The Mist, l’adaptation noire et implacable de Frank Darabont

Treize ans après LES EVADÉS et huit après LA LIGNE VERTE, le réalisateur Frank Darabont renouait avec l’univers de Stephen King pour adapter THE MIST, nouvelle flippante du maître qui voit un mal se propager soudainement dans… la brume.

Une oeuvre noire

L’histoire entre Darabont et cette nouvelle remonte à ses débuts lorsque le néo-cinéaste hésitait entre THE MIST et LES EVADÉS. Il optera finalement pour la seconds tout en laissant dans un coin de sa tête la première. King lui cède les droits et restera d’une fidélité sans faille malgré les approches d’autres cinéastes. Darabont se lancera définitivement dans l’aventure en 2005 même s’il reste confronté à un problème majeur : celui de la fin. Celle de King est délibérément ambigüe et le cinéaste pense que ces interrogations ne peuvent pas s’inscrire dans le sens de son film. En coulisses, il prépare un film très noir qui ne laisse absolument aucune lumière filtrée. Et c’est justement cela qui va plaire à King…

Les personnages avant tout

Souvent résumé à son épilogue hallucinant, THE MIST possède tous les ingrédients du bon survival tout en étant anti-héroïque. Darabont dépeint une Amérique au bord du précipice dans ce microcosme concentré à l’intérieur d’un magasin de grande surface (métaphore consumériste évidente). Très vite, la suspicion fait place à la peur et au fanatisme, incarné par la grande prêcheuse Mme Carmody (jouée par Marcia Gay Harden) puis la violence qui anime alors ces gens terrifiés et plongés dans l’inconnu. Maniant

avec perfection les moments de tension et ceux plus intimistes (en quelques touches, il parvient à caractériser ses personnages avec une saisissante maîtrise, un peu comme le ferait Steven Spielberg). David Drayton (Thomas Jane) est, en apparence, le bon samaritain qui se confronte à une civilisation sombrant peu à peu dans le chaos. Il y a une forme de fatalisme qui entoure ce personnage, dès le début : une vitre est cassée, un arbre s’est abattu sur un chalet qui lui tenait à coeur. L’univers de Drayton est déjà mis à mal, ce qui ne fera qu’empirer.

Comme il le fera avec la série THE WALKING DEAD, Darabont dépeint avant tout les réactions des gens confrontés à une situation dramatique inattendue. Le monstre n’est peut-être pas celui que l’on croit. Une grande partie de l’oeuvre de King réside dans ce mantra, ce que le cinéaste a parfaitement saisi. Il nous délivre également quelques scènes glauques, comme la virée au royaume des araignées extra-terrestres filmée dans une ambiance poisseuse et sanglante. La brume est un formidable terrain de jeu qui permet de laisser la menace dans l’ombre, capable de frapper à tout moment.

Une fin terrible

Il y a peu d’espoir dans ce film et la fin est là pour le prouver. King l’approuvera entièrement comme il le révélait en 2017 lors d’une interview pour YAHOO ENTERTAINMENT. « Quand Frank m’a dit la fin qu’il voulait, j’étais complètement d’accord avec lui ! J’ai pensé que c’était génial. Et c’était tellement anti-Hollywood, anti-tout, vraiment. C’était nihiliste, j’ai adoré ça. Alors je lui ai dit de se lancer. ». Impossible de ne pas être marqué par cette ultime séquence qui relève presque du sadisme tant elle s’avère absolument terrible. Darabont a poussé tous les curseurs dans le rouge, ce qui a déplu à l’époque à de nombreux critiques américains qui ont peu goûté au portrait délivré par le cinéaste (on les comprend, il n’a rien de flatteur). Après avoir mis en scène un épilogue aussi impitoyable, il ne reviendra plus jamais derrière la caméra.

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