestation grandiose de Brad Pitt dans ce film et l’importance que celui-ci a dans sa carrière. L’acteur y est fabuleux d’intensité, de sincérité et forme avec Cate Blanchett un duo qui fait merveille à l’écran. Alors oui, Fincher est peut-être un plus académique ici (certains fans lui ont reproché de « s’oscariser »), mais jamais mielleux ni sentimentaliste. C’est au contraire une oeuvre qui s’inscrit dans la grande tradition des romances hollywoodiennes d’époque traversée par des plans à tomber et une BO mémorable signée Alexandre Desplat.

6. THE GAME (1997)

Réhabilité au fil des années, THE GAME est loin d’être le vilain petit canard de la filmographie de David Fincher. Son plus gros problème fut d’être coincé entre les deux classiques SEVEN et FIGHT CLUB. Pour le reste, voilà un thriller psychologique détonnant qui parle avant tout des dérives du capitalisme, constamment secoué par des rebondissements jusqu’à un final étrange qui surprend autant qu’il déroute. C’est un film qui fascine toujours plus à chaque visionnage porté par un fabuleux Michael Douglas.

5. GONE GIRL (2014)

Indéniablement, David Fincher est un grand directeur d’acteurs. Brad Pitt, Morgan Freeman, Edward Norton, Jake Gyllenhaal, Jodie Foster, Michael Douglas, Gary Oldman, beaucoup ont livré quelques-unes de leurs meilleures prestations avec le cinéaste. Celle de Rosamund Pike dans GONE GIRL entre facilement sur le podium de ces plus grandes performances. L’actrice y est sensationnelle en femme trouble qui se révèle peu à peu sous nos yeux effarés. Elle hante ce film redoutable qui nous étouffe littéralement par son ambiance trouble. Fincher s’est peut-être un peu assagi côté réalisation (qui demeure plus classique que ses précédents films), mais il est parvenu une fois de plus à nous déstabiliser dans ce qui reste l’un des meilleurs thrillers de ces dernières années.

4. THE SOCIAL NETWORK (2010)

On entre désormais dans la catégorie chef-d’oeuvre du cinéaste. En racontant l’histoire de Mark Zuckerberg à travers ce film étourdissant de maîtrise, Fincher allait marquer son époque et en prend totalement le pouls. Encore aujourd’hui, on est en droit d’être sidéré par sa pertinence et le travail d’adaptation d’Aaron Sorkin, génie d’écriture qui mérite une bonne partie de la gloire de THE SOCIAL NETWORK. Le casting est au top (Jesse Eisenberg ne sera plus jamais aussi bon que dans ce film) et voit son travail se faciliter grâce aux dialogues ciselés concoctés par Sorkin. Du très haut niveau.

3. FIGHT CLUB (1999)

Bide à sa sortie, FIGHT CLUB a définitivement marqué les années 2000 grâce aux rattrapages vidéo d’une génération de cinéphiles soufflée par le constat implacable de ce film anti-capitaliste et frondeur. En 1999, il faut se rappeler qu’hollywood est dans un certain confort et n’ose plus vraiment, enchaînant les grosses productions interchangeables après quelques années prolifiques et qualitatives. À l’aube des années 2000, Fincher vient secouer tout ce beau monde avec un film anti grand public et bien éloigné de son carton SEVEN. C’est une oeuvre visionnaire dont la pertinence thématique nous obsède toujours autant aujourd’hui.

2. ZODIAC (2007)

Réalisé un film sur un tueur en série non identifié, c’est déjà une prise de risque. Fincher a ici les moyens (65 millions de dollars), un casting haut de gamme (Jake Gyllenhaal, Robert Downey Jr., Mark Ruffalo, Brian Cox) et un scénario en béton signé James Vanderbilt. ZODIAC n’est pas un grand succès à sa sortie, mais, comme de nombreux films de David Fincher, va hanter la tête des spectateurs sur la durée. Difficile de se remettre d’une oeuvre aussi tortueuse qui se sert du tueur en série pour nous montrer la lente déliquescence de ces gens obsédés par ce meurtrier insaisissable, que ce soit les journalistes, les détectives ou les survivants. Dans sa seconde moitié, Fincher abandonne l’aspect thriller pour transformer ZODIAC en drame humain. Une leçon de cinéma et d’écriture.

1. SEVEN (1995)

D’accord, ce n’est pas une surprise, mais ce n’était pas le but de ce classement. Désolé, mais comment ne pas placer ce chef-d’oeuvre absolu en tête ? Sa richesse est inépuisable, on y plonge encore et encore sans jamais se lasser, de cette pluie constante (et obsédante) à ce scénario renversant en passant par la réalisation magistrale et des prestations d’acteurs ancrées dans toutes les mémoires, tout y est parfait. Voilà un niveau presque jamais atteint, un style maintes fois copié, mais souvent inégalé. SEVEN est en tête parce qu’on peut difficilement faire mieux.

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