Critique de L’EXORCISTE – DEVOTION

En 2018, David Gordon Green avait relancé la franchise HALLOWEEN avec un certain savoir-faire, offrant à Jamie Lee Curtis un come-back fracassant. Ce fut moins convainquant par la suite avec les opus 2 et 3 qui prirent des directions contestables. Malgré tout, on ne pourra pas enlever au cinéaste la volonté de bousculer les codes établis pour emmener les franchises connues vers des directions différentes.

Une suite risquée

Mais si le premier HALLOWEEN de John Carpenter est un modèle du genre, ce n’est pas comparable avec L’EXORCISTE de William Friedkin qui a marqué toute une génération de spectateurs. Son aura est mesuré

au-delà même du cinéma tant ce film est devenu un phénomène de société. Et un chef-d’oeuvre par la même occasion. Bref, deux suites et un prequel se sont déjà mesurés à ce maître-étalon sans qu’aucun d’entre eux ne parviennent à être à la hauteur de l’original. Il faut donc une bonne dose d’inconscience en 2023 pour retenter le coup d’autant que le film de possession stagne voire régresse depuis des années. Il y en a eu beaucoup trop et tous semblent interchangeables tant leurs codes sont similaires. Hormis James Wan avec ses CONJURING, aucun long-métrage de ce genre n’est resté mémorable depuis plus d’une décennie.

On peut louer les efforts de David Gordon Green pour L’EXORCISTE – DEVOTION qui, dans sa première demi-heure, surprend. Il retrouve cet aspect brut et naturaliste de l’original tout se plaçant dans son époque et ses codes. Un drame initial vient directement ajouter un contexte émotionnel, ce qui est une bonne idée. Les gamines qui disparaissent, les parents inquiets, l’atmosphère lourde, les débuts sont convaincants et inquiétants comme il faut. Lorsque les deux filles font leur retour, le cinéaste poursuit sa volonté d’en montrer le moins possible, mais rate le coche concernant la montée progressive de la tension. Trop rapidement internées, les deux filles disparaissent et on se demande bien pourquoi tout va si vite. Jusqu’au basculement fatal qui fait virer l’ensemble dans le nanar plombant.

Fan-service et absurdités

Ce qui est bien dommage car le film peut, de plus, s’appuyer sur le jeu intéressant de Leslie Odom Jr. (que l’on a vu récemment dans GLASS ONION). Mais lorsqu’Elle Burstyn est réintroduite, l’entreprise s’effondre. Parce que redonner de l’importance à ce personnage passionnant aurait du être véritablement pertinent (comme Jamie Lee Curtis dans HALLOWEEN) et ne pas devenir un simple gimmick adressé aux fans. Tout comme la musique, amenée n’importe comment… Burstyn se retrouve experte d’exorcisme et est balancée dans une séquence ridicule et complètement absurde qui la fait ensuite disparaître du récit ! À quoi bon se donner tant de mal pour finalement l’expédier au bout d’une dizaine de minutes ?

C’est là que Green perd son pari et qu’il s’enfonce dans un exorcisme absurde qui enchaîne les incohérences et les moments de malaise (pas dans le sens horrifique du terme…). ATTENTION DEBUT DU

SPOILER – Comme cet instant où le Père décide de revenir faire l’exorcisme et qu’il touche les deux filles… alors qu’il avait averti juste avant les protagonistes de ne surtout pas le faire ! – FIN DU SPOILER. Les insultes, les voix robotiques graves « démoniaques », les vomis, les yeux jaunes… ces clichés sont éculés et ne font plus flipper personne. Il y a bien un dilemme intéressant qui est mis en place, mais sa résolution est trop simpliste pour convaincre réellement.

DEVOTION n’est finalement pas la catastrophe annoncée, mais il se perd dans des parti-pris narratifs qui jouent en sa défaveur. Comme cette apparition finale qui ressemble une fois de plus à un caprice de fan-boy sans véritable sens scénaristique. Ce film doit marquer le début d’une trilogie, mais on voit mal comment Jason Blum et David Gordon Green vont poursuivre cette histoire qui se suffit à elle-même.

AVIS GLOBAL : L’EXORCISTE – DEVOTION a quelques belles idées, mais sombre à mi-parcours à cause de certains parti-pris narratifs absurdes et un climax qui tombe à plat.

NOTE :

Note : 2 sur 5.

L’EXORCISTE – DEVOTION est actuellement au cinéma.

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