8 Mile, Eminem au sommet du monde

L’ancrage de 8 MILE dans la culture musicale est assez forte. À l’époque, Eminem est LA star du rap américain, un jeune homme blanc se hissant au sommet des Charts via un genre de musique qui ne lui était en principe pas réservé. Il change les choses, installe un nouveau style et démocratise encore un peu plus le rap qui deviendra dans les vingt années suivantes le genre musical le plus écouté dans le monde.

Une idée lointaine

L’année 2002 est une grande année pour lui. Le 28 mai sort son quatrième album studio, THE EMINEM SHOW, qui va casser les Charts avec plus de 30 millions d’albums vendus. Tous les fans savent qu’il a

tourné un film inspiré de sa vie et sont déjà sur le qui-vive. Pourtant, le projet 8 MILE est pensé deux décennies plus tôt. Le producteur Brian Grazer sent dans le hip-hop une énergie nouvelle et potentiellement explosive qui pourrait exploser dans les grandes largeurs. Toutefois, dans les 80s, on ne le prend pas réellement au sérieux et il doit ronger son frein malgré son attrait pour ce genre. Il va partir sur le terrain, voir tous ces jeunes à l’oeuvre, observant d’un oeil attentif les différentes « battles » et tout ce qui entoure cette culture protestataire venant de la rue.

Au début des années 2000, le monde a changé. Le hip-hop a fait du chemin et est devenu un genre écouté qui s’exporte en dehors des Etats-Unis. Grazer relance alors son projet et confie l’écriture au scénariste Scott Silver qui vient de réaliser le film MOD SQUAD. Le futur auteur de FIGHTER et JOKER écrit un script qui ressemblera finalement à l’histoire du rappeur Eminem que Glazer apprécie énormément. Le producteur déclara à la sortie du film. « J’ai commencé à m’intéresser à Eminem il y a quelques années. Il n’était pas encore une star, mais je lui trouvais déjà un immense charisme et je pensais qu’il pourrait exploser à l’écran. Lorsque je l’ai fait venir dans mon bureau, il est resté muet comme une carpe, sans même me regarder. Au bout de quinze minutes, il a fini par rompre le silence , et s’est révélé un personnage étonnamment disert et éloquent.« . Si Eminem a déjà marqué son époque, il représente également une figure assez controversée pour l’opinion publique avec ses textes vindicatifs et régulièrement provocants. Mais 8 MILE va tout emporter sur son passage et même soulever l’enthousiasme de la presse.

Un parcours du combattant

Réalisateur chevronné qui a notamment mis en scène le très apprécié L.A CONFIDENTIAL, Curtis Hanson se saisit de l’énergie du rap pour nous offrir un film percutant qui se veut autant musical que contestataire. 8 MILE n’est pas qu’un divertissement emballant, c’est aussi une critique de la société

américaine. Ce n’est pas un hasard si le long-métrage porte le nom d’une route de Détroit considérée comme la frontière entre banlieue blanche et quartiers noirs. Le réalisateur Curtis Hanson et Eminem envoient un message fort et montrent ici combien les personnes issues des quartiers défavorisés doivent se battre au quotidien pour réussir. Eminem ressort toute cette rage enfouie en lui dans une interprétation fiévreuse. Lui qui, gamin, s’est fait tabasser jusqu’à plonger dans le coma, tape fort et met le monde du cinéma à ses pieds. La presse loue, le public suit : 242 millions de dollars de recettes mondiales et plus de 2,2 millions d’entrées en France. Puis, un oscar de la meilleure chanson originale pour la pépite LOSE YOURSELF. Le jour de la cérémonie, certain qu’il ne gagnerait pas, Eminem dormait chez lui alors qu’il marquait une fois de plus l’Histoire : c’est le premier morceau rap à glaner cette récompense.

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